L'Incorrect a sorti le vitriol :
"La droite « conservatrice » française est un progressisme constipé. Elle pèche par un esprit comptable sans vigueur ni intelligence, qui se révèle bien incapable de faire concurrence aux constructeurs enjoués des pyramides de la « modernité ». Tout au mieux arrive-t-elle à être aussi émotiviste et bureaucrate que les autres, avec ses envolées si peu lyriques de croquemitaine ou de Cassandre éplorée. La droite des « extrêmes », elle, n’est d’accord que sur des désaccords et des mécontentements, et elle est au moins aussi incapable que les autres de gouverner, pour reprendre les mots d’un funeste pamphlétaire.
Et nous autres chrétiens, l’on devrait miser soit sur le triomphe de l’un, soit sur l’union des deux ? Ou bien accorder au contraire notre foi à leurs jumeaux de gauche ? Et leur céder, en outre, tous les meilleurs scrupules qui font notre devoir d’État ? Quelle curieuse idée !
L’Etat « providence» est un Etre suprême impotent
Ces bonnes gens prétendent incarner l’équilibre contre « la dérive », l’orthodoxie contre les nouveaux fanatismes du sécularisme contemporain, que seuls des crétins persistent à traiter de « religieux ». Ils veulent nous faire pâmer avec des appels à la « fermeté » contre le laxisme, à « l’égalité » contre les « discriminations », et chacun dénonce un tiers pour lancer son « union sacrée ». Autant de catégories morales que nos tribuns sont bien en peine de pouvoir définir. Parce qu’ils vivent tous « après la vertu », bien loin d’Aristote, des Pères de l’Eglise, dans l’illusion d’une exégèse apocryphe, molle et littéraliste des enseignements bibliques. Et tous ces malheureux prétendent débattre du bien commun mais ne font en réalité qu’humilier le genre humain sur les plateaux télé. Certes, nous avons toujours de belles âmes qui font honneur à la vérité. Certes, le vrai bien ne fait pas de bruit, et nous comptons heureusement de nombreux dévoués anonymes pour voler au secours des plus démunis et nous édifier parfois, dans nos assemblées.
Mais pour le reste ! Pour la foule ! Qui avons-nous pour soi-disant nous guider ? À l’heure où les partis se reconstruisent, quelles leçons tirent-ils de leur passé ? Par exemple, quand il s’agit de jouer les Borgia, des chrétiens s’engagent à chaque génération en politique, mais n’apprennent rien de leurs aînés. De brillants technocrates s’empressent de soutenir de petits excités, parce que l’énergie de ces nains gyrovagues les fascine. A la fin du mandat, c’est eux qui payent pour l’impéritie de leurs chefs et l’inconsistance de leur politique.
Ailleurs, des parangons de vertu politique, pour bien montrer que lorsqu’ils baisent le gros orteil de César, ils ont consciencieusement caché leur foi sous le boisseau, prennent soin de s’habiller pareil, de se fréquenter exclusivement les uns les autres, de travailler pour Goldman Sachs et d’obéir au président le plus roublard que le Parti aura désigné pour eux.
Au diable le capitalisme frauduleux qu’on nous vend aujourd’hui ! Rendez-nous Chesterton et son distributisme ! Et laissons-donc la politique partisane aux cochons et aux imbéciles. Au lieu de jouer les chapelains cocus dans cette « modernité » obscurantiste qui ferait rougir de honte Ockham, Machiavel et Luther, ses malheureux géniteurs ! Cessons donc de nous compromettre avec le monothéisme jacobin, avec ses dévotions administratives et ses danses de la pluie. Le politique est un Léviathan obèse et malfaisant quand il instaure une religion séculière et qu’il dépossède les hommes de leurs responsabilités les plus fondamentales. L’Etat « providence» est un Etre suprême impotent, qui ne guérit ni du chômage, ni des écrouelles.
Une Église pour ceux qui ne sont rien
Aussi, avant de donner des leçons maladroites d’éthique, de réalisme ou de sécularisme, les chrétiens doivent admettre que la France a d’abord besoin que l’Église soit l’Église ! Parce que la politique peut bien aller au diable, si elle n’a pas d’âme ! Et où la trouvera-t-elle, son âme, si l’Église qui a fait la France et tous ses fromages, reste si veule ? Les chrétiens doivent cesser d’attendre des lois ce que leur manque d’exemplarité est incapable de faire surgir. En premier lieu, c’est pas un jour par an que les évêques devraient laver les pieds des pauvres, c’est tous les jours ! C’est pas un jour par an que la bourgeoisie catholique devrait accueillir un clodo à sa table, c’est tous les jours !
