Dans Paradis perdus, Josselin Monclar raconte l'histoire d'un jeune étudiant français accueilli par une famille de chrétiens libanais, à Beyrouth. Au contact de ces maronites du quartier d’Achrafieh, il découvre le drame des chrétiens du Liban, leur martyr, leur souffrance, leur histoire… Un roman qui se lit comme une histoire vraie, tellement vraie qu'elle pourrait nous arriver. Extraits :
"Tu sais, reprend Karim, il y a deux choses essentielles à retenir dans notre guerre. La première, c'est qu'elle fut une guerre de préfiguration. Elle a annoncé, selon moi, ce que seront les conflits du XXIe siècle : des conflits de civilisation se polarisant autour d'oppositions religieuses. Les idéologies sécularisées occidentales, le primat de votre technologie et la Guerre froide, ont occulté la place de la religion dans les grands affrontements passés. Vous avez cru que la sagesse des hommes épris de progrès les mettrait à l'abri du retour de l'obscurantisme religieux. C'était une illusion. Les forces de l'esprit sont toujours plus fortes que tous les matérialismes. L'échec de vos systèmes, la démocratisation de la technologie et la fin des équilibres résultant de cette glaciation politique, libèrent des forces qui étaient contenues jusqu'alors par vos valeurs et votre puissance. Le basculement s'est d'abord opéré chez nous, ce petit laboratoire des conflits où chacun exportait sa violence."
"En Europe, en faisant de la religion une affaire purement privée, vous avez construit des sociétés horizontales. Elles reposent sur le relativisme qui vous assure une paix intérieure, avec la juxtaposition de communautés de croyance qui sont censées se valoir et doivent cantonner à la sphère privée l'expression de leur foi. Cette paix est, elle aussi, toute relative. L'arrivée massive de musulmans en Occident finira par se traduire par une remise en cause de tous vos gentils principes au nom de la verticalité inhérente à l'islam qui subordonne le temporel au spirituel."