C'est le cri d'alarme de Laetitia Pouliquen, ondatrice de Woman Attitude. Elle est l'auteur de Femme 2.0: Féminisme et transhumanisme: quel avenir pour la femme? (Saint Léger éditions, 2016), dans Le Figaro :
"[…] Si inégalités salariales et violences sexuelles sont le plus souvent constatées pour les femmes et doivent être dénoncées avec force, il faut cependant constater une dérive idéologique de cette vision de la femme qui pourrait nous mener au «désenfantement» de l'humanité et à la disparition de la femme. En effet, tout en reconnaissant la nécessité et la légitimité des enjeux d'égalité homme-femme, il devient apparent que le féminisme des années 60 nous a mené trop loin: en donnant un rôle central à la sexualité pointée du doigt comme la source principale d'oppression de la femme, la théorie de libération de la femme, teintée de relativisme, de libéralisme et d'existentialisme, a incité les femmes à se libérer de la loi, des normes morales, de la culture et de la différence sexuelle. Imprégnées de relativisme et d'individualisme, elles exigent indépendance et liberté sexuelle. La femme devient alors la concurrente de l'homme: ceci marque la fin de la reconnaissance de la complémentarité et de l'altérité.
La transformation profonde des femmes de notre siècle est, en fait, le fruit de trois agendas politiques imbriqués les uns dans les autres, qui pourrait mener à la création d'une «Femme 2.0», un individu de genre neutre, «augmenté» et sans filiation.
L'agenda politique du féminisme radical des années 60, celui du «Mon corps m'appartient» s'appuie sur la manipulation technologique de la fécondité des femmes par la contraception, l'avortement, la procréation médicalement assistée avec don de gamètes, la gestation pour autrui et à terme, l'utérus artificiel. Les conséquences majeures de cet agenda politique sont entre autres, une concurrence accrue entre hommes et femmes sur des plans économique, comportemental, et physiologique, une augmentation de la violence des femmes et paradoxalement, la création d'un marché des sous-produits procréatifs du corps féminin: vente d'ovocytes, du sang menstruel, de son lait maternel, location de son utérus…
Et au nom de l'égalité des genres s'appuyant sur l'agenda politique du «Gender», la réponse du berger à la bergère au nom de l'égalité ne se fait pas attendre: certains hommes réclament le «droit» à la maternité en tordant la filiation par le truchement de la technologie procréatique, et demandent d'avoir accès à l'allaitement et à la grossesse au masculin. Les deux agendas politiques décrits façonnent alors une femme «libérée» de sa fécondité et de son corps sexué, devenu un contributeur économique «comme les autres», de genre neutre.
Le transhumanisme, dernier agenda politique à venir, conduit à une transformation encore plus dangereuse et sans retour: cette philosophie, non contente d'abolir la mort, désire créer un être nouveau de toute pièce. Et cet être n'est plus ni homme ni femme. Les technologies NBIC pourraient ainsi marquer la fin de la maternité et imposer par eugénisme social, un individu de genre neutre, «augmenté» et sans filiation, dans laquelle on ne pourra reconnaître un homme ou une femme. […]"