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Tribune libre

La France peut-elle accéder à la souveraineté numérique ?

La France peut-elle accéder à la souveraineté numérique ?

Dans une tribune récemment publiée cette semaine (cliquez ici) sur le Figaro Vox, trente cinq personnalités de renom se sont interrogées sur la place de la France aujourd’hui au regard de la souveraineté numérique et après un constat accablant de la situation de faiblesse dans laquelle notre pays se trouve, pour ne pas dire situation de soumission dans le domaine technologique, a conclu l’article par cette question, qui résonne telle une sentence : Voulons-nous subir ou décider au XXIe siècle ?

De toute évidence, le réveil d’une partie de nos élites, signataires de cette tribune, dans lesquels nous retrouvons d’anciens responsables du renseignement, d’anciens ministres, des dirigeants d’entreprise, des généraux etc… est salutaire à plus d’un titre même si, reconnaissons le, il apparait quelque peu tardif et en l’état des volontés politiques du moment, vain tant la tâche apparait immense pour inverser une tendance largement engagée.

Pour quelle raison cette tribune a t-elle vu le jour ? Le critère de qualification SecNumCloud, délivrée par l’ANSSI, impose le recours à des prestataires étanches au droit américain pour héberger les données de l’État et de ses agences. Or, ce critère risque de disparaître, ou tout du moins de ne plus permettre cette étanchéité qui garantit notamment la protection des données, en raison de rapprochement visant clairement à contourner les dispositions légales en vigueur entre les fameux GAFAM et nos fleurons technologiques français. Ainsi, les offres hybrides « BLEU » (Microsoft-Orange-Capgemini) et S3NS (Google-Thalès) pourraient voir le jour et de fait permettre (si ce n’est déjà fait) l’accès à des données sensibles pour la sécurité du pays à nos « amis » américains…

Mais franchement est ce bien nouveau quand l’essentiel de nos données financières sont déjà largement consultées, pour ne pas dire espionnées, par nos chers « amis » américains via le système bancaire SWIFT ?

Mais est ce bien nouveau quand, au coeur même du pouvoir, des cabinets de conseils anglo-saxons (McKinsey étant le plus connu) ont « offert » leurs services, (2,5 milliards d’euros…, uen paille) et ont de toute évidence eu accès aux « secrets » de la République afin de mieux les transmettre à la Maison Blanche ?

Mais est ce bien nouveau quand dans différents dossiers, dont celui le plus connu d’Alsthom, notre classe politique (Sarko, Pécresse, Macron etc…) s’est compromise pour autoriser la vente d’actifs stratégiques à nos chers « amis » américains ?

Depuis des dizaines d’années, notre pays s’est progressivement féodalisé abandonnant sciemment sa souveraineté à qui la veut. D’abord à l’Europe en abandonnant l’instrument même son indépendance monétaire, le franc, puis en acceptant que lui soit dictée sa politique budgétaire via des directives toujours plus alambiquées. Mais aux Etats-Unis aussi en acceptant naïvement l’implantation sur notre territoire de véritables parasites commerciaux sur fond de libre-concurrence alors que, et l’avenir l’a démontré, c’est bien l’exact contraire qui s’est produit avec la main-mise par les géants monopolistiques de la tech (comme c’est joli à entendre) de notre économie.

La plate-formisation de notre économie n’était pas inéluctable mais, imposée à marche forcée par ceux qui y avait intérêt, elle s’est transformée en débâcle pour notre tissu commercial et ses acteurs, précarisés, pardon uberisés, au profit de fortunes toujours plus florissantes.

Et une fois de plus, de la même façon que l’implantation de ces GAFAM avait largement été encouragée par nos « élites » (Bezos a quand même la légion d’honneur… Au nom de quoi ? ça…), cet épisode de la protection de nos données semble constituer un énième épisode dans la trahison d’individus se comportant davantage en petits oligarques qu’en défenseurs de notre Nation et du Bien Commun.

Alors à la question « voulons-nous subir ou décider au XXIe siècle ? », il semble malheureusement que la réponse soit déjà connue et c’est bien en cela que, pour les raisons évoquées ci-dessus, nous avons déjà un train de retard dans notre réflexion.

La question ne serait-elle pas plutôt : quand arrêterons nous de subir et quand reprendrons nous notre destin en main ?

P.MAGNERON

Cet article est une tribune libre, non rédigée par la rédaction du Salon beige. Si vous souhaitez, vous aussi, publier une tribune libre, vous pouvez le faire en cliquant sur « Proposer un article » en haut de la page.

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