Mgr Jeffrey Burrill, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB), a du démissionner à la suite de la divulgation de ses données personnelles. Il était un utilisateur fréquent d’une application de rencontres gay. Un média a eu accès aux données de géolocalisation que collecte cette application via les smartphones, et qui sont ensuite revendues à des data brokers, ou courtiers en données. On ignore comment ce média a obtenu ces informations.
Cet évêque pourrait être le premier d’une longue liste… L’analyse des données obtenues par The Pillar montre qu’au moins 16 appareils mobiles ont émis des signaux à partir de l’application LGBT entre mars et octobre 2018 dans les zones non publiques de l’État de la Cité du Vatican, tandis que 16 autres appareils ont montré l’utilisation d’autres applications de sites de rencontre.
La société possédant ces données a été lancée en Californie, mais a été acquise par une société chinoise en 2016 avant d’être revendue à une société américaine en 2020. Entre les deux, en vertu des lois sur le renseignement et la cybersécurité, la société chinoise a pu être contrainte de transmettre les données des serveurs de l’entreprise au gouvernement chinois pour toute raison relative à la «sécurité nationale».
Nina Shea, ancienne commissaire de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, et qui a également été déléguée des États-Unis à la Commission des droits de l’homme des Nations Unies, a déclaré que
puisque le Vatican n’a pas de composante militaire, les Chinois traquent leurs idées religieuses, espionnent les personnalités de l’Église locale afin de les garder en ligne. Le chantage est certainement l’une des cartes qu’ils ont qu’ils n’auraient aucun scrupule à utiliser.
En 2018, le Saint-Siège a conclu un accord avec le gouvernement chinois, accordant à Pékin un rôle dans la sélection des candidats à la nomination épiscopale dans les diocèses chinois. Cet accord, qui a été renouvelé en 2020, a été critiqué pour avoir semblé donner l’approbation du Vatican à l’obligation par le clergé catholique du pays à reconnaître le Parti communiste chinois comme l’autorité légitime sur les affaires de l’Église en Chine.
Ces dernières années, le Saint-Siège a été la cible de plusieurs attaques de cyber-espionnage semblant provenir de Chine et apparemment liées aux négociations diplomatiques de la Chine avec le Vatican. Dans les mois qui ont précédé le renouvellement de l’accord Vatican-Chine en 2020, le média de cybersécurité Recorded Future a rapporté que le Vatican et le diocèse de Hong Kong avaient été la cible de piratages par RedDelta, une organisation de piratage parrainée par l’État chinois. D’autres intrusions présumées dans le réseau ont été identifiées à la Mission d’étude de Hong Kong en Chine et à l’Institut pontifical des missions étrangères en Italie.
The Pillar a rencontré le 17 juillet pendant plus de 90 minutes à la fois le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, ainsi que Paolo Ruffini, préfet du dicastère du Vatican pour les communications, pour présenter ses conclusions.