Un lecteur du SB nous partage l’analyse statistique suivante sur le nombre d’avortements induits par la pilule contraceptive. Diffusion en 7 parties.
Considérez les perspectives différentes sur la vie et le monde que nous donnent les expressions descriptives du processus d’engendrement de la vie. L’Israël antique accentuant l’idée de la transmission de la vie du père au fils, utilisait le verbe « engendrer ». Les Grecs, accentuant le surgissement de la vie nouvelle dans un processus cyclique de génération et d’extinction, parlaient de genesis, d’une racine signifiant « venir à l’existence ». Le monde chrétien prémoderne parlait de pro-création, mettant l’accent sur un Dieu créateur du monde. Notre société parle de « re-production », une métaphore de l’ère industrielle tirée de l’usine. Toward a More Natural Science, p. 48, Leon R. Kass
Sommaire
1. La pilule contraceptive
2. L’usage de la pilule en France
3. Evaluations statistiques de l’effet abortif de la pilule
4. Norme contraceptive, interceptive, contragestive
5. Le regard de la démographie historique
6. Une génération de survivants
7. Jusqu’à la troisième et la quatrième génération
Conclusion
1. La pilule contraceptive
La contraception orale se présente sous la forme de comprimés à prise quotidienne communément appelés « pilules contraceptives », ou plus simplement « pilule ». Il existe deux types de pilules contraceptives, la pilule combinée, qui contient de l’œstrogène et de la progestérone, et la pilule progestative, qui ne contient que le progestatif.
Au début des années 2020, environ 60% des femmes françaises âgées de 20 à 44 ans utilisent cette forme de contraception. Cette place prédominante occupée en France par la contraception orale n’a pas d’équivalent à l’étranger, le stérilet étant le premier choix contraceptif au niveau mondial et notamment en Chine.
La pilule agit à différents niveaux. Elle cherche à bloquer l’ovulation en trompant les mécanismes de retro-contrôles exercés par le cerveau entre les hormones de l’axe hypothalamo-hypophysaire FSH, LH et les hormones des organes cibles, l’œstrogène et la progestérone. Elle épaissit la glaire cervicale sécrétée par le col de l’utérus, rendant très difficile le passage des spermatozoïdes. Elle empêche le développement du tissu endométrial, rendant la muqueuse utérine atrophiée impropre à la nidation. Elle diminue le péristaltisme des trompes utérines, retardant l’arrivée de l’enfant embryonnaire éventuel dans l’utérus. Enfin elle perturbe chez la jeune fille le fonctionnement du cycle menstruel et le développement de ses cryptes cervicales, favorisant une hypofertilité en raison de la mauvaise qualité de glaire qu’elle produira même si les cycles sont ovulatoires.
La progestérone épaissit le mucus cervical et forme une certaine barrière à l’ascension des spermatozoïdes. A côté du frein à l’ovulation certains auteurs considèrent cet effet comme « l’effet contraceptif principal »” (Lauritzen1, 1989). Mais les expériences de Chang et Hunt2
avec des lapins parlent contre un tel « deuxième effet principal ». Les autopsies ont montré qu’on trouvait chez les lapins traités avec des hormones gestagènes artificiels – des progestatifs comme le norgestrel ou le norethynodrel – des milliers de spermatozoïdes dans les trompes chez les femelles traitées. Ceci prouve que – au moins lors des essais avec animaux – le mucus cervical épaissi ne représente pas de barrière absolue.
Et le professeur Rudolph Ehmann de rappeler : « D’autre part, dans ces réflexions il n’a pas été pris en considération que lors de ces ovulations d’échappement les œstrogènes formés dans les follicules qui se développent peuvent influencer le mucus dans le sens d’une fluidification, de sorte que le cervix devient perméable pour le spermatozoïde. Ceci est prouvé par les grossesses survenues sous pilule, qui ont augmenté en nombre les dernières années à cause du dosage progressivement abaissé des préparations, car sans ascension de sperme, pas de fécondation. » Il apparaît que si la pilule a un effet contraceptif, elle n’a pas que cet effet. Elle peut également avoir un effet contragestif en cas d’ovulation d’échappement fécondée.
A suivre
- Lauritzen, C., Fragen aus der Praxis, Die Pille : (auch) ein Abortivum ?, Deutsche Medizinische Wochenschrift (1989) 114,
14, 567. - Chang, M.C., Hunt, D.M., Effects of various progestins and oestrogen on the gamete transport and fertilization in the rabbit, in:
Fertiliy and Sterility (1970) 21, 683–686