L’éditorialiste du Figaro a donné vendredi son coup de boutoir hebdomadaire contre la pensée unique, s’appuyant en particulier sur le rapport sur l’islamisme publié cette semaine :
Alors qu’il est de bon ton de s’indigner du «populisme» de ceux qui s’inquiètent de la montée de l’islamisme en France, un rapport publié mardi révèle la «pression islamiste» qui s’exerce dans des entreprises françaises de la grande distribution et les sociétés de sécurité. «Cette montée en puissance est une menace pour l’intégrité de l’entreprise», commente même le document. Le choix d’ignorer les mutations de la société pousse à la désinformation. Celle assurant que la France «n’est pas un pays d’immigration massive» – affirmation du directeur de l’Institut national d’études démographiques, reconduit depuis dans ses fonctions – reste parmi les plus grossières. Et il suffit de se rendre dans le XVIIIe arrondissement de Paris pour comprendre que le couplet sur l’harmonie black-blanc-beur ne correspond pas aux faits : des ghettos s’y consolident, probablement de manière irrémédiable.
Trois jeunes sociologues vont jusqu’à employer le terme d’«apartheid scolaire» (titre de leur livre publié ce mois-ci au Seuil) pour décrire la ségrégation ethnique et la «spirale des identités» qui se sont installées dans certains collèges. Les auteurs reconnaissent que «la mixité sociale et ethnique apparaît comme une utopie». Dans ces établissements qui scolarisent des élèves immigrés ou issus de l’immigration, tout incite l’«autochtone» à aller étudier ailleurs.
Cette France en voie d’éclatement, dont la culture devient étrangère dans certaines écoles publiques, n’est pas un fantasme. Or, il reste périlleux de la décrire, tant le bien-pensisme martèle que l’intégration fonctionne encore, que la différence enrichit forcément et que la montée du fondamentalisme reste marginale, voire inoffensive.