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Liberté d'expression

La leçon de conduite du professeur Raoult

La leçon de conduite du professeur Raoult

De Marion Duvauchel :

Le mercredi 30 avril, BFMTV a fort opportunément interviewé le professeur Raoult.

Les JT du lendemain sont restés muets sur la question. Pas un seul commentaire. Pareil sur C dans l’air où il n’a été question que de la carte aux couleurs problématiques. Mais la presse écrite, y compris les magazines people comme Gala, Voici, ont répercuté l’interview. Femme actuelle a sorti le témoignage anonyme d’une chercheuse qui dénonce le management dictatorial et bien sûr le fait qu’il ait protégé des agressions sexuelles. On ferait n’importe quoi pour vendre du papier aujourd’hui.

Ça semble tout de même bien curieux que le Journal télévisé, toujours bavard, soit resté silencieux sur cette interview. Y aurait-il eu des consignes de la part du ministère de la santé ? C’est fort probable car on ne parle jamais du professeur Raoult, alors que de plus en plus de chefs de services sont interviewés sur ces questions : grand Manitou des urgentistes, chef de services des hôpitaux de grandes villes diverses etc…

Quoi qu’il en soit l’interview a duré une heure et nous n’y avons pas appris grand-chose à propos du remède qu’il préconise depuis le début de la crise, il n’a pas changé d’avis sur cette question dont on n’ignore plus rien : on a un médicament qui marche, mais le ministère de la santé a interdit aux médecins de le prescrire, sauf quand il est trop tard.

Ce monsieur placide en blouse blanche laissant voir sa chemise de bûcheron du Montana a donné au journalisme en la personne de la demoiselle en face une belle leçon de conduite. Ni dogmatisme, ni rodomontades. Oui, il a dit qu’il était un vrai scientifique. Ce qui voulait dire qu’il a la rigueur des scientifiques quand il présente des tableaux de données, contrairement à ceux qui sont diffusés dans la presse. Oui, il a affirmé avec une belle simplicité qu’il « n’est évidemment pas concerné par les menaces du conseil de l’ordre ». Ce qui signifie qu’il a bien fait l’objet d’intimidations par ce même conseil de l’ordre. Quand on menace quelqu’un sans objet, sans raison valide, cela s’appelle de l’intimidation.

La technique d’interview était d’une bêtise presque cruelle pour la journaliste qui la mettait en œuvre : elle consistait à répéter la même question plusieurs fois. C’est un homme placide, mais il n’aime pas qu’on le prenne pour un imbécile et il répondu à chaque fois qu’il venait de répondre à la question. Entendre : « je vous fais la grâce d’un entretien, je réponds à vos questions, je ne réponds pas deux  fois à une même question ». C’était fait gentiment, on sent le gentleman. Il avait une femme en face de lui, et on ne traite pas une femme comme un homme quand on est un gentleman.

Alors évidemment la journaliste l’a entraîné sur le terrain de sa personne : son look de rocker, sa bague en forme de tête de mort, ses cheveux longs. Il a répondu avec beaucoup de bonne grâce. En bref, il a désamorcé ce qu’il y avait de vicieux et de bête dans la technique d’entretien. Il fallait lui demander clairement : vous faites partie d’une secte sataniste pour porter une bague en forme de tête de mort ? vous êtes un adepte de la scientologie pour porter les cheveux et la barbe à la mode Merlin ? Ou vous avez été amish dans une vie antérieure ? Mais non, il est le fils d’un général qui portait aussi les cheveux longs. Il n’aime pas se raser quand il est en vacances, sa femme a trouvé que ça lui allait bien. Il vieillit, et n’hésite pas à le dire, la barbe ça cache les rides.

Bref, non, son look ne dissimule rien d’infâmant.

Et puis, c’est un homme seul… Mais pas du tout a t-il répondu gentiment, j’ai tous les médecins avec moi. Même Agnès Buzyn a prescrit le remède qu’il préconise. Ce qu’il a salué : elle est médecin avant d’être une politique.

Mais l’offense suprême au journalisme en général et à celui de BFMTV en particulier, c’est qu’il ose dire avec sa magnifique simplicité qu’il n’en a rien à fiche de ce qu’on pense de lui. La journaliste a insisté. Forcément, une grande partie de son métier consiste à travailler sur l’image des gens. Alors quelqu’un qui n’en a rien à fiche de ce qu’on pense de lui, forcément, c’est insupportable. On n’a pas de prise sur lui. Mais si, c’est vrai. Il s’en fout vraiment.