On nous bassine avec un pape qui soi-disant bouscule la maison de Dieu. Mentalité de culbutos, oui ! Nous on veut un pape qui excommunie Monsanto ! Une justice ecclésiastique qui condamne les vendeurs de produits avariés, qui cloue les fraudeurs au pilori, fulmine contre la grande distribution, cet avant-bras de l’Antéchrist. On veut un archevêque de Paris qui déclare abominati les fausses partouzes qu’organisent ces demeurés d’écoles de commerce, et qui parle au moins aussi bien que saint François de Sales. On veut des paroisses qui offrent du boulot aux prolos, des cours aux analphabètes; du réconfort pour les gueux. Pas des chants niais à faire avorter des sourds-muets.
On veut des cathédrales à construire de nos propres mains, pour occuper la vigueur de nos adolescences ! Et pas des garages construits par des exploités, et qui coûtent le prix d’un aéroport. On veut des processions de mille cierges pour rallumer le ciel des matérialistes, on veut un vrai carnaval où on irait montrer son cul aux moines défroqués du Grand-Orient. On veut des grandes fresques du Paradis et de l’Enfer sur les murs extérieurs de nos églises, avec l’ensemble de la CEF dans le 7è cercle des mitres molles. Et pas des ridicules campagnes de publicités « friendly » et « inclusives ».
Apprendre à garder les pieds sur terre, la tête dans les cieux
Chaque personne impliquée dans la hiérarchie de l’Eglise, clerc ou laïc ayant charge d’âmes, devrait passer au moins sept ans dans le désert, et n’en ressortir que lorsque qu’il ait parvenu à distinguer Asmodée de l’archange Saint Michel. Si sa mauvaise foi ne l’a pas fait crever dans le désert, c’est qu’il peut sans doute prétendre faire vivre autrui de ses bonnes lumières.
On veut des saintes de l’envergue de Catherine de Sienne, pour secouer vigoureusement les poiriers du Vatican et en faire tomber les fruits pourris. On veut un jour chômé pour chaque fête religieuse, et qu’on laisse travailler ceux qui veulent se jaunir les dents avec le mauvais vin d’une « croissance » abstraite. On veut des saints qui nous apprennent à entendre, prier et servir Dieu, et pas de mielleuses impostures orchestrées par des bas de soie médiatiques. On veut apprendre à garder les pieds sur terre, la tête dans les cieux et le cœur dans le Royaume.
On veut un vrai candidat trisomique aux présidentielles, et des handicapés au chevet de tous les malheureux qui prient pour se faire euthanasier. On veut partout des foyers pour les mendiants, on veut de puissants chevaliers en exosquelettes pour rosser les mafieux qui tiennent les réseaux criminels. On veut une Église qui nourrit les âmes, loge les pauvres et qui fait péter l’angélus bien fort tous les midis. On veut un exorciste à chaque coin de rue pour faire vomir leurs milles diables à tous les drogués et les cloportes endimanchés qui servent d’êtres sacrificiels à la bonne marche du bolchevisme individualiste. On veut le rétablissement de la dîme pour venir en aide aux nécessiteux, et en finir avec le misérabilisme du denier qui sert à chauffer le gros derrière des fidèles mais qui échoue à toucher leur cœurs refroidis. Au lieu de pleurnicher face au transhumanisme, bâtissons une Silicon Valley qui soit autre chose qu’une vallée de larmes.
Tout ce qui n’a pas reçu l’Imprimatur devrait être mis à l’Index : Goncourt, chaînes de TV, shampoings, œufs durs et organes de presse. Soumettons les GAFAM à la Somme théologique et voyons ce qu’il en reste ! Ce monde a besoin d’un esprit de justice en bonne santé ! Alors, oui, quand l’Église et tous les chrétiens auront assumé leur part, et qu’ils rayonneront, et émuleront à tour de bras, on pourra parler intelligemment de refondation politique. Autrement, c’est un peu usurpé de se prendre pour « la lumière du monde » et « le sel de la terre »."
lavergne21
je ne comprends pas bien où veut en venir l’auteur de ce long laïus
julie
A part blablater, ce magazine fait quoi concrètement pour que cela change?
