Voici une tribune de l'abbé François-Marie Blaïn du Poët, prêtre du diocèse d'Orléans, pour les lecteurs du Salon Beige :
En ce jour où la Sainte Eglise célèbre la Croix glorieuse, il me semble judicieux de rapprocher de ce grand mystère de notre foi celui si beau, et parfois si décrié de nos jours, du célibat sacerdotal.
Célébrer la Croix glorieuse peut sembler paradoxal. Comment la Croix, synonyme de souffrances atroces, peut-elle être glorieuse ? C’est le paradoxe de l’Evangile, celui des Béatitudes. La Croix sur laquelle le Christ, Fils de Dieu, est mort est certes un instrument de torture, mais elle est devenue, par la présence du divin supplicié, le signe du salut. De symbole de mort elle est devenue symbole de vie, et de Vie éternelle. Par sa mort sur la Croix, le Fils de Dieu a offert à son Père le seul sacrifice capable de réparer la faute originelle qui nous avait séparés de Dieu. Et par sa Résurrection, c’est-à-dire sa victoire sur la mort, Il nous a prouvé non seulement qu’Il était Dieu (seul Dieu peut ressusciter) mais également qu’Il a vaincu Satan sur le bois de la Croix en offrant sa vie sans prix pour nous libérer de son emprise et du mal du péché. Sans le sceau de la Résurrection, la Croix serait restée un scandale. « Si le Christ n’est pas ressuscité, nous dit St Paul, notre foi est vaine ». Oui, la Croix est vraiment glorieuse et elle est et sera toujours le signe par excellence des chrétiens, de ceux qui sont au Christ par le Baptême.
Voilà pourquoi la Croix et le Célibat sacerdotal sont intimement liés. Le célibat reste et restera toujours paradoxal, surtout dans nos sociétés qui perdent le sens de l’amour et du mariage. Le célibat, comme la Croix, est un scandale. Pris en lui-même, il apparaît souvent comme une amputation de ce qui est le plus légitime. Or il n’en est rien. Le célibat, comme la Croix, est glorieux parce qu’il tire tout son sens de cette Croix, comme d’ailleurs le Mariage. Le prêtre n’est pas un amputé. Il n’est pas célibataire pour le plaisir d’être seul. Il ne l’est pas parce que cela lui donne plus de temps. Tout cela n’est que convenance, mais ne suffit pas à en rendre raison. Le célibat sacerdotal, comme le sacrifice de la Croix dont le prêtre devient ministre spécialement dans la célébration de la Sainte Messe, est un don total, libre et amoureux. De même que le Fils de Dieu a été élevé de terre pour attirer à Lui par amour tous les hommes, le prêtre est en quelque sorte élevé de terre par son célibat pour attirer les hommes à Dieu. Comme le Christ a souffert sur la Croix en vérité et non en apparence, le célibat comporte en lui-même une forme de souffrance, de sacrifice. Mais il comporte surtout, comme pour le Christ sur la Croix, une immense joie. La joie du Fils de Dieu sur la Croix était celle du salut du monde qui s’accomplissait. La joie immense du prêtre célibataire est celle de la fécondité de sa vie en participant lui-même et en faisant participer tous ceux qui sont confiés à ses soins à ce même salut. Quoi de plus joyeux, quoi de plus glorieux !
Arrêtons de vouloir à tout prix marier les prêtres. Arrêtons de penser que cela résoudra les problèmes douloureux que l’Eglise traverse, notamment celui de la pédophilie. Ce sont de fausses solutions. La seule se trouve dans la Croix glorieuse dont le célibat sacerdotal tire toute sa gloire et son rayonnement. Demandons à Marie, Notre –Dame des Douleurs, debout au pied de la Croix de son Fils, de nous redonner la justesse de notre regard de foi sur la Croix et sur le Christ en Croix, et aussi la justesse de notre regard de foi sur le prêtre et sur le célibat qu’il a choisi librement et qui fait sa joie car il est en vue de la seule Gloire de Dieu.