Il y a même des gens qui ont trouvé la décoration de son bureau narcissique parce qu’il y a des portraits de lui. Ça a quelque chose à voir avec ses travaux, avec sa position dans le monde de la recherche ? Bon, un ami l’a dessiné. Il a mis le dessin au mur. Et alors ?

Ceux qui ont écouté cette interview n’ont pas pu ne pas noter qu’il n’a jamais porté la moindre accusation directe. Macron ? C’était une bonne idée de venir le voir, il lui a écrit un mot gentil de remerciement, il a trouvé son établissement tout à fait bien. Bon, il n’a pas modifié ses décisions. Mais c’est parce que sa marge de décision est très faible. Tous ces politiques sont conseillés par tout un apparatchik qui est le véritable décideur. Entendre, anonyme et sans visage.

La politique ? Vous y avez songé ? demande la bécasse en face. Non, ce n’est pas son truc, c’est un métier. La preuve, tous ces gens au pouvoir actuellement n’y connaisse pas grand-chose. Le conseil scientifique qu’il a quitté ? Mais ce n’est pas son écosystème. Son écosystème, c’est la recherche, l’enseignement, en particulier en histoire des sciences et en épistémologie. Pourquoi on a réagi ainsi ? Mais parce qu’on fonctionne avec un paradigme moderne depuis un siècle.

Les chiffres ? Mais si, il en donne. Et une explication. Pourquoi a t-on tant de morts dans l’Europe de l’Ouest ? Mais parce qu’on est un pays vieux, un pays qui a peur, qui n’aime pas le risque, et même qui a peur du risque, et la mort est un risque. On n’a pas traversé d’épreuves comme la guerre, on a une vie confortable, et on veut la sécurité maximale. On a pris les décisions qui en découlent. C’était tout à fait bien expliqué, en mots simples, sans caricature.

Pour le reste, il le dit : le développement du virus a la forme d’une cloche, comme les autres épidémies. Il n’est pas différent, il va disparaître comme il est venu. Non, il ne pense pas qu’il vient d’un laboratoire chinois, parce qu’il pense que les Chinois ne mentent pas plus que les Français.

Interprétez comme vous pouvez !

Mais surtout, surtout, et là-dessus, il a insisté trois fois dans le cours de l’entretien, et pour un homme qui n’aime pas se répéter, on ferait bien d’y prêter attention : on ne sait rien des éventuelles séquelles de ce virus dans les organismes qui en ont été infecté.

Et il y a beaucoup d’hommes et de femmes et qui ont été infectés.

Ce n’est pas une prédiction, c’est une alerte.

Alerte que, selon toute apparence, la presse n’a pas entendue.

Et le dit aussi : il aime son pays, malgré toutes ses extravagances…

Si c’est un narcissique, alors on aimerait en écouter d’autres de le même farine, des narcissiques de cet espèce là.

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3 commentaires

  1. Appolline a fait ses études aux Oiseaux puis à Sciences Po. BFM l’envoie au casse-pipe avec cette interview. Les autres n’osaient pas, sans doute. Si vous voulez une interview sans questions oiseuses et répétitives, vous tapez “Raoult” sur google et vous avez son dernier you tube fait avec La Provence. Malgré tout, il ajoute ici quelques considérations géopolitiques intéressantes car il connaît parfaitement ce qui se passe dans le monde du point de vue médical et constate que les pays dits pauvres ou en voie de développement nous rattrapent souvent à grandes enjambées. Il n’a pas voulu reprendre à son compte les allégations du professeur Montagnier, prix Nobel de médecine, sur les hybridations de virus à Wuhan, il n’a rien à y gagner. Mais un grand ponte de la politique médicale nous a asséné froidement, à une autre émission télé, que des laboratoires européens étaient près de mettre au point un vaccin anti-covid. Leur méthode : hybridation de virus pathogènes, comme à Wuhan. Vous êtes partants pour une vaccination obligatoire en 2022 ?

  2. On aurait tort de sous estimer l’adversaire. Nous avons probablement affaire à une opération menée brillamment, où même les cafouillages étaient prévus pour entretenir la confusion. Raoult est le grain de sable imprévu. Son intervention était intéressante pour alimenter la confusion, mais ce qui est inacceptable dans son discours c’est l’annonce de la fin de l’épidémie : on a absolument besoin de nouvelles vagues épidémiques pour justifier vaccin et traçage.

  3. Et il a également souligné que le traitement qu’il préconise est un traitement économique. Les laboratoires pharmaceutiques cherchent en permanence de nouvelles molécules dans le but de vendre des médicaments infiniment plus chers, rapportant ainsi des bénéfices énormes.

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