Guillaume Bernard est interrogé dans l'Homme Nouveau :
Vous annoncez une droitisation de la France. Le bon score d'Emmanuel Macron et celui de Jean-Luc Mélenchon n'indiquent-ils pas le contraire ? Dans Le Point, Philippe Raynaud dit que la France est structurellement et culturellement à gauche et que la droite a été rarement au pouvoir depuis 1830.
Pour analyser la vie politique française, tant d’un point de vue partisan que doctrinal, j’ai proposé le concept de « mouvement dextrogyre » qui consiste en deux choses : d’une part, une radicalisation de l’électorat de droite (outre la progression en terme de voix du FN, l’électorat LR est plus ferme dans ses positions : il devient plus conservateur que libéral) et, d’autre part, un glissement des idéologies de droite vers la gauche. Avec la chute du mur de Berlin, le basculement vers une mondialisation tant financière que culturelle incontrôlée et une perte de repère concernant la construction européenne, le mouvement des idées s’est inversé : la pression idéologique venue par la gauche du spectre politique (qui durait depuis la Révolution française) s’est stoppée et s’est inversée. Le phénomène Macron (qui réunifie les libéralismes économique et sociétal) ne contredit donc nullement le mouvement dextrogyre, mais en est justement une parfaite illustration. Quant aux deux frères siamois du contractualisme social que sont le libéralisme et le socialisme, ils sont effectivement majoritaires. C’est une méprise de croire que le libéralisme, qui s’était retrouvé sur la droite du spectre politique dans le contexte de l’affrontement Est-Ouest, est « de droite ». Le mouvement dextrogyre permet aux idées classiques (celles de l’organicisme social contre la sociabilité artificielle) de s’épanouir à nouveau. Mais il s’agit d’un long processus de reconquête des esprits. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il n’a pas fait progresser les idées socialistes : il a siphonné ce qu’il restait de l’électorat du PS qui n’avait pas basculé vers le social-libéralisme de Macron. [Lire la suite]"