Voici le témoignage d’Alexis, 45 ans, ingénieur, pour les lecteurs du Salon beige :
Je suis allé manifester à Paris hier. Et je retournerai pour les prochaines manifestations. J’étais à l’époque plutôt pour le mariage pour tous. Je pensais que c’était une bonne chose qu’il y ait une sécurité juridique pour tous les couples. Mais, naïvement, je ne pensais pas que l’on irait si vite vers le fait de rendre désormais le père optionnel dans le désir d’enfant des femmes. C’est un vrai bouleversement anthropologique. On détricote tout ce qui fait l’esprit, l’âme d’un pays, d’une – justement – patrie.
Pour moi un père n’est pas de l’ordre du biologique, c’est de l’ordre de poème qui nous dépasse tous et nous rassemble. Un père persiste dans la vie intérieure d’un être humain comme la neige persiste sur les arbres.
Or, notre époque a la haine de la poésie. Il n’y a que l’efficience économique qui compte (même les écologistes restent dans la comptabilité).
Heidegger dit bien que la caractéristique de notre époque technique est la Machenshaft (que l’on pourrait traduire approximativement par “machination”). Le fait de faire – dans tous les domaines – ce qui est faisable, pour l’unique raison que c’est justement faisable.
J’étais réconforté d’être parmi la foule hier, de ne pas être seul avec ces idées. Les interventions à la fin sur le podium étaient de très bonne qualité. Toutefois aller manifester comme cela laisse un goût amer. Comme si être père dans son pays n’était plus qu’un communautarisme comme un autre.
Et ce matin je suis saisi d’une profonde tristesse.
Voilà ce que je voulais partager avec vous même si je ne suis pas catholique.