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L'Eglise : François / L'Eglise : Le Vatican

Inversion totale de la pyramide hiérarchique de l’Eglise catholique qui pourrait devenir une Eglise synodale

Inversion totale de la pyramide hiérarchique de l’Eglise catholique qui pourrait devenir une Eglise synodale

Jean-Marie Guénois décrypte dans le Figaro Instrumentum Laboris, le «document de travail», du prochain synode des évêques qui entend renverser la hiérarchie du pouvoir de l’Église au profit des fidèles laïcs dont les femmes. Inquiétant et c’est à se demander si le Vatican n’a pas fait appel au cabinet Mac Kinsey pour la rédaction du document en question :

Rarement l’Église catholique ne s’est remise en cause à ce point. L’«Instrumentum Laboris», le «Document de Travail», du prochain synode des évêques «pour une Église synodale», programmé à Rome en deux sessions (octobre 2023 et octobre 2024), entend inverser totalement la hiérarchie habituelle de la prise de décision ecclésiale au profit des laïcs. Il propose une nouvelle méthode collective de prise de décisions, normée, qui présiderait à toutes les décisions.

Publié ce mardi par le Vatican, ce document de travail demande également à ce que l’Église réfléchisse à l’ordination sacerdotale d’hommes mariés et à l’ordination diaconale de femmes. Quant aux évêques, ils devraient être régulièrement évalués dans leur charge et contredits si nécessaire, dans leur gouvernement. Le Synode espère enfin que des groupements d’églises locales de grandes régions du monde puissent peser autant que Rome dans les grandes décisions. Ces mesures ne sont pas encore adoptées mais elles sont le fruit d’une consultation mondiale de tous les catholiques lancée par le pape François en octobre 2021, pour préparer les sessions d’octobre 2023 et 2024 du synode, intitulé «pour une Église synodale, communion, participation, mission», qui réunira environ trois cents évêques et experts au Vatican. La consultation a été dépouillée à l’échelon national puis continental et transmise à Rome pour que soit élaboré ce document de travail d’une cinquantaine de pages. Mais seul le pape, à l’aube de l’année 2025, aura le pouvoir d’adopter ou non ces idées qui sont encore à l’état de questions ouvertes.

Ce programme, reconnaît le texte, n’ira pas sans «tensions». Le mot est d’ailleurs cité dix-neuf fois quand celui de «Jésus» apparaît à dix reprises. Pour François, il s’agit de profiter des effets dévastateurs de la crise des abus sexuels d’une minorité de prêtres, pour déconstruire la hiérarchie du pouvoir dans l’Église en partant, non plus du sommet, mais du «peuple de Dieu». À savoir, les laïcs de base qui ont des «droits» en vertu de leur «dignité de baptisés», pour lutter contre le «cléricalisme» en vue de renouveler l’Évangélisation.

À côté de cette inversion totale de la pyramide hiérarchique de «l’Église catholique» – citée seulement dix fois – qui veut devenir une «Église synodale» – ce nom apparaît cent dix fois dans le texte, les requêtes de fond ne sont pas une surprise. Elles recoupent tous les accents du pontificat du pape François.

1) Première place est donnée aux «pauvres» : «dans une Église synodale, les pauvres, au sens de ceux qui vivent dans la pauvreté et l’exclusion sociale, occupent une place centrale».

2) Puis vient «le soin de la maison commune», la terre, qui subit le «changement climatique».

3) Apparaissent ensuite les «migrants» avec qui «les fidèles catholiques» doivent «cheminer». Des catholiques qui doivent travailler à la «promotion des pauvres» en «prêtant voix à leurs causes» pour «dénoncer les situations d’injustice et de discrimination sans complicité avec ceux qui en sont responsables».

De même, les paroisses doivent «vraiment accueillir tout le monde». Dont «les personnes divorcées et remariées, les personnes polygames ou les personnes LGBTQ+», des situations mises sur le même plan dans le document du Vatican. Place doit être également donnée aux «victimes» qui ont été «blessées par des membres de l’Église».

