Dans La France au bord de l’abîme, déjà évoqué ici, l’auteur aborde le cas de l’Union européenne :
L’Allemagne s’accommode de l’UE et de ses élargissements successifs parce que la monnaie unique lui convient bien compte tenu de ses gains de productivité, et parce que l’élargissement à l’Est lui a ouvert l’accès à un vaste réservoir de main-d’oeuvre qui lui permet de compenser sa faible natalité. Les paradis fiscaux que sont les Pays-Bas, le Luxembourg et la République d’Irlande s’en accommodent parce que les faibles taux d’imposition des bénéfices qu’ils pratiquent leur permettent de siphonner les bases fiscales des autres pays membres. Les pays méditerranéens s’en accommodent parce qu’en recevant plus d’argent en provenance de l’UE qu’ils n’en versent pour alimenter ce budget, ils ont l’impression d’y être gagnants ; ce n’est évidemment qu’une impression, car il y a les coûts (cachés mais énormes) de la désindustrialisation occasionnée par la monnaie unique. La France, quant à elle, perd sur à peu près tous les tableaux.
Faut-il pour autant sortir de l’UE ? Ce n’est pas certain, car la France a au sein de l’Union un pouvoir de négociation pour autant qu’elle veuille bien l’utiliser (conformément à ses intérêts…) : certes toute modification des traités doit être adoptée et ratifiée par l’ensemble des pays membres, mais on se doute bien qu’une UE sans la France n’aurait plus tout à fait la même consistance. Encore faut-il, pour que l’argument ait du poids dans les discussions, que la France soit prête à brandir – de manière crédible – la menace de sa sortie de l’Union : les discussions sont vouées à l’échec s’il est clair que la France n’envisage pas une seule seconde l’éventualité d’une sortie de l’UE. C’est avant tout une question de volonté politique. La montée des préoccupations souverainistes au sein des opinions publiques européennes, qui n’a pas encore trouvé la totalité de sa traduction en matière électorales, est susceptible aussi de faire évoluer les choses.
Cela dit, sit l’UE est une partie du problème pour la France, elle n’en est pas pour autant la totalité. […] Quand bien même nous sortirions de l’Union, nous ne serions pas dispensés d’apporter des solutions à ces problèmes, et il ne faudrait pas que la focalisation du débat public sur les vices de l’Union européenne en vienne à masquer tous les problèmes que nous pouvons dans une large mesure traiter par nous-mêmes sans en référer à Bruxelles.
Thibaud
C’est vrai que la France a un énorme pouvoir de négociation au sein de l’UE mais qui ne repose pas sur la menace (dépourvue de toute crédibilité) de sortir de l’UE mais au contraire de bloquer toutes les décisions de l’UE (aucune décision de la CEE ou l’UE n’a été prise sans le consentement de la France depuis 1957) où d’arrêter d’appliquer le droit de l’UE (en tant que contributeur net, l’UE n’a aucun moyen de pression sur la France).