Intéressant texte de la Congrégation pour l’éducation catholique, diffusé le 29 mars. Le cardinal Versaldi y rappelle ce qu’est une école catholique :
67. La Congrégation pour l’Éducation Catholique constate que, dans bien des cas, une divergence dans la perception de l’identité catholique des institutions scolaires sous-tend les recours présentés. Cette perception naît souvent d’une interprétation, pas toujours correcte, de la qualification de « catholique », ainsi que d’un manque de clarté quant aux compétences et aux législations.
Divergences dans l’interprétation de la qualification de « catholique »
68. Le problème de fond réside dans l’application concrète de la qualification de « catholique », terme complexe que des critères seulement légaux, formels et doctrinaux peuvent exprimer difficilement. Les causes de tension sont surtout dues, d’une part, à une interprétation réductrice ou purement formelle, d’autre part, à une considération vague ou fermée de l’identité catholique.
Vision réductrice
69. La particularité charismatique avec laquelle est vécue l’identité catholique ne justifie pas une interprétation réductrice de la catholicité qui exclurait explicitement ou de facto des principes, des dimensions ou des exigences essentielles de la foi catholique. En outre, la catholicité ne peut pas être attribuée seulement à certains moments ou à certaines personnes, par exemple aux moments liturgiques, spirituels, sociaux ou aux fonctions d’aumônier, de professeur d’éducation religieuse ou de directeur d’école. Cela serait en contradiction avec la responsabilité qu’ont la communauté scolaire dans son ensemble et chacun de ses membres, responsabilité qui, par ailleurs, n’est pas affirmée dans l’intention d’instaurer une « société parfaitement égalitaire », ou un perfectionnisme moral ou disciplinaire difficile à évaluer.
Interprétation formelle ou charismatique
70. Selon une interprétation formelle, l’identité catholique s’exprime par un « décret » de l’autorité ecclésiastique compétente, qui accorde la personnalité juridique, en reconnaît son patrimoine et son gouvernement conformément aux normes canoniques, et qui offre aussi la possibilité d’une éventuelle personnalité juridique civile auprès de l’État dans lequel se trouve l’institution. Cette identité est garantie par le contrôle et la certification de l’autorité ecclésiastique compétente, en conservant toujours la possibilité de recourir au Saint-Siège en cas de conflit.
71. Outre les définitions exclusivement juridiques, il en existe d’autres selon lesquelles ce qui compte avant tout, c’est « l’esprit catholique », « l’inspiration chrétienne » ou la réalisation « charismatique », qualifications qui sont peu définies, peu concrètes et peu vérifiables dans la réalité. Selon ces interprétations, ni l’application des règles canoniques ni la reconnaissance de l’autorité hiérarchique légitime ne sont considérées comme nécessaires. Or, s’il en était ainsi, elles n’auraient qu’une valeur « symbolique » et ne seraient donc pas très efficaces. Dans les institutions éducatives fondées et/ou gérées par des Ordres religieux, des Instituts de vie consacrée, des Sociétés de vie apostolique ou des groupes charismatiques, on constate parfois un déséquilibre entre le charisme et l’appartenance ecclésiale. En certaines situations, on évite toute référence à la qualification de « catholique » en choisissant des dénominations juridiques alternatives.
Considération « fermée »
72. Un autre motif qui suscite des divergences d’interprétation est dû à un modèle « fermé » d’écoles catholiques. Dans ces écoles, il n’y a pas de place pour ceux qui ne sont pas « totalement » catholiques. Ce modèle est en contradiction avec la vision d’une école catholique « ouverte », visant à traduire dans la sphère éducative le modèle de « l’Église en sortie », en dialogue avec tous. Il ne faut pas perdre l’élan missionnaire pour s’enfermer sur une île et, en même temps, il faut avoir le courage de témoigner d’une « culture » catholique, c’est-à-dire universelle, en cultivant une conscience saine de sa propre identité chrétienne.
La Congrégation relève quelques domaines sensibles :
23. Un autre aspect important, de plus en plus déterminant pour parvenir à la formation intégrale des élèves, est le témoignage des éducateurs laïcs et consacrés. En effet, « dans le projet éducatif de l’école catholique on ne fait donc pas de séparation entre les temps d’apprentissage et les temps d’éducation, entre les temps de la connaissance et les temps de la sagesse. Les diverses disciplines ne présentent pas seulement des connaissances à acquérir mais des valeurs à assimiler et des vérités à découvrir. Tout ceci exige une ambiance caractérisée par la recherche de la vérité, où les éducateurs, compétents, convaincus et cohérents, maîtres de savoir et de vie, soient les icônes, imparfaites certes, mais non dépourvues d’éclat, de l’unique Maître».
24. L’éducateur laïc catholique dans les écoles, en particulier dans les écoles catholiques, « accomplit une tâche qui suppose un aspect professionnel indéniable mais qui ne peut se réduire à cela. Elle est assumée dans le cadre de sa vocation surnaturelle chrétienne. Il doit donc la vivre effectivement comme une vocation personnelle dans l’Église et pas seulement comme l’exercice d’une profession ».
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79. Il existe des situations dans la vie éducative qui requièrent une grande attention et une grande sensibilité pour résoudre d’éventuels conflits et tensions. Tout d’abord, le choix du personnel enseignant, de service et de direction. Compte tenu des différents contextes et possibilités, il est nécessaire d’établir des critères clairs de discernement quant aux qualités professionnelles, l’adhésion à la doctrine de l’Église et la cohérence de la vie chrétienne des candidats.
80. Il existe aussi des situations de conflit dans le domaine disciplinaire et/ou doctrinal. Comme elles risquent de discréditer l’institution catholique ou de provoquer un scandale dans la communauté, ces situations ne peuvent pas être sous-estimées, aussi bien en ce qui concerne la nature du conflit que les répercussions à l’intérieur et à l’extérieur de l’école. Le discernement doit commencer dans le contexte ecclésial local, en tenant compte des principes canoniques de la gradualité et de la proportionnalité des éventuelles mesures à prendre. La possibilité de licenciement doit être la dernière option, qui ne sera choisie légitimement que si toutes les autres tentatives de résolution ont échoué.