Dans une étable glacée, le bœuf et l’âne veillent sur le divin Enfant. Leurs souffles tièdes portent la voix muette des paysans de France écrasés par le labeur et les dettes…
Dans l’étable, une nuit d’hiver
Cette nuit-là, le froid piquait comme des aiguilles, et la petite étable grelottait au milieu des champs endormis.
Autour de la mangeoire, il n’y avait que la paille, le souffle chaud du bœuf, le museau de l’âne et le silence des collines.
Le bœuf, robuste mais fatigué par les labours, remuait lentement ses flancs en regardant l’Enfant couché dans la crèche.
L’âne, les oreilles dressées, écoutait le vent qui passait sous la porte et faisait claquer les planches.
Le bœuf se souvient des paysans
« Tu sais, dit le bœuf à l’âne, si je suis si fourbu, ce n’est pas à cause de cette nuit.
C’est à cause de tous ces champs que je tire, depuis des années, avec ce vieux paysan qui se lève avant le jour et se couche après la nuit. »
Il se souvenait des mains crevassées qui posaient le licol sur sa tête, du regard fatigué mais tendre de celui qui lui apportait le fourrage.
« Lui aussi, murmura le bœuf, il connaît le froid qui brûle, les factures qui s’empilent, la peur de la récolte qui manque. »
L’âne écoute la plainte de la terre
L’âne, qui portait les sacs et les charges, pencha la tête.
« Moi, je connais la poussière des chemins, les marchés où les paysans repartent avec plus de soucis que de pièces dans la poche. »
Il parla de ces fermes où l’on compte chaque centime, où l’on travaille sans relâche pour nourrir les villes, et où l’on s’endort parfois le cœur lourd.
« On croit qu’ils sont durs, dit l’âne, mais souvent c’est juste qu’ils n’ont plus la force de se plaindre. »
Le Nouveau-Né au milieu de la misère
Dans la crèche, l’enfant Jésus remua légèrement, comme si le vent de leurs paroles l’avait effleuré.
Ni le bœuf ni l’âne ne savaient expliquer pourquoi, mais sa présence mettait une lumière douce sur leur fatigue et sur la misère des campagnes.
« Regarde, dit l’âne, le Fils de Dieu n’est pas né dans un palais, ni dans une maison de riches.
Il est né chez nous, dans une étable, avec la même paille que celle où dorment les bêtes des paysans. »
Le bœuf ajouta :
« Si Dieu a choisi la pauvreté des bergers et la poussière des champs, c’est que la dignité habite aussi là, dans les mains qui travaillent la terre. »
L’appel au peuple rassemblé
Plus tard, des gens de la ville, bien habillés, vinrent se pencher sur la crèche.
Ils trouvaient la scène « touchante » mais ne voyaient pas toujours la dureté de la vie qui entourait cette étable.
Alors le bœuf prit la parole dans le secret des cœurs :
« Vous qui contemplez ce mystère, n’oubliez pas ceux qui, aujourd’hui encore, vivent dans des fermes où l’on compte tout, sauf les heures passées au travail.
À chaque morceau de pain, pensez à celui qui a semé, soigné, récolté. »
Et l’âne ajouta :
« Si vous aimez l’Enfant de la crèche, faites une place, dans votre prière et dans vos choix, aux paysans de votre pays.
Achetez leur produit à un prix juste, soutenez-les quand ils se battent pour vivre de leur travail, écoutez leur détresse au lieu de détourner le regard. »
Une bénédiction sur les campagnes
Au petit matin, le ciel rosissait derrière les collines.
Le bœuf et l’âne veillaient encore, comme s’ils gardaient non seulement l’Enfant, mais aussi tous ceux qui, dans les campagnes, se lèvent avant l’aube pour nourrir les autres.
L’enfant ouvrit les yeux et sourit.
Dans ce sourire, le bœuf et l’âne lurent une promesse : aucune vie humble, aucun champ perdu dans la brume, aucune ferme en difficulté n’est oubliée de Dieu.
Et ce Noël-là, ceux qui passèrent devant la crèche entendirent, au fond de leur cœur, une petite voix :
« Venez vous joindre à la pauvreté de cette étable, et à la misère souvent cachée des paysans de France.
Que votre compassion ne soit pas seulement un sentiment, mais un geste, une parole, un choix concret, pour que personne ne porte seul le poids de la terre. »
________________________________________
Pour aller plus loin : https://www.chapeletperpetuelpourlemonde.org/la-creche-des-oublies-de-la-terre/
Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

TontonJean
Quelle beau sujet de méditation! Merci de tout coeur
Bonne et sainte fête de Noël.