4) L’autre grand chapitre ouvert par ce synode est celui des ministères ordonnés, diacres, prêtres, évêques, dont les «ministères» doivent «s’élargir» aux «ministères ecclésiaux» confiés aux baptisés mais «sans les mettre en opposition» avec les clercs, demande le texte. Il s’agit d’entrer dans «une conception ministérielle de toute l’Église». Dans ce sens, l’«Instrumentum Laboris» exprime «un appel clair à dépasser une vision qui réserve aux seuls ministres ordonnés (évêques, prêtres, diacres) toute fonction active dans l’Église, réduisant la participation des baptisés à une collaboration subordonnée». Il importe «d’imaginer de nouveaux ministères au service d’une Église synodale».

5) Une large place est alors donnée «au statut et au rôle des femmes» pour remédier aux «échecs relationnels» entre les «ministres ordonnés» et les femmes qui vivent «des formes de discrimination et d’exclusion». L’enjeu est ainsi défini : «la présence des femmes à des postes de responsabilité et de gouvernance» devient «des éléments cruciaux» pour une Église «de style plus synodale».

Par conséquent, «la question de l’accès des femmes au diaconat» doit être «réexaminée» mais pas au titre d’une «revendication catégorielle». Les prêtres et les évêques, en revanche, sont plutôt mis sur le banc des accusés par le document du Vatican. On y «apprécie» le «don du sacerdoce ministériel» mais apparaît un «profond désir de le renouveler dans une perspective synodale». Les prêtres, qui ont pourtant donné leur vie, seraient «éloignés de la vie et des besoins du peuple, souvent confinés à la seule sphère liturgico-sacramentelle».

Un défi car la consultation mondiale a mis en évidence «la difficulté d’impliquer une partie des prêtres dans le processus synodal». De fait, beaucoup ont refusé d’y participer. Conclusion : « le cléricalisme est une force qui isole, sépare et affaiblit une Église saine et entièrement ministérielle» et il «empêche la pleine expression de la vocation des ministères ordonnés dans l’Église». Il faudrait donc, dès le séminaire, préparer les futurs prêtres «à un style d’autorité propre à une Église Synodale».

Enfin, la question est ouvertement posée par le texte du Vatican, il serait opportun «de revoir (…) la discipline sur l’accès au presbytérat d’hommes mariés». La remise en cause des évêques est encore plus radicale. On leur demande de «ne pas considérer la participation de tous comme une menace pour leur ministère de gouvernement». Mais il faut «repenser les processus de décision» par «une plus grande transparence» avec un «exercice moins exclusif du rôle des évêques». Sans tomber pour autant dans «les mécanismes de la démocratie politique».

La voie épiscopale doit naviguer entre «anarchie» où règnent «la diversité des charismes sans autorité» et la «dictature» où domine «la rigueur de l’autorité sans la richesse des charismes». Des évêques qui n’ont qu’à bien se tenir car le synode pourrait demander de définir des «critères» pour leur «évaluation et auto-évaluation». Le synode voudrait aussi discuter jusqu’au «fondement» de l’autorité épiscopale quand l’évêque refuserait de suivre «l’avis réfléchi» des «organes consultatifs» qui devraient toujours primer. Comment, se demande le document, un évêque peut-il «discerner séparément des autres membres du peuple de Dieu», les laïcs ? Il doit au contraire viser «l’optique de la transparence et de la redevabilité (capacité à rendre des comptes)». Et il faut «réviser le profil de l’évêque» et revoir «le processus de discernement pour identifier les candidats à l’épiscopat».

Dernier axe de ce désir synodal de réforme, inscrire celle-ci en profondeur dans le droit de l’Église, le droit canonique. En effet, toute cette démarche repose sur ce postulat rédigé comme tel par le Vatican : «Une Église constitutivement synodale est appelée à articuler le droit de tous à participer à la vie et à la mission de l’Église en vertu de leur baptême avec le service de l’autorité et l’exercice de la responsabilité». Les fidèles catholiques avaient des devoirs, ils ont désormais des droits. Il importe de «modifier les structures canoniques et les procédures pastorales pour favoriser la corresponsabilité et la transparence», en créant notamment des «groupements d’Églises locales» mais aussi «des instances continentales» de l’Église pour qu’avec «les conférences épiscopales», «l’autorité doctrinale» puisse être décentralisée. Cette question est posée noir sur blanc par le document du Vatican : «dans quelle mesure la convergence de plusieurs groupements d’Église locale, sur une même question, engage-t-elle l’Évêque de Rome à la prendre en charge pour l’Église universelle ?»

