Ainsi que le déclare l'abbé Eric Iborra, vicaire de la paroisse St-Eugène Ste-Cécile à Paris, dans son sermon d'hier :
"Et d'abord répondons à ces quelques questions que vous vous êtes
peut-être déjà posées. En quoi le mariage pour tous me concerne-t-il,
moi qui suis déjà marié normalement ou célibataire et décidé à le rester
? En quoi l'extension du mariage aux personnes de même sexe
constitue-t-elle une menace pour cette institution ? Le refus de cette
évolution ne serait-il pas, de ma part, un manque de compassion, voire
un déni de justice pour des gens qui s'aiment ?Eh bien oui : premièrement, l'extension du mariage aux personnes de même
sexe nous concerne tous parce que, deuxièmement, elle aboutit à ruiner
l'institution du mariage. Et enfin, troisièmement, ce n'est pas parce
que des gens s'aiment qu'ils ont automatiquement le droit de se marier,
comme l'a pertinemment relevé le cardinal Barbarin il y a quelques
semaines. […]Le corollaire de l'extension du mariage aux personnes de même sexe,
c'est la possibilité d'adopter des enfants. Et l'on nous dit que ces
personnes sont tout à fait capables d'aimer ces enfants. Certes. Mais
pas d'un amour structurant, c'est-à-dire d'un amour qui les situe, comme
on vient de le voir, dans une histoire et aussi dans une existence
sexuée, c'est-à-dire comme garçon ou comme fille. Substituer la
parentalité à la parenté, c'est réduire le rôle des « parents » tout au
plus à celui d'éducateurs, à nier l'ancrage dans une histoire et dans un
sexe.Je parlais au début de décrypter les tenants et les aboutissants du
projet gouvernemental. Nous y voici justement. L'expression du mariage
aux personnes de même sexe est avant tout une machine de guerre pour
détruire l'institution naturelle du mariage. Pourquoi en effet vouloir à
ce point cette extension ? Rien n'empêche aujourd'hui, par exemple avec
le Pacs, de mener une vie commune avec qui on veut en jouissant d'à peu
près tous les avantages juridiques liés au mariage. Pourquoi alors
vouloir ruiner la définition du mariage ? Regardez bien : c'est là que
l'Ennemi de la nature humaine, le Démon, s'avance, masqué sous les bons
sentiments. […]Enfin, allons plus loin : nier la pertinence de la différence sexuelle,
c'est vouloir nier la finitude inhérente à l'être humain, en tant que
créature. Platon l'avait fort bien vu lui qui faisait dire à Aristophane
dans le Banquet que les humains étaient à l'origine doubles et que,
dotés de deux têtes, quatre bras et quatre jambes, ils menaçaient
d'escalader l'Olympe comme autrefois les titans. Ils furent donc
foudroyés et devinrent ce qu'ils sont maintenant. Autrement dit, la
sexualité est aussi une marque de finitude : elle nous rappelle que nous
ne sommes pas tout-puissants, que nous avons besoin de l'autre, et de
l'autre sexué, pour exprimer l'intégralité de notre humanité.
L'expression du mariage aux personnes de même sexe est donc un attentat
contre le Créateur : en niant notre être de créature ; en outre c'est
une imitation de celui qui veut être unique comme Dieu en oubliant la
différence, c'est-à-dire en n'étant pas autodifférencié : le démon, qui
se condamne de lui-même à une éternelle solitude dans son solipsisme
stérile."