Machin
Merci d’avoir transmis, je me suis régalé de ce “à la manière de”… d’un Léon Bloy, par exemple.
Antoine
Ca veut dire quoi ?
vigor
Je suis bien d’accord avec Julie (ci-dessus).
J’avais acheté le numéro 1 de cet Incorrect, je l’ai lu sans a-priori et j’ai vu que ce n’est que du verbiage d’intellos…
Je l’ai rendu à mon kiosquier pour qu’il puisse le vendre une seconde fois.
Gipsy
Julie : et vous ?
Xavier
Le problème de l’Incorrect est que c’est un journal de conservateur de droite qui cherchent à se la jouer nationaliste révolutionnaire.
Les articles sont mauvais, ampoulés, avec un jargon d’intellectuel à mauvais escient …ne parlons pas de la maquette qui est épouvantable.
Alain de Benoist écrit la même chose en mieux depuis 30 ans. Comparez cet article de l’Incorrect avec un édito d’Alain de Benoist dans Eléments (on ne parle même pas de comparer la maquette d’Eléments avec la maquette de l’Incorrect, cela ne serait pas charitable).
Bref des mecs de droite qui découvrent en 2017 que la droite se met à plat ventre devant la gauche , c’est nul.
clovis
Moi aussi je le suis régalé à lire cet article, mais de là à comparer l’auteur à Léon Bloy, non. Je le rapprocherais plutôt des Brigandes ‘ (Le spleen catho). Mais ceci n’est pas l’essentiel à mon avis, l’auteur cherche à secouer le cocotier,à l’instar de Catherine de Sienne, cité dans l’article, avec ses poiriers.
J’ai été particulièrement sensible à “Pas des chants niais à faire avorter des sourds-muets”
Philomène
Ceux qui ont côtoyé des “grenouilles de bénitier” et “des punaises de sacristie” (ces petites bêtes pouvant être des hommes, pas seulement des femmes), ceux qui ont vu l’hypocrisie qui règne du haut en bas de l’Eglise, et parfois des ignominies, comprennent cet article extrêmement exigeant.
Il est vrai que dans l’Eglise, il y a encore des saints et des saintes, des personnes animées par le Saint-Esprit, sinon elle ne serait plus l’Eglise.
Pascal GANNAT
Un mélange des genres qui rend cet édito de l’In-correct in-pertinent malgré sa forme impertinente.
Quel rapport entre la nécessité de réancrer la droite dans des convictions et un programme clair et la vie de l’Eglise de France et ses paroisses.
Cet article a sans doute été écrit par qq un qui ne connait ni les paroisses et leur clergé avec leurs fidèles ordinaires, ni les partis, leurs militants et la politique au quotidien quand on a un mandat ou que l’on est candidat.
Ce ne sont pas des invectives et de la petite provoc réac qui réussiront à faire avancer la réflexion : on mesure là très bien que face au vide sidéral de réflexion des partis la droite qui se veut conservatrice, des valeurs ou catholique en est encore au degré adolescent de sa propre réflexion politique.
La politique est un exercice qui demande un approfondissement, du concret et une méthode qui permette de faire les meilleurs choix possibles au quotidien et dans le concret de la réalité présente. C’est en ce sens que s’exercent des choix éthiques et philosophiques et non dans la diatribe qui s’enfle de mots pour faire le beau.
Cet édito exprime pour moi qui suis élu et cadre du FN tout ce qui rend impuissante la ”droite qui se veut à droite des droites”.
Les idées et convictions sont fondamentales, mais la méthode et le travail sur le long terme exigent de la profondeur et de l’effort.
C’est moins glorieux et ”jouissif” que la polémique, mais là se situe la différence entre les mots et les actes.
Pascal GANNAT
eusebe1er
constipé ? ils ont sans doute pris trop de medocs “padamalgam” seule solution un bon laxatif FN !
Yrieix Denis
Je suis très honoré de me voir relayé par le Salon Beige!Merci!
Mais je constate à la lecture des commentaires, qui sont un vrai régale (je ne répéterai rien à mon ami maquettiste sans avoir vu votre intérieur ou le faire-part de vos petits-enfants, c’est promis), que tout le monde n’a peut-être pas saisi la subtilité de mes (sincères) outrances. Pour ceux dont c’est le cas, je vous remercie chaudement de la bonté et de l’intelligence de votre discernement !
