Introuvable dans les kiosques pour cause de grève, La Croix publie en ligne un entretien avec Jean Leonetti, président de la « Mission parlementaire sur l’accompagnement de la fin de vie » en 2004, qui a conduit à la « Loi relative aux droits des malades et à la fin de vie » du 22 mars 2005, dont il était le rapporteur au Parlement. Nous avons eu l'occasion d'évoquer cette loi ici, là et là-bas.
Interrogé au sujet de l'organisation par l'ADMD de la première "Journée Mondiale pour le droit de mourir dans la dignité", le député-maire d'Antibes déclare :
"Il serait plus juste de parler de « journée des partisans de l’euthanasie », car la dignité appartient à tout homme et ne peut être confisquée par personne. L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) présente l’euthanasie comme un acte de courage et de liberté mais ce n’est pas ce que je vois dans les demandes de mort et de suicide assisté que je rencontre. Dans ces demandes, on n’est pas dans le registre du courage, mais de la détresse de personnes malades. Ce ne sont pas non plus des situations de liberté : ceux qui demandent à mourir le font parce qu’ils souffrent énormément ou se sentent abandonnés."
Concernant la soi-disant "modernité" que représenterait l'euthanasie, il explique :
"Vouloir contrôler la vie et la mort est une erreur, largement développée dans l’opinion […] L’euthanasie [peut] en effet apparaître comme légitime lorsqu’il n’y [a] pas de réponse à des souffrances atroces. Cette attitude [peut] paraître moderne, mais avec le développement des soins palliatifs, on n’en est plus là. Le « prendre soin » est la véritable attitude de modernité. Il est faux de dire, comme le fait l’ADMD, que les deux systèmes peuvent coexister. Ils sont en réalité incompatibles parce qu’ils renvoient à des valeurs radicalement différentes. La société ne peut porter ces deux conceptions fondamentales en même temps en son sein."
Carole d'Hombelois