La laïcité à la Corse : un modèle pour la France ?

Laurent Marcangeli, député maire d'Ajaccio, signe une tribune dans Le Figarovox :

[…] En Corse, plus qu'ailleurs, l'identité est vécue comme le ciment du vivre ensemble. Ici, personne ne songerait à remettre en cause, au nom de la laïcité, des traditions populaires essentielles à la cohésion sociale. Ainsi, le 18 mars dernier à Ajaccio, toute la population célébrait ensemble, la Madunuccia, une grande fête en l'honneur de Notre Dame de la Miséricorde, Sainte patronne d'Ajaccio depuis 1656. Sans soulever la moindre polémique. Les élus, les prêtres et les Ajacciens, croyants ou pas, ont défilé ensemble, en harmonie, derrière la statue de la Vierge. Cette identité, cette cohésion, c'est aussi un fondement du pacte républicain qui s'est construit au fil du temps, de notre histoire culturelle et politique. C'est notre socle de valeurs, culturel et politique qui s'est construit au fil du temps, de notre histoire. C'est vrai pour ce territoire mais c'est vrai aussi pour la France, pour la République, pour le pacte social qui nous uni. Mais ce pacte, aujourd'hui vacille. Il doit être restauré, reconquis car il est le cœur de notre identité collective.

Il est urgent de ré affirmer cette identité avec force ; non de la repenser. Le politique doit pouvoir affronter les questions qui se posent aujourd'hui sans se résigner et s'il le faut interroger le peuple français. Il y a urgence à construire l'avenir mais en restant fidèle à nos valeurs: être Français c'est privilégier une communauté de destin qui nous lie à nos compatriotes, sans oublier notre héritage et nos racines, dans une République une et indivisible. C'est une véritable reconquête de notre identité collective et de notre pacte républicain qu'il faut engager.

[…] Depuis des années, l'usage même des termes immigration, identité, intégration a été porté par l'extrême droite avec l'accord tacite de l'ensemble de la classe politique, déclenchant des réactions exacerbées. Aucune réponse de fond n'a été apportée pour répondre aux problèmes, tensions et inquiétudes liées à l'immigration et à ses dérives, aux échecs de notre modèle d'intégration et à la question cruciale de notre identité collective, de notre destin commun, face aux mutations profondes de la société. La gauche, cynique, s'est tournée par électoralisme vers les populations immigrées en expansion démographique. La droite n'a pu aborder les problèmes sereinement, chaque tentative de le faire, en particulier par Nicolas Sarkozy, ayant été diabolisée. Il faut aujourd'hui réaffirmer notre identité, indissociable des valeurs de la République. Mais sans se tromper de débat, car nous nous ferions les mauvais choix, au prétexte de désamorcer les tensions et nous pourrions y perdre notre âme. Ce qui se joue aujourd'hui c'est l'avenir de notre République.