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Culture de mort : Avortement

L’Église et l’IVG “thérapeutique” : retour sur un malentendu

Poa 2 On se souvient de la polémique qui avait opposé Jeanne Smits, qui a suivi ce dossier de près (ici, ici, ici et ici) et Patrice de Plunkett (ici) à propos de l'affaire de Recife. Sur Liberté Politique, Pierre-Olivier Arduin revient sur la question de l'avortement thérapeutique :

" Ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire de Recife n’en finit pas de susciter des remous au sein des organismes catholiques qui se consacrent à la protection de la vie de l’enfant à naître. De nombreux esprits sont troublés en raison de jugements moraux approximatifs portés sur ce drame, d’autant que certaines de ces prises de position, notamment en France, ont pu être émises par des personnalités en vue, laïques ou ecclésiastiques, ce qui n’a fait qu’accroître la confusion (…)

la petite fille est finalement hospitalisée loin de chez elle dans un établissement sanitaire de Recife pour y subir le 4 mars dernier un double avortement. Les deux principales raisons invoquées pour justifier cette décision sont, d’une part, le contexte de cette grossesse gémellaire issue d’un viol odieux et, d’autre part, le jeune âge de la victime dont la gestation serait susceptible, nous dit-on, de mettre sa vie en danger (…)

La controverse va s’importer au sein même des milieux pro-vie semant le trouble quant à l’appréciation morale à porter sur l’éventuelle licéité d’un avortement « médical » dans de pareils cas. La confusion est grande depuis que certaines voix catholiques ont semblé justifier a posteriori l’acte pratiqué par les médecins brésiliens (…) À tel point que les lobbies pro-avortement estiment qu’une partie de l’Église a enfin accepté l’avortement « thérapeutique » pour protéger la vie d’une mère en danger du fait de sa grossesse.

Pour avaliser cette conclusion fut convoqué un grand principe de la philosophie morale : la théorie du double effet (…) L’argumentation classique du double effet est basé sur le fait que la conséquence prévisible et prévue d’un acte n’est pas nécessairement son effet voulu (…) Dans le cas qui nous intéresse, ceux qui applaudissent la décision des médecins brésiliens présument que ces derniers ont avant tout voulu sauver la fillette dont la vie était en danger (effet bon voulu) en recourant à un avortement non souhaité en lui-même (effet secondaire mauvais). Cette justification, aussi séduisante soit-elle au premier abord, est tout simplement fausse (…)

En effet, il existe des conditions de validité extrêmement précises qui doivent être remplies pour que la théorie du double effet soit utilisée à bon escient.

  • l’acte ne doit pas être mauvais en lui-même ;
  • l’effet indirect mauvais, même s’il est prévu, ne doit pas être voulu ;
  • l’effet indirect mauvais ne doit pas être utilisé comme moyen d’obtenir l’effet bon ;
  • il ne doit exister aucun autre acte permettant d’atteindre cet effet bon recherché, c’est-à-dire qu’on ne peut pas faire autrement.
  • (…) Dans l’affaire du Brésil, ces critères rigoureux sont totalement bafoués : l’avortement est mauvais en lui-même puisqu’il supprime la vie des deux jumeaux innocents, il est voulu pour lui-même et non simplement prévu et il est le moyen d’obtenir l’effet bon, ici sauver la vie de la fillette. Les médecins ont d’ailleurs revendiqué leur geste, et donc révélé clairement leur intention, en déclarant à la presse brésilienne qu’ils militaient pour la légalisation de l’avortement dans leur pays. En l’espèce, s’appuyer sur la théorie du double effet est une forfaiture qui obscurcit les consciences. L’argument du double effet ne peut s’appliquer que lorsque l’avortement est la conséquence secondaire d’un acte en lui-même non abortif.

    (…) Dans l’affaire de Recife, n’y avait-il donc pas la place pour envisager une autre solution éthique, celle qui aurait été respectueuse des trois vies innocentes en jeu dans cette histoire ? Les deux jumeaux ne pouvaient-ils pas bénéficié des moyens les plus en pointe de la médecine, ceci afin de protéger leur vie, tout comme celle de leur maman de neuf ans ? Au moment où éclate l’affaire, l’état de santé de la fillette enceinte de quatre mois n’est pas inquiétant aux dires des premiers médecins en charge du dossier. On aurait très bien pu lui offrir un accompagnement médical et gynécologique compétent pour suivre efficacement sa physiologie, surveiller sa grossesse, préparer au mieux la maturité pulmonaire des deux jumeaux jusqu’à ce qu’une équipe pluridisciplinaire juge que leur viabilité autorise une extraction par césarienne.

