"Le Sénat débattra le 25 janvier prochain de l’opportunité de légaliser l’euthanasie et le suicide médicalement assisté. Les trois propositions de loi communiste, socialiste et UMP qui seront discutées en séance publique revendiquent la liberté des malades à bénéficier d’une « aide active à mourir » lorsqu’ils jugent leur état incompatible avec la dignité humaine. Une manipulation idéologique des mots lourde de conséquences.
Dans l’exposé des motifs de sa proposition de loi, le sénateur communiste Guy Fischer fait de l’euthanasie volontaire « la dernière liberté à conquérir » après la contraception, l’interruption volontaire de grossesse, la procréation médicalement assistée et la stérilisation. Même son de cloche dans celle d’Alain Fouché (UMP) […] Et bien sûr dans la proposition de loi de la quarantaine d’élus socialistes qui font découler le « droit » à l’euthanasie du « principe de liberté fondement de notre République». La thèse avancée pour autoriser l’euthanasie est donc celle qui consiste à dire qu’elle serait un droit fondamental de l’individu dès lors qu’elle est librement choisie par un adulte en pleine possession de ses facultés. À ceci nous pouvons émettre deux objections.
La première est que ce pseudo-argument oublie complètement que l’euthanasie ou le suicide médicalement assisté ne sont et ne seront jamais le lieu d’exercice d’une liberté purement individuelle. En effet, […] les promoteurs de l’euthanasie se focalisent sur la demande et les procédures garantissant le bien-fondé du consentement libre de la démarche du malade, oubliant l’autre moitié du contrat : la réponse qu’il faut apporter à cet appel. Autrement dit, en faisant peser sur des tiers, en l’occurrence les médecins, l’obligation de rendre effectif un droit à mourir, on se retrouve devant le paradoxe d’une liberté qui a besoin de l’autre et qui n’est finalement que l’expression de l’impuissance d’un individu qui a besoin de la puissance d’agir des autres pour être effective. […]
La deuxième objection est que la liberté revendiquée d’un malade qui souffre n’existe tout simplement pas. La demande de mort n’est la plupart du temps que l’expression d’un appel désespéré, d’un appel au secours. […]
Deuxième thèse mise en avant pour légitimer l’euthanasie : la perte de la dignité. Le sénateur UMP