Je suis le premier preneur des leçons de politiques, et de religion chrétienne, en tout cas depuis suffisamment longtemps pour en connaître quelque chose. Et, amateur moi-même des corrections fraternelles, je vais répondre à certains commentaires de mes détracteurs en développant deux points qui me semblent cruciaux.
Ce que j’essayais de démontrer en filigrane, et avec une simplicité non dénuée d’ironie, c’est :
premièrement, que de nombreux chrétiens se jettent à corps perdus en politique, pour des résultats souvent discutables, et avec une docilité et une obéissance pour des bureaux politiques (centraux) cyniques, incompétents ou désinvoltes.
Une abnégation qu’ils manquent, du même coup parfois, de mettre au service d’une Eglise dont l’autorité a par ailleurs été réduite à la sphère intime et superficielle de la vie sociale.
Partant, dans un monde sécularisé qui fait le jeu de la mollesse et du sectarisme, le politique empiète sur le religieux, au risque de l’étouffer.Il suscite des vocations et des espérances disproportionnées.Tandis que l’Eglise perd des fidèles (passant de 50 % de pratiquants à 5% en deux génération par exemple).
C’est ce que le philosophe écossais Alasdair MacIntyre estimait lorsqu’il écrivait au début des années 50 “qu’une religion reléguée à la sphère privée est condamnée à disparaître”.
Au profit de quoi ? D’un engagement politique qui manie en permanence un discours moral privé de toute signification (“l’émotivisme”), tenu à droite comme à gauche.
Qu’est-ce que la “justice social”, par exemple ? Quel parti politique s’appuie sur une construction philosophique satisfaisante pour la définir ?
Un professeur de marketing disait par exemple à ses élèves : “les valeurs, qu’est-ce que c’est, au fond ? C’est quelque chose qui ne veut rien dire et qui satisfait tout le monde”. Réponse parfaitement scandaleuse et cynique qui reflète cependant fort bien les outils politiques maniés par tous les partis.
Et c’est sur cette nouvelle Babel du discours moral que se base nos débats politiques, et nos clivages partisans.
Et sur elle encore qu’échouent lamentablement nos espoirs les plus légitimes, qui seraient cependant plus avisés de se nourrir d’une réflexion plus poussée.
MacIntyre développe en expliquant que les conservateurs sont aussi fautifs que les progressistes. Les uns et les autres évoquent des chimères, puisqu’ils se tiennent très loin soit d’un discours aristotélicien, soit d’un discours chrétien.Deux traditions qu’il estime être les plus rationnellement satisfaisant d’un point de vue rationnel et historique (cf. “Après la vertu” et les ouvrages postérieurs à sa conversion).
Et c’est dans cette politique devenue folle que des gens honnêtes et droits se retrouvent à servir avec fidélité des leaders incompétents, machiavéliens et sophistes. Par servilité bureaucratique, vanité, naïveté et parce qu’ils sont séduits par un charisme qui n’est pourtant pas celui de Saint Paul.
Deuxièmement, j’avançais l’idée, pas très nouvelle, que l’Eglise, dans un tel contexte, comme dans n’importe quel autre, doit incarner un esprit de justice cohérent, vigoureux, actif, prophétique et méditatif comme l’Esprit nous invite à l’être.. Et qu’ainsi, l’engagement politique peut retrouver sa place plus aisément. Pourquoi ?
Parce que sinon, dans un monde sans Eglise, on attend tout du politique. On, c’est à dire aussi bien les chrétiens que les agnostiques.
Et dans un tel monde, on n’obtient aussi peu qu’on espère. Et ce sont toujours ceux qui tiennent les plus larges promesses qui gagnent. Au contraire, une société vigoureuse, dont les corps intermédiaires sont puissants (Eglises, paroisses, associations, voisinages, communes, familles etc.), souffre beaucoup moins des manquements politiques, et se montrent résolument moins naïves ou désabusées fasse à de fausses promesses d’abondance, de sécurité, de prospérité, d’unité ou de je-sais-quoi-d’autre. Parce que tout simplement les biens primordiaux qui font l’équilibre d’un corps social sont d’abord du ressort des individus, des familles, des communautés, des associations et surtout des Eglises.
C’est ce constat, qui n’est certainement pas que le miens, que beaucoup de gens refusent encore de considérer en le balayant d’un revers de mains qui ne serait pas si comique si la situation du monde contemporain ne leur donnait pas tort tous les jours.
