De Jeanne Smits dans Présent :
"Si nombre de candidats à l’élection présidentielle s’opposent au mariage homosexuel et à l’ouverture de l’adoption aux couples « gays » – c’est le cas de Nicolas Sarkozy, tout à sa « droitisation », et de Marine Le Pen – il n’est guère de concurrent de taille qui se risque à annoncer un détricotage du droit de la culture de mort. Le pacs ? On n’y touche pas. Et pourtant ce contrat de pseudo-mariage, sans obligations durables et assorti d’une option « répudiation express », qui s’installe dans le paysage français au profit de tous les types de couples, est en train de fragiliser le tissu social autant et plus que le divorce facile. La loi Veil, avec ses multiples amendements qui ont fait de l’avortement un droit ? On ne s’y attaque pas si l’on ne veut pas être marginalisé dans le paysage politique. A telle enseigne qu’on a pu entendre Marine Le Pen annoncer qu’elle ne remettrait pas en cause « le droit à l’IVG ». Ayant à l’esprit l’extrême difficulté de « revenir en arrière » – selon l’horrible expression qui fait de chaque rétablissement d’une situation plus juste le symptôme d’une crispation rétrograde – sur les avancées de la culture de mort, il faut bien comprendre que chaque nouveau pas dans cette direction se voudrait bien un acquis définitif. Plus qu’un droit, c’est un climat qui se crée. Une pression qui s’accentue. Il serait bon d’y être attentif – et de prendre la mesure de l’incroyable chemin déjà parcouru. Exemples.
A Lyon, une policière lesbienne a saisi mercredi la justice administrative parce que ses demandes de congés de naissance… et de paternité ont été rejetées par sa hiérarchie. Tant pis si le mariage et l’adoption homosexuels ne sont pas reconnus en France : la jeune femme voulait être au chevet de sa compagne qui vient, le mois dernier, de donner le jour à des jumeaux. (Comment ont-ils été conçus ? Mystère – aujourd’hui les vieilles sornettes sur le papa et la maman, c’est vraiment trop naïf et trop vieux jeu.) […] A l’évidence, la policière de Lyon veut faire évoluer la jurisprudence (attitude forcément unilatérale – on ne l’imagine pas faire grâce aux automobilistes d’une contravention de stationnement au motif que la société a fini par s’habituer aux tickets horodateurs non acquittés !) […]
Du côté de Rennes, c’est une décision en faveur de jumeaux nés de mère porteuse qui vient d’être rendue par la cour d’appel. Celle-ci vient de valider la transcription de leurs actes de naissance à l’état civil français, au bénéfice d’un couple de nationalité française qui avait « utilisé » une femme en Inde pour assurer la gestation de « leurs » bébés. […] Reste à voir si le Parquet résiste, et demande la cassation de l’arrêt. En avril la Cour de cassation avait estimé que des jumelles nées aux Etats-Unis de mère porteuse n’avaient pas droit à l’inscription à l’état civil français."