Du père Danziec dans Valeurs Actuelles à propos de la journée internationale de la femme :
La postmodernité se croit Dieu et Chesterton est son prophète. Déjà 50 ans avant l’officialisation de la journée internationale de la femme le 8 mars 1977 par l’Organisation des Nations Unies, le prince anglais du paradoxe notait la contradiction majeure du féminisme dans son essai Social Reform versus Birth Control :
« Le féminisme pense que les femmes sont libres lorsqu’elles servent leurs employeurs, mais esclaves lorsqu’elles aident leurs maris. »
Le monde postmoderne, se croyant délivré de lois supérieures ou spirituelles, a créé des monstres qui, aujourd’hui, deviennent hors de contrôle ou se dévorent entre eux. Le féminisme est l’un d’eux et la récente affaire Julien Bayou en atteste les travers.
La femme n’a pourtant jamais cessé d’être célébrée par ce que la sensibilité artistique donne de meilleur. Chanteurs, poètes, écrivains, sculpteurs, peintres, ils sont innombrables à s’être penchés sur cet éternel féminin. Ils y ont nourri leurs réflexions et y ont puisé, souvent, leurs plus sublimes inspirations. En termes de chansons d’amour, le Je te promets de Johnny Hallyday se situe ainsi en tête de ses titres les plus écoutés sur Spotify. Je vais t’aimer de Sardou arrive en 3ème position, derrière Les lacs du Connemara et La maladie d’amour. Renaud casse la baraque avec Mistral gagnant tandis que son ode à la femme Miss Maggie compte parmi ses tubes les plus emblématiques. Clément Marot et Ronsard, Baudelaire et Rimbaud, Hugo et Senghor, les vers des poètes rendant gloire aux femmes constituent une jungle luxuriante, l’écrin du mystère féminin, provoquant tout à la fois envie de le percer et crainte de s’y blesser. Les familiers de La Princesse de Clèves ou de Madame Bovary peuvent en témoigner.
La femme n’est pas un homme comme un autre
Qu’en est-il pour autant de la place de la femme dans la société ? Au-delà de ses droits, de ses charmes, de ses fragilités, de ses courages, la femme est-elle un homme comme un autre ? L’un des grands bonheurs de la vie sacerdotale se tire de la singulière perméabilité sociale du ministère de prêtre. Depuis bientôt 13 ans, j’ai été conduit à fréquenter nombre de personnes, à rentrer dans leur histoire, à toucher du doigt leur condition humaine, à écouter leurs confidences, à recevoir leurs états d’âme. De cette pâte humaine, et notamment par l’expérience du confessionnal, le pasteur apprend– s’il n’en était pas convaincu au préalable – que la femme est différente de l’homme. Mieux encore, si elle est l’égale en dignité du masculin (dont la Bible enseigne qu’elle est issue), son identité propre la structure. La capacité chez elle à accueillir la vie et à mettre au monde des petits d’hommes la spécifie – parfois malgré elle – en profondeur. Non, la femme n’est pas un homme comme un autre ! Sa vocation maternelle la distingue, sa fécondité – charnelle ou spirituelle – la sublime. Le féminisme libertaire a cru désenchainer la condition féminine par la contraception et l’avortement, il aura surtout réussi à meurtrir plus profondément encore la relation entre les deux sexes. Pour être elle-même, « la femme n’a pas besoin de s’ériger en rivale de l’homme » prévenait le futur pape Benoît XVI en 2004. Plus que la femme, c’est la vocation de la femme que l’Eglise catholique s’attache ces dernières années à défendre : toute femme a vocation à donner la vie.
« La femme ressemble à Dieu plus qu’elle ne saurait l’imaginer. »
Dans un petit et profond livre Lettre aux mamans (Mame, 2022), Bénédicte Delelis offre une merveilleuse méditation sur ce qui singularise ses consœurs et elle-même. Les hommes gagneraient à lire ces pages pour mieux pénétrer la psychologie féminine et en saisir les ressorts.
« La vocation à la maternité marche dans le cortège de la sainte Eglise comme une ouvrière parmi les mitres et les crosses, parmi les cornettes et les voilettes, écrit-elle. Elle s’avance, un peu gênée de se retrouver dans une si pieuse assemblée avec ses mains qui sentent l’oignon. Sa charité, c’est d’avoir rincé mille fois la salade dans l’eau froide. Sa mort à elle, c’est d’avoir donné la vie. D’avoir préféré ses enfants à elle-même. D’avoir appris de l’œuvre de chair qui s’était faite en elle à aimer, en plus des siens propres, tous les enfants du monde. Sa foi, c’est d’avoir tenu bon au milieu du monde, offrant aux tristesses le sourire de son espérance. Elle rougit. Elle est âgée comme la nuit des temps, tannée par mille soleils, creusée de rides profondes. Elle ressemble à Dieu plus qu’elle ne l’imaginait. »
Et l’auteur de conclure avec des mots que je fais mien :
« Je me demande si, arrivés en paradis, on ne découvrira pas qu’elle a fait la joie de Dieu, et sa fierté. »
Pour les femmes qui auront appris et compris ce qui fonde leur vocation, j’en suis certain. Encore faudrait-il permettre à un autre féminisme de s’exprimer. Pour l’avenir de nos enfants, y travailler ne saurait relever du luxe.