Tite
@ Yrieix Denis :
Tout d’abord, une petite remarque :
le “E” de “justice social” s’est égaré malignement plus haut sur le mot “régal(e)”…
Et aussi, “fasse” n’est pas “fesse”… elle se trouve un peu plus haut… la face (…désabusées “fasse” à de fausses promesses…).
Bon, je mets ceci sur le compte de l’énervement. Malgré cela, votre réponse était nécessaire. Certains ont du mal (de plus en plus de mal) à comprendre les choses, que ce soit au 1er ou 2ème degré.
Je lis L’Incorrect depuis le 1er n°. Il me repose d’Éléments qui est parfois un peu rasoir. Je profite de votre intervention sur le SB pour vous demander de faire passer un message à la rédaction :
Est-il vraiment utile et nécessaire de faire passer des idées en employant un langage grossier et vulgaire ? C’est ce qui me gêne le plus à la lecture de certains articles et ce qui m’empêche de le recommander à mon cercle de relations. C’est pour faire “djeun’s” ? Il n’est pas sûr que je ne retourne pas chez Alain de Benoist…
Yrieix Denis
@Tite
Cher Tite, merci pour vos corrections (je vous pardonne d’ailleurs d’en avoir oublié quelques unes).
Ne mettez pas ces fautes sur le compte de l’énervement (si j’avais été énervé, je n’aurais pas daigné répondre – au contraire, je suis heureux d’être repris sur le SB et si je réponds, c’est par gratitude, magnanimité et bonté d’âme, comme on me l’a appris au catéchisme).
Imputons plutôt ces fautes à mon clavier, (la vétusté ontologique de l’informatique me jette souvent dans les bras de analphabétisme).
Pour vous répondre, je lis moi-même Eléments, de même que je lis La Vie, La Nef (que je vous recommande), Limite, La Recherche, U&R, les gauchistes et les proprets, les Américains et ma foi, encore beaucoup d’autres.Libre à vous donc, de lire ce magazine en partage ou en exclusivité.
Je vous recommande aussi une nouvelle revue, très prometteuse, qui s’intitule “Idiocratie” et dont le numéro 0 est sorti en octobre dernier. Pourquoi se contenter d’un seul titre de presse ? Et puisque vous êtes lecteur d’ADB : dites-moi pourquoi sa revue, à part de très bonnes exceptions, démontre une si mauvaise connaissance du catholicisme ?
S’agissant du registre de L’Incorrect, que vous trouvez grossier : il me semble qu’il concerne à peine 3 % de l’ensemble mais qu’il est annoncé par le titre.L’idée n’est pas de “faire jeune” (je connais des jeunes qui n’ont que du subjonctif et des ornements plein la bouche – et d’honorables vieillards qui ont un langage ordurier).3% qui font d’ailleurs les délices de certains, et souvent les miens.
L’idée est de s’adresser à un lectorat qui peut passer aussi bien d’un exercice de style amusant, osons le mot, drôlatique (d’aucuns diront potache mais ce serait oublier la riche subtilité qui est toujours tapie derrière l’humour) à un article de philosophie ou de géostratégie plus soutenu.
Une partie du lectorat voudrait que l’incorrection fut polie et accessible, bien élevée sous tout rapport, ronflante comme au Collège de France mais moins ennuyeuse qu’un académicien. Vous connaissez la fable de La Fontaine sur le vieillard, l’âne et l’enfant ? S’il fallait écouter toutes les doléances et toutes les sensibilités, croyez-moi, on laisserait écrire les algorithmes. C’est Péguy je crois, qui disait qu’il fallait toujours contrarier un tiers de son lectorat. Mais en variant son tiers à chaque numéro.
Nonobstant, une rédaction, aussi nombreuse et variée ne forge pas son identité profonde en seulement 3 numéros. Et il est assez patent que nous forgeons notre ligne en même temps que notre ouvrage.
Quoiqu’il en soit, je ne vais pas répondre pour toute la rédaction, mais en tout cas cette liberté de registre, ponctuelle, ne risque pas de disparaître. Pour ma part, ce qui me paraît obscène, c’est bien davantage le conformisme cynique de nombreux titres de presse de droite, la petitesse des points de vue, “l’hénaurme” bêtise des analystes et la vacuité des profondeurs qu’ils font mine de survoler. Je préfère être grossier avec Rabelais, emporté avec Bloy, intransigeant avec Péguy, que bête, mondain et ennuyeux avec les autres.
Cordialement,
Y.D