Enfin, cette révolution managériale annoncée a sa méthode : Pour la première fois, ce document de Travail décrit le nouveau processus collectif de décision que le synode voudrait voir pratiquer et être enseigné «dès le séminaire» pour être sûr que les prêtres et évêques n’adoptent plus de position dominante, pour cultiver une attitude de «service» des fidèles.

Au cœur de ce nouveau système, cette méthode est dénommée «la conversation dans l’Esprit». Un schéma explicatif est même publié pour expliquer ces trois temps après un «temps de prière» : «Prendre la parole et écouter attentivement la contribution des autres», puis «faire place à l’autre et à l’Autre» et dire ce qui a «résonné le plus» ou «suscité le plus de résistance». Enfin, «construire ensemble» en «reconnaissant les intuitions et les convergences» et en «identifiant les discordances et les obstacles» mais en «laissant émerger les voix prophétiques» car il est important que «chacun se sente représenté par le résultat du travail». Le texte précise : «il ne s’agit pas de réagir ou de contrer ce qui a été entendu mais d’exprimer ce qui a touché ou interpellé au cours de l’écoute». Selon le document, «les effets de l’écoute produit dans l’espace intérieur de chacun sont le langage avec lequel l’Esprit Saint fait résonner sa propre voix». Cette méthode devrait être appliquée à tous les niveaux dans l’Église par la création d’une fonction «d’animateur des processus de discernement en commun».”

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17 commentaires

  1. Ce qui est affirmé dans ce texte, n’est-ce pas ce qu’on appelle le protestantisme ?

    • Si, tout à fait, ce que revendiquent les laïcs à travers cette enquête synodale, ils peuvent le trouver, comme dans un hôtel 4 étoiles, chez les protestants qui les accueilleraient avec joie.
      Mais l’Eglise Catholique est “leur” joujou à eux et il faut qu’elle se plie à leur caprices, mordicus!

  2. Article très clair, qui montre bien à quel point ce processus est subversif.
    Il faut ajouter :
    1) Que l’inversion de la hiérarchie est évidemment un trompe-l’oeil.
    Ce ne seront JAMAIS les fidèles de base ou “les pauvres” qui régiront quoi que ce soit.
    Un petit groupe de manipulateurs décidera en leur nom.
    C’est le principe de la démocratie moderne : l’autorité traditionnelle – ouvertement assumée et seule responsable de ses décisions – n’a pas été détruite pour donner le pouvoir au “peuple”, mais, au contraire, pour permettre la manipulation des masses par un pouvoir occulte d’autant plus tyrannique qu’il est anonyme et n’a jamais à rendre compte de ses actes.
    C’est ainsi que la prétendue “démocratie” est en réalité une maçoncratie.
    Et cela suffit à indiquer qui dirige en réalité ce processus “synodal”.
    2) La constitution de l’Église a été fixée une fois pour toutes par son fondateur le Seigneur Jésus.
    Personne n’a le droit de la modifier.
    Toutes ces agitations sont donc vaines, et le Seigneur Jésus renversera cette nouvelle Tour de Babel d’un souffle de sa bouche.

  3. Définition exhaustive en une phrase de ce synode: “travail” gigantesque et tapageur de questionnement mondial pour REMETTRE EN CAUSE, rien de moins, que l’affirmation biblique selon laquelle l’Eglise doit être “DANS LE monde” et non-pas “DE CE monde”.

    “Ce monde” pourra toujours essayer de gesticuler, de geindre pathétiquement pour la “cause des laïcs” et autres caprices , mettre un sac sur la tête du Christ pour l’occulter, Jésus-Christ n’en reste pas moins le divin chef éternel et souverain de l’Eglise, son corps mystique.
    On dit généralement qu’un moment de honte est vite passé, néanmoins , à l’heure de Vérité, avoir pris des décisions “DE CE monde” pour l’Eglise risque de rendre la “remise des pendules à l’heure” très inconfortable.

    Par ailleurs, “le” mot que m’inspire ce synode dans chacun de ses thèmes est: “REVENDICATION(S)”.
    Voilà pourquoi je l’ai “grillé” dès le départ dans mon esprit, et ce, par réaction allergique.

  4. L’église démocratique. Au moins c’est clair, nos évêques sont obsédés par la démocratie, c’est la nouvelle idole.

  5. Avec la fin de l’Eglise catholique, ce Pape devient le dernier Pape puisque le Pape existe car Eglise catholique.
    Ainsi, la prophétie se réalisera et le Pape mettra l’anté-christ au plus haut sommet (par pour très longtemps heureusement – prophéties – vu l’enfer sur terre qu’ils veulent imposer).
    Le Pape décidera.

  6. Ce chemin Synodal est un remake de Vatican II, en bien pire. C’est un concile masqué. Un concile aurait refusé aujourd’hui toutes ces innovations bien peu orthodoxes grâce aux votes notamment des évêques africains et d’autres pays bien loin des turpitudes des évêques allemands. Ce chemin synodal usurpe donc le pouvoir conciliaire pour le donner à une minorité agissante subversive.
    Où est l’écoute de l’Esprit Saint dans tout cela ?

  7. Vous ne voulez plus de clercs, vous aurez des gourous ! ne détruisons pas ce que Dieu a créé.

  8. Les cathos naïfs qui pensaient que ça irait mieux après l’ère Bergoglio en sont pour leur frais.

    La révolution de 1789 a supprimé le Lieutenant du Christ et Protecteur de l’Église : notre bien-aimé roi de France. Le concile œcuménique Vatican II de 1965 a attaqué l’Église sur son flanc « cultuel » et aujourd’hui c’est le flan « politique » qui est enfoncé :
    L’Église catholique d’hier et d’aujourd’hui est de type « monarchie élective » (le Pape – porteur d’une triple couronne – est un roi élu par un collège de grands électeurs (les cardinaux)), demain, suite à ce synode, elle sera « démocratique » avec très probablement la nomination d’un simple président d’association pseudo-élu au suffrage universel migratoire comme dans toute structure maçonnique qui se respecte.

    Pour éviter cette future chienlit institutionnelle, il reste moins de 18 mois aux laïcs royalistes pour monter une structure parallèle, avec hiérarchie parallèle, financement parallèle et lieux de culte parallèles. C’est notre dernière bretelle de sortie avant péage babylonien.

    Le Christ-Roi : Chrétienté, TRAIT D’UNION, Royauté. Il n’y a pas de place pour la démocratie, ni pour la république, ni aucun autre régime.

  9. Et Dieu dans tout çà ? Lui restera t il une place dans l’église synodale ? Quand ce pape sera passé, l’Eglise du Christ demeurera et Ses promesses aussi. Relisons les évangiles, les pères de l’Eglise et prions, le reste n’est que gesticulation.

  10. Il n’y a que les naïfs qui sont surpris.
    Depuis 1969, la Tradition fut combattue puis ignorée, puis tolérée pour autant qu’elle finirait par s’éteindre faute de fidèles. Grâce à Dieu, c’est l’inverse qui s’est produit.
    Le venin maçonnique faisant son oeuvre aussi bien dans l’Église qu’en dehors, il convient de frapper un grand coup pour stopper une renaissance qui crève les yeux, le chargé de mission étant le bonhomme François entouré de sa clique.
    C’est grave mais la Chrétienté en a vu d’autres ! On dira la messe de Saint Pie V dans des caves, des clairières et des hangars aménagés. On a quelques bons évêques et beaucoup de saints prêtres. On a des congrégations tradis vivantes et prospères. On a le chapelet et des torrents de grâces visibles.

    Un gauchiste disait en 70 :”Être d’avant-garde, c’est savoir ce qui est mort ; être d’arrière-garde, c’est l’aimer encore.” Eh bien ne nous y trompons pas, nous sommes l’avant-garde et “eux” sont l’arrière-garde.
    Puisqu’ils rêvent d’une église nouvelle, d’une religion syncrétique et mondialiste, il faut les ignorer, ne rien écouter d’eux, ils saccagent tout ce qu’ils touchent.

  11. Mais enfin une expérience de démocratie direct a eu lieu dans l’Evangile, initié par un certain Ponce Pilate c’est un nommé Barabas qui a gagné.

  12. on le savait dejà : l’Eglise est une démocratie élective : la preuve : le papa est élu.

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