    (…) Sauver les trois vies sans opérer de discrimination entre elles, c’est exactement ce qu’a tenté de faire l’archevêque de Recife, Mgr Jose Cardoso Sobrinho (…) On retiendra de cette affaire que vouloir le bien n’implique à aucun moment de choisir le mal, le principe de sauvegarde de la vie humaine pouvant être appréhendé de manière suffisamment dynamique et intelligente pour que l’antique vertu de prudence ou sagesse pratique parvienne à l’incarner concrètement dans les situations les plus douloureuses et les plus complexes." 
     

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    17 commentaires

    1. Et quand la vie de la mère est réellement en danger ? Par exemple, grossesse extra-utérine, ou nombre de césariennes maximum déjà atteint, que faut-il faire ?
      [Je connais personnellement une mère de famille qui a huit enfants, tous nés par césarienne…
      Connaissez-vous Caroline Aigle ou l’exemple que donne Pierre-Olivier Arduin ? Ces mères de famille se sont sacrifiées pour leur enfant.
      Pour les cas où un dilemme se présente, je transmet votre question à Pierre-Olivier Arduin
      Philippe Carhon]
      Voici la réponse de Pierre-Olivier Arduin :
      Comme je l’ai écrit dans l’article in extenso, l’Eglise ne demande pas le sacrifice de la mère mais veut toujours sauver la sienne et celle de l’enfant. Celles qui l’ont fait comme Jeanne Beretta Molla ou Caroline Aigle sont héroïques. Pour une grossesse extra-utérine, la théorie du double effet peut être convoquée pour peser moralement le geste chirurgical. Il sera licite d’opérer la mère en procédant à l’ablation de la trompe de Fallope sachant que l’acte conduira indirectement à la mort de l’embryon. En revanche, il est illicite d’injecter un abortif pour stopper la grossesse dans la trompe. On aurait commis un geste directement abortif ce qui n’est jamais permis. La solution idéale éthiquement qui n’est pour l’instant pas possible serait de déplacer l’embryon de la trompe en le réimplantant dans la muqueuse utérine, ce qui permettrait de sauver l’embryon sans détruite l’une des deux trompes de la mère. Pour la question des césariennes, on préconise en général de ne pas dépasser les 4 opérations. Mais on connaît tous des mères qui ont accouché de 5, 6, 7 voire 8 enfants par césarienne. C’est déconseillé mais ne met pas à proprement la vie de la mère en danger comme une tumeur à l’utérus pendant une grossesse.

    2. Un petit désaccord avec le raisonnement ci-dessus à propos de “l’acte ne doit pas être mauvais en lui-même” : dans l’absolu, il n’y a pas d’acte mauvais en soi-même.
      On pourrait comparer cela avec l’interdiction “tu ne tueras pas”, et le droit pour ne pas dire le devoir de tuer lorsqu’un soldat va faire la guerre. Le tireur d’élite qui a un ennemi dans sa lunette va chercher précisément à tuer, donc à désobéir à ce commandement. Mais, ce faisant il obéit à un commandement supérieur, qui est encadré par la théologie de la guerre juste (Saint-Augustin de Tagaste, Saint Thomas d’Aquin…).
      Il en est de même de l’avortement. Mais de toute façon, il n’y a jamais eu de choix entre une vie et une autre contrairement à ce qui a été raconté, et ce débat n’a donc jamais eu lieu d’être.

    3. L’emploi des termes :”avortement thérapeutique”est actuellement pratiquement caduque car les progrès du suivi et de la réanimation ont été énormes ces dernières années.”Un Homicide ne peut être dit soignant”.

    4. @ SD. Si, dans l’absolu il y a des actes intrinsèquement mauvais. L’oubli de cela est la racine du relativisme. Qu’il y ait des actes intrinsèquement mauvais est enseigné dans Veritatis Splendor au n°80 (vous en avez un commentaire dans le Lexique des termes ambigus etc du Conseil Pontifical de la Famille, ed Téqui, p; 698); l’étude complète du point de vue de la science morale est celle de Pinckaers o.p. “Ce qu’on ne peut jamais faire” coéd. Univ Fribourg/ le Cerf, 1986, 139p. n° 19 de la collection d’études d’éthique chrétienne.

