Extrait de l'homélie du Pape pour la canonisation de Saint Junipero Serra :
"[…] Voulons-nous, oui ou non, que la résignation soit le moteur de notre vie ? Voulons-nous, oui ou non, que l’accoutumance s’empare de nos vies ? Pour cela, nous pouvons nous demander: comment faire pour que notre cœur ne s’anesthésie pas? Comment approfondir la joie de l’Evangile dans les différentes situations de notre vie?
Jésus l’a dit aux disciples d’hier et il nous le dit aujourd’hui: allez, annoncez! La joie de l’Evangile, on l’expérimente, on la connaît et on la vit uniquement en la donnant, en se donnant.
L’esprit du monde nous invite au conformisme, au confort; face à cet esprit humain, «il faut reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde» (Laudato si’, n. 229). La responsabilité d’annoncer le message de Jésus. En effet, la source de notre joie naît de ce désir inépuisable d’offrir la miséricorde, fruit de l’expérience de l’infinie miséricorde du Père et de sa force communicative (cf. Evangelii gaudium, n. 24). Allez annoncer à tous en oignant et oindre en annonçant. C’est à cela que le Seigneur nous invite aujourd’hui, nous disant:
La joie, le chrétien l’expérimente dans la mission: allez vers les peuples de toutes les nations.
La joie, le chrétien la trouve dans une invitation: allez et annoncez.
La joie, le chrétien la renouvelle, l’actualise à travers un appel: allez et oignez.
Jésus les envoie à toutes les nations. A tous les peuples. Et dans ce ‘‘toutes’’ d’il y a deux mille ans, nous étions inclus nous aussi. Jésus ne nous donne pas une liste sélective de celui qui est digne ou pas, de ceux qui sont dignes ou pas de recevoir son message, sa présence. Au contraire, il a toujours embrassé la vie comme elle se présentait à lui. Avec un visage de douleur, de faim, de maladie, de péché. Avec un visage de blessures, de soif, de fatigue. Avec un visage de doutes et de pitié. Loin d’attendre une vie maquillée, décorée, parée, il l’a embrassée comme elle venait à sa rencontre. Même si c’était une vie qui souvent apparaissait défaite, souillée, détruite. A tous, Jésus a dit, allez et annoncez; allez et embrassez, en mon nom, toute cette vie comme elle est et non comme il nous plairait qu’elle soit. Allez à la croisée des chemins, allez… annoncer sans peur, sans préjugés, sans supériorité, sans purismes, à tous ceux qui ont perdu la joie de vivre, allez annoncer l’embrassade miséricordieuse du Père. Allez vers ceux qui vivent avec le poids de la douleur, de l’échec, du sentiment d’une vie tronquée et annoncez la folie d’un Père qui cherche à les oindre avec l’huile de l’espérance, du salut. Allez annoncer que l’erreur, les illusions trompeuses, les faux pas n’ont pas le dernier mot dans la vie d’une personne. Allez avec l’huile qui calme les blessures et restaure le cœur.
La mission ne naît jamais d’un projet parfaitement élaboré ou d’un manuel très structuré et planifié; la mission naît toujours d’une vie qui s’est sentie recherchée et guérie, rencontrée et pardonnée. La mission naît de l’expérience toujours renouvelée de l’onction miséricordieuse de Dieu. […]"