    5. Pardonnez-moi, avec tout le respect que je vous dois, de persister, mais j’en reste à “Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison. Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et rendent l’homme impur.”.
      Une action est un acte matériel. C’est la pensée à l’origine de cet acte qui peut être jugée. La truie qui dévore ses petits n’est pas criminelle. Il n’en est pas de même chez les petits d’hommes. Je ne pense pas qu’il y ait là un quelconque relativisme : une pierre est une pierre, et un être humain, un être humain.
      J’ajouterai qu’aux frontières de la morale, l’homme n’a parfois que sa conscience pour trancher : le fameux “cas de conscience”. Je parle ici d’exceptions exceptionnelles et non de règles générales.
      Cordialement vôtre,
      SD

    6. @SD
      Vous vous trompez, comme vous le dit monsieur l’abbé, il y a des actes intrinsèquement mauvais.
      Et contrairement à ce que vous dites ce sont ces actes qui doivent êtres jugés et non l’état de conscience des personnes qui commettent ces actes, car seul Dieu sonde les reins et les cœurs.
      Vous dites que les actions sont des actes matériels, certes et il y a des actes qui vont à l’encontre de ce que Dieu a prévu, et qui sont donc mauvais en eux-mêmes, même si la personne qui les fait ne s’en rend pas compte (ex: Avortement, sodomie, …)
      Et il n’y a dans ces cas aucun motif supérieur qui puisse être invoqué comme dans le cas de la guerre.
      Dieu demande à Abraham de tuer son fils Isaac, mais le retient alors qu’il s’apprête à le faire.
      Les actes intrinsèquement mauvais sont ceux qui vont à l’encontre de ce que Dieu a prévu, et qu’aucune volonté particulière de Dieu ne permet de commettre.
      En temps de guerre Dieu nous demande de protéger notre pays, même si nous devons tuer pour cela.
      Dieu autorise la justice terrestre à tuer un criminel, non pas par vengeance mais par justice et pour de nombreuses raisons.
      Il délègue ce pouvoir.
      Mais aucune autorisation de Dieu ne peut être invoquée dans le cas de l’avortement, qui est donc purement mauvais (d’ailleurs l’Eglise punit l’avortement d’excommunication latae sentiae, et pas le meurtre)

    7. Dans les conditions pré établis, il est clair que chaque acte sera mauvais et qu’il n’existe aucune hypothèse ou l’avortement est possible. Dans le cas de Recife, l’avortement était la moins mauvaise solution. Comme le souligne SD, seule la conscience reste et elle seule peut être jugée. Dans le cas d’un forfait ou d’un crime, c’est la conscience de l’individu qui est recherché et non l’acte lui même puisqu’il est déjà connu. Je pense que l’on a un peu trop oublié que cette enfant de neuf ans a été violée. Etait t’il réellement pensable pour elle de pouvoir garder en son sein, le fruit de cette forfaiture? Considérant de surcroit que la mère n’a que neuf ans et que son niveau de conscience ne peut être retenu et rajoutant le fait que cette grossesse pouvait mettre sa vie en danger, l’avortement me parait être la moins mauvaise solution évidente.

    8. Donc, si j’ai bien compris l’ensemble des conditions, il est interdit d’intervenir sur une grossesse extra-utérine. Il faut laisser faire la nature. Peut-être, lorsque se déclenche l’hémorragie due à la rupture de la trompe utérine, est-il licite de retarder l’issue fatale par l’apport de nombreuses poches de sang. En effet la seule intervention médicale possible consiste à extraire l’embryon, et donc à causer sa mort. Ce qui est un acte mauvais en soi.
      Voici la réponse de Pierre-Olivier Arduin :
      Comme je l’ai écrit dans l’article in extenso, l’Eglise ne demande pas le sacrifice de la mère mais veut toujours sauver la sienne et celle de l’enfant. Celles qui l’ont fait comme Jeanne Beretta Molla ou Caroline Aigle sont héroïques. Pour une grossesse extra-utérine, la théorie du double effet peut être convoquée pour peser moralement le geste chirurgical. Il sera licite d’opérer la mère en procédant à l’ablation de la trompe de Fallope sachant que l’acte conduira indirectement à la mort de l’embryon. En revanche, il est illicite d’injecter un abortif pour stopper la grossesse dans la trompe. On aurait commis un geste directement abortif ce qui n’est jamais permis. La solution idéale éthiquement qui n’est pour l’instant pas possible serait de déplacer l’embryon de la trompe en le réimplantant dans la muqueuse utérine, ce qui permettrait de sauver l’embryon sans détruite l’une des deux trompes de la mère. Pour la question des césariennes, on préconise en général de ne pas dépasser les 4 opérations. Mais on connaît tous des mères qui ont accouché de 5, 6, 7 voire 8 enfants par césarienne. C’est déconseillé mais ne met pas à proprement la vie de la mère en danger comme une tumeur à l’utérus pendant une grossesse.

    9. Excellente réponse de Mr Arduin.Merci
      La rupture hémorragique de GEU,sa complication majeure, est l’urgence type.Il ne faut pas attendre une minute dès que le diagnostic a été posé.L’heure n’est pas aux discussions théoriques.Il faut opérer….

    10. je vous ai cité les Évangiles, je peux difficilement faire mieux.
      Quant aux actes “qui sont donc mauvais en eux-mêmes, même si la personne qui les fait ne s’en rend pas compte (ex: Avortement, sodomie, …)Et il n’y a dans ces cas aucun motif supérieur qui puisse être invoqué comme dans le cas de la guerre.”, la guerre peut obliger à beaucoup d’actes contraires aux lois de l’Eglise, notamment pour ceux chargés de la collecte du renseignement. Durant la deuxième guerre mondiale, les espions alliés avaient l’autorisation par les évêques de Grande-Bretagne de se suicider dans le cas où ils seraient pris, pour éviter par leur silence la mort de dizaines de milliers de soldats alliés. Et les transgressions permises ne se limitent pas au suicide dans ce type de situation. Un handicapé mental ne peut être jugé pour les mêmes actes de la même façon qu’une personne saine. C’est donc bien la conscience qui est jugée.
      Quant à dire que “Dieu autorise la justice terrestre à tuer un criminel, non pas par vengeance mais par justice et pour de nombreuses raisons. Il délègue ce pouvoir.”, il y a d’abord un lien étroit entre la vengeance et la justice. Cela dit,
      dans le catholicisme, la justice n’est pas rendue au nom de Dieu contrairement à l’Islam, mais au nom du roi, du peuple, de la république etc.
      Bien cordialement
      SD

    11. P-O Arduin éclaire effectivement la situation telle qu’elle s’est déroulée, mais cela seulement parce que les médecins qui ont consommé l’avortement se sont vantés de défendre le droit à l’IVG. La vraie question est : qu’auraient dû faire des médecins catholiques – ie opposés à l’avortement – s’ils avaient eu à gérer seuls ce cas ?
      M. Arduin fait à mon sens une erreur quand il comprend le premier principe “l’acte ne doit pas être mauvais en lui-même” comme devant s’appliquer ici à l’avortement. Cet acte qui ne doit pas être mauvais en lui-même, c’est ici l’acte de sauver la mère et non pas l’avortement, qui est le volontaire indirect. L’acte serait considéré mauvais en lui-même s’il s’était agi, par exemple (exemple absurde) de tuer la mère en tuant les embryons.
      Qu’auraient donc fait ces médecins catholiques si la vie de la mère avait vraiment été en danger ? Nul au monde ne peut exiger d’une fillette de neuf ans qu’elle se sacrifie pour sauver les embryons résultant d’un viol. Car on oublie que c’est ici la vie d’une enfant-mère qui est en jeu. Il semble que cette vie soit passée par pertes et profits, comme si elle n’avait pas d’importance. Et encore une fois, personne n’a la certitude (ou bien personne ne l’a dit et prouvé) que cette grossesse ne mettait pas sa vie en danger. Il faut donc se résoudre à l’idée que si la vie de la fillette avait été réellement en danger, les médecins catholiques auraient dû pratiquer eux aussi l’avortement, au regard du droit moral de l’Eglise – qui est aussi le droit naturel.

    12. Vous m’avez mal compris. Il est bien évident que la justice doit tenter de comprendre si le coupable a commis la mauvaise action en conscience ou non.
      Cependant, elle ne pourra pas le faire comme Dieu le fait. Elle pourra seulement appliquer une sentence qui lui semble la plus juste possible pour la personne et pour la société. Mais Dieu peut voir la personne d’une toute autre manière, et ce n’est pas à nous de juger de la culpabilité intime de la personne, car personne pas même les membres de la justice ne peut connaitre le cœur de la personne au moment de son acte.
      Cela ne change strictement rien au fait que l’action peut-être mauvaise en elle-même, comme dans les cas cités.
      De toute façon, il vous suffirait d’ouvrir un livre de théologie (au hasard la Somme Théologique de Saint Thomas d’Aquin) pour comprendre qu’effectivement les actions peuvent être mauvaises en elles-mêmes.
      Le passage de l’évangile que vous citez est bien évidemment vrai. C’est du cœur des hommes que sortent les mauvaises actions. Et une action qui peut paraitre bonne en apparence peut être faite dans un esprit vicieux, qui rend la personne coupable et non vertueuse comme on pourrait le penser.
      Et un homme peut faire une action mauvaise en soi, avec un cœur pur, et cet homme aura toujours grâce aux yeux de Dieu.
      Tout cela est évident.
      D’une manière générale, je crois que l’on peut affirmer que toutes les actions qui sont contre nature sont mauvaises en soi.
      Dans un pays catholique, la justice est rendue pour le bienfait de la société, et au nom de Dieu qui veut ce bienfait, pardonnez-moi de vous contredire. Dans une monarchie, le roi détient son pouvoir de Dieu et tâche d’accomplir Sa volonté de son mieux sur son pays. Saint Louis n’agissait pas pour lui, mais pour Dieu.
      Sainte Jeanne d’Arc a libéré la France au nom de Dieu, pas au nom du peuple, même si c’était pour le bien du peuple voulu par Dieu.
      Qu’il y ait des situations particulières où un évêque autorise une action qui serait mauvaise s’il ne l’autorisait pas, je vous l’accorde. Mais dans ce cas, l’évêque parle au nom de la Sainte Eglise donc de Dieu, et c’est ainsi une autorisation supérieure à l’interdiction de règle générale, et qui l’annule de ce fait.
      Il est cependant impossible pour l’Eglise d’autoriser au nom de Dieu une action mauvaise en elle-même, car par définition ces actions ne peuvent être bonnes dans aucune circonstance.
      C’est pourquoi j’émets tout de même un doute quant au bien fondé de l’autorisation de cet évêque dont vous parlez. Pour éviter l’impureté, des vierges se sont données la mort, pourtant cela est interdit par l’Eglise, mais comme elles ne le savaient pas, ces vierges sont saintes.
      Il est permis de donner sa vie pour un autre, mais de manière indirecte (ex: Saint Maximilien Kolbe). Je ne crois pas qu’il soit permis de le faire de manière directe. Après tout, l’Histoire a déjà vu des évêques faire des erreurs, parfois coupables parfois non. Mais je ne suis pas spécialiste, et je préfère qu’un prêtre le confirme.

    13. Le texte “Veritatis splendor”, § 80, Ioannes Paulus PP. II
      http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_06081993_veritatis-splendor_fr.html
      (…)
      80. Or, la raison atteste qu’il peut exister des objets de l’acte humain qui se présentent comme « ne pouvant être ordonnés » à Dieu, parce qu’ils sont en contradiction radicale avec le bien de la personne, créée à l’image de Dieu. Ce sont les actes qui, dans la tradition morale de l’Eglise, ont été appelés « intrinsèquement mauvais » (intrinsece malum) : ils le sont toujours et en eux-mêmes, c’est-à-dire en raison de leur objet même, indépendamment des intentions ultérieures de celui qui agit et des circonstances. De ce fait, sans aucunement nier l’influence que les circonstances, et surtout les intentions, exercent sur la moralité, l’Eglise enseigne « qu’il y a des actes qui, par eux-mêmes et en eux-mêmes, indépendamment des circonstances, sont toujours gravement illicites, en raison de leur objet » 131. Dans le cadre du respect dû à la personne humaine, le Concile Vatican II lui-même donne un ample développement au sujet de ces actes : « Tout ce qui s’oppose à la vie elle-même, comme toute espèce d’homicide, le génocide, l’avortement, l’euthanasie et même le suicide délibéré ; tout ce qui constitue une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les contraintes psychologiques ; tout ce qui est offense à la dignité de l’homme, comme les conditions de vie sous-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes ; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable : toutes ces pratiques et d’autres analogues sont, en vérité, infâmes. Tandis qu’elles corrompent la civilisation, elles déshonorent ceux qui s’y livrent plus encore que ceux qui les subissent et insultent gravement l’honneur du Créateur » 132.
      Sur les actes intrinsèquement mauvais, et en référence aux pratiques contraceptives par lesquelles l’acte conjugal est rendu intentionnellement infécond, Paul VI enseigne : « En vérité, s’il est parfois licite de tolérer un moindre mal moral afin d’éviter un mal plus grand ou de promouvoir un bien plus grand, il n’est pas permis, même pour de très graves raisons, de faire le mal afin qu’il en résulte un bien (cf. Rm 3, 8), c’est-à-dire de prendre comme objet d’un acte positif de la volonté ce qui est intrinsèquement un désordre et par conséquent une chose indigne de la personne humaine, même avec l’intention de sauvegarder ou de promouvoir des biens individuels, familiaux ou sociaux » 133.
      81. En montrant l’existence d’actes intrinsèquement mauvais, l’Eglise reprend la doctrine de l’Ecriture Sainte. L’Apôtre Paul l’affirme catégoriquement : « Ne vous y trompez pas! Ni impudiques, ni idolâtres, ni adultères, ni dépravés, ni gens de mœurs infâmes, ni voleurs, ni cupides, pas plus qu’ivrognes, insulteurs ou rapaces, n’hériteront du Royaume de Dieu » (1 Co 6, 9-10).
      Si les actes sont intrinsèquement mauvais, une intention bonne ou des circonstances particulières peuvent en atténuer la malice, mais ne peuvent pas la supprimer. Ce sont des actes « irrémédiablement » mauvais ; par eux-mêmes et en eux-mêmes, ils ne peuvent être ordonnés à Dieu et au bien de la personne : « Quant aux actes qui sont par eux-mêmes des péchés (cum iam opera ipsa peccata sunt) — écrit saint Augustin —, comme le vol, la fornication, les blasphèmes, ou d’autres actes semblables, qui oserait affirmer que, accomplis pour de bonnes raisons (causis bonis), ils ne seraient pas des péchés ou, conclusion encore plus absurde, qu’ils seraient des péchés justifiés ? » 134.
      De ce fait, les circonstances ou les intentions ne pourront jamais transformer un acte intrinsèquement malhonnête de par son objet en un acte « subjectivement » honnête ou défendable comme choix.
      82. En outre, l’intention est bonne quand elle s’oriente vers le vrai bien de la personne en vue de sa fin ultime. Mais les actes dont l’objet « ne peut être ordonné » à Dieu et est « indigne de la personne humaine » s’opposent toujours et dans tous les cas à ce bien. Dans ce sens, le respect des normes qui interdisent ces actes et qui obligent semper et pro semper, c’est-à-dire sans aucune exception, non seulement ne limite pas la bonne intention, mais constitue vraiment son expression fondamentale.
      La doctrine de l’objet, source de la moralité, constitue une explicitation authentique de la morale biblique de l’Alliance et des commandements, de la charité et des vertus. La qualité morale de l’agir humain dépend de cette fidélité aux commandements, expression d’obéissance et d’amour. C’est pour cette raison, nous le répétons, qu’il faut repousser comme erronée l’opinion qui considère qu’il est impossible de qualifier moralement comme mauvais selon son genre le choix délibéré de certains comportements ou actes déterminés, en faisant abstraction de l’intention pour laquelle le choix est fait ou de la totalité des conséquences prévisibles de cet acte pour toutes les personnes concernées. Sans cette détermination rationnelle de la moralité de l’agir humain, il serait impossible d’affirmer un « ordre moral objectif » 135 et d’établir une quelconque norme déterminée du point de vue du contenu, qui obligerait sans exception ; et ce au préjudice de la fraternité humaine et de la vérité sur le bien, ainsi qu’au détriment de la communion ecclésiale.
      83. Comme on le voit, dans la question de la moralité des actes humains, et en particulier dans celle de l’existence des actes intrinsèquement mauvais, se focalise en un certain sens la question même de l’hom- me, de sa vérité et des conséquences morales qui en découlent. En reconnaissant et en enseignant l’existence du mal intrinsèque dans des actes humains déterminés, l’Eglise reste fidèle à la vérité intégrale sur l’homme, et donc elle respecte l’homme et le promeut dans sa dignité et dans sa vocation. En conséquence, elle doit repousser les théories exposées ci-dessus qui s’inscrivent en opposition avec cette vérité.
      (…)

    14. En cherchant “Veritatis splendor”, je suis tombé là-dessus. Cela vous intéressera peut-être.
      SD
      Prostitution : un travail comme un autre ?
      Publié le : 17 avril 2008 Source : Zenit.org
      http://news.catholique.org/analyses/18977-prostitution-un-travail-comme-un-autre
      Le scandale qui a frappé le gouverneur de l’Etat de New York, Eliot Spitzer, contraint à présenter sa démission après avoir été accusé de fréquenter des prostituées, relance le débat sur le sexe moyennant paiement.
      Dans un article d’opinion paru le 13 mars sur le Los Angeles Times, Patty Kelly, professeur d’anthropologie à l’Université George Washington, affirme que la prostitution fait partie de notre culture et qu’elle devrait être dépénalisée.
      Au Canada, l’éditorialiste Jeet Heer relève, dans un artiche paru le 12 mars, que beaucoup d’hommes politiques sont des clients assidus de la prostitution. Il estime donc que la prostitution est un travail comme un autre et qu’il devrait être légalisé.
      Avant le scandale Spitzer, l’éditorialiste David Aaronovitch, du Times à Londres, affirmait dans son article du 15 janvier que le sexe payant entre adultes n’a rien de mal. Depuis quelque temps, déjà, les autorités britanniques discutent sur une éventuelle modification des normes régissant la prostitution, bien que toute intervention semble pour le moment avoir été reportée.
      Mais la presse anglaise a également publié de nombreux articles qui prennent position contre toute forme de légalisation. Le 19 janvier, le Times s’est fait l’écho d’un livre, publié récemment en France, dont l’auteur est une jeune étudiante de 19 ans qui se fait appeler Laura D. Cette jeune fille a payé sa première année universitaire en travaillant comme prostituée et a écrit ce livre pour recommander aux autres filles de ne pas suivre son exemple.
      Dans son livre, rapporte le Times, la jeune étudiante décrit son expérience comme une expérience désagréable et assimilable à une forme de domination financière. Elle raconte que depuis qu’elle a quitté son activité, il lui est difficile d’avoir une relation avec l’autre sexe.
      Janice Turner, sur le Times du 23 février, écrit quant à elle que la grande majorité des femmes qui s’adonnent à la prostitution souhaite en sortir. Elle pense que les maisons closes légalisées en Hollande sont comme des « aimants pour le crime organisé et les trafiquants de drogue ». La situation, ajoute-t-elle, n’est pas différente dans les centres de prostitution légalisée au Nevada, où bon nombre de femmes sont souvent traitées de façon cruelle.
      Sur le journal canadien National Post du 13 mars, est parue une réponse à l’article de Jeet Heer. Selon la journaliste Barbara Kay, la prostitution n’est pas un travail comme un autre et ne saurait être considérée comme tel. « Les prostituées font quelque chose qui relève de l’inhumain, pour satisfaire des instincts qui, dans un monde vraiment ‘meilleur’, pourraient être canalisés dans des relations plus dignes et fécondes », affirme-t-elle
      « Vendre son corps n’est pas un comportement dont on peut être fier, car la structure psychologique du genre humain veut que l’estime de soi chez la femme soit indissociable de son comportement sexuel », ajoute-t-elle.
      Les victimes
      Au moment du scandale Spitzer, en Grande Bretagne sortait un livre sur les politiques de l’Etat en matière de prostitution. L’ouvrage, intitulé « Prostitution, Politics and Policy » (Routledge-Cavendish), écrit par Roger Matthews, rapporte les conclusions de 20 années de recherche et d’étude sur le phénomène de la prostitution.
      R. Matthews, professeur de criminologie à la London South Bank University, énonce une série de problèmes liés à la prostitution. Ceux qui favorisent sa dépénalisation, souligne-t-il, considèrent que la prostitution est un délit sans victimes. Une position qui, selon lui, est pour le moins superficielle.
      Les personnes qui se prostituent, surtout les femmes qui exercent sur le bord des routes, représentent un des groupes sociaux les plus exposés, estime le professeur Matthews. Beaucoup de ces femmes ont un passé lourd (abus, abandon) et beaucoup d’entre elles sont des toxicomanes. Les estimations varient, ajoute l’auteur, mais d’après plusieurs études réalisées dans divers pays, on estime qu’entre 50% et 90% des prostituées qui sont dans la rue ont subi des abus ou vécu un abandon durant leur enfance.
      Ces femmes sont également les plus exposées aux problèmes de logement, de chômage et de pauvreté. Leur vulnérabilité et le manque d’estime de soi font qu’elles se laissent plus facilement exploitées par ceux qui finiront pas les entraîner dans la prostitution, ajoute R. Matthews.
      Contrairement à ceux qui dépeignent la prostitution comme un libre choix ou un moyen de libération pour la femme, le professeur souligne que beaucoup de femmes s’adonnent à la prostitution pour pouvoir acheter de la drogue ou d’autres nécessités urgentes. Selon les données rapportées dans son livre, 10 à 15% de femmes se trouveraient sous la coupe de ‘protecteurs’ les forçant à se prostituer.
      Selon R. Matthews « derrière l’apparente indépendance et autonomie se cache un grand nombre de femmes qui ont perdu toutes leurs illusions et qui finissent peu à peu par perdre l’estime de soi ». Un problème qui s’aggrave au fur et à mesure que ces femmes avancent dans l’âge et qu’elles perdent leur pouvoir de séduction.
      Superficialité
      Retirer les prostituées de la rue et légaliser la prostitution peut paraître une solution, mais elle ne l’est que d’un point de vue superficiel, explique le criminologue dans un son livre.
      R. Matthews rapporte le cas de l’Etat australien de Victoria où, relève-t-il, la légalisation de la prostitution a conduit non seulement à une prolifération des maisons closes, mais à une hausse également de la prostitution illégale. Les conditions de travail, dans beaucoup de cas, ne se sont guère améliorées, et les cas de violence sur les femmes se sont multipliés.
      On retrouve les mêmes problèmes aux Pays-Bas, poursuit R. Matthews, au point que les autorités ont décidé récemment de fermer de nombreuses maisons closes, pourtant légales. Quant à l’expérience allemande, elle montre, selon l’auteur, que la légalisation a augmenté la présence des prostituées dans la rue au lieu de la réduire.
      Concernant les contrôles sanitaires qui sont de rigueur dans les structures légalisées, le prof. Matthews affirme que leur efficacité est en réalité très relative, vu que les clients n’y sont pas soumis. Il s’agit donc d’un examen sans grande valeur qui pourrait d’ailleurs faire croire aux gens qu’ils sont en sécurité alors qu’ils ne le sont pas.
      Offense à la dignité
      L’enseignement de l’Eglise sur la prostitution est clair. Le catéchisme de l’Eglise catholique observe que les personnes impliquées dans ce genre de services sont offensées dans leur dignité, car elles sont réduites à un simple instrument de plaisir sexuel. Le n. 2355 critique également les personnes qui paient, affirmant qu’elles pèchent gravement contre elles-mêmes.
      Ces derniers temps, l’Eglise a mis un accent particulier sur les violations de la dignité humaine par la prostitution. Le document conciliaire « Gaudium et spes » dresse une liste de tout ce qui constitue une « offense à la vie et à l’intégrité de la personne humaine », dont la prostitution.
      De telles offenses « corrompent la civilisation humaine », affirme le document (n. 27).
      Dans l’encyclique Veritatis splendor, le pape Jean-Paul II reprend l’énoncé de toutes les offenses contenues dans la constitution « Gaudium et spes » (5), soulignant que leur nature veut qu’elles soient considérées comme des actes « intrinsèquement mauvais », et donc toujours gravement illicites (n. 80).
      Puis, Jean-Paul II, dans son autre encyclique Evangelium vitae, renvoie à la même liste de violations et d’atteintes à la vie humaine, en disant trente ans plus tard : « Encore une fois et tout aussi fermement je les déplore au nom de l’Eglise entière » (n. 3).
      Benoît XVI a lui aussi soulevé les problèmes de la prostitution dans le discours qu’il a adressé le 13 décembre au nouvel ambassadeur de Thaïlande près le Saint-Siège, et dans lequel il rappelle la préoccupation de l’Eglise pour des fléaux comme « la plaie du SIDA, la prostitution et le commerce de femmes et d’enfants qui continuent d’affliger les pays de la région » du sud-est asiatique.
      Le pape avait alors déploré la superficialité avec laquelle la sexualité est traitée dans les moyens de communication sociale, ce qui conduit à donner une image dégradante de la femme et à des abus contre les enfants. Affronter ces crimes serait un tournant décisif d’espérance et de dignité pour tous les intéressés, avait déclaré le pape. Un sentiment que partagent tant de personnes qui se préoccupent du sort de toutes les femmes prisonnières de la prostitution.
      P. John Flynn, l.c.
      Traduction française : Isabelle Cousturié

    15. 2 réflexions :
      – un des aspects les plus tristes de l’histoire de Récife qui m’est apparu, est bien la perception de la petite fille. Le curé de la paroisse, qui l’a accompagné, précise bien qu’elle se savait enceinte,de deux enfants, et que d’une façon évidemment très immature , elle s’en réjouissait, se voyant déjà jouer à la poupée avec sa soeur. De fait, peut être pour cette raison , l’hopital qui l’a avorté à préféré lui faire croire qu’on l’endormait pour lui administrer “un vermifuge”. Curieuse façon de procéder qui pour des gens soit disant soucieux avant tout de la santé psychologique de l’enfant,et qui n’ont jamais évoqué sa volonté…drôles de psychologues ! ( liens sur ces témoignages depuis le blog de Jeanne Smits)
      -Je suis très étonnée par ce que je lis sur les grossesses ectopiques.
      Si je lis bien Monsieur Arduin, il faudrait donc systématiquement poursuivre une grossesse extra-utérine ( donc sans aucune chance de survie de l’embryon ), jusqu’à ce que la vie de la mère soit nettement en danger, seul élément qui puisse permettre de mettre fin à la grossesse ( et uniquement de façon indirecte) .
      Donc, en l’absence de solutions éthiques, dans le cas de ces grossesses impossibles, la seule attitude licite serait celle qui consiste à faire encourir un maximum de risques à la mère .

    16. Veritatis Splendor explique bien mieux que moi ce que je voulais dire. Merci SD.
      ewart : Oui, le seule attitude qui respecte la création de Dieu est celle qui consiste à se soigner de son mieux, sans désirer la mort de l’enfant à naitre, en acceptant cette mort si elle constitue un effet secondaire du médicament, sans pour autant la vouloir, et en acceptant sa propre mort s’il n’y a aucun moyen licite de survivre.
      Cela rejoint la réflexion sur l’euthanasie :
      Même si l’on sait qu’une personne va mourir, en aucun cas il ne nous est permis de lui donner la mort nous-même, même si cela engendrerait des effets bons.

    17. Merci pour votre réponse et, plus généralement, pour tout le travail que vous faites sur ce blog.
      Amicalement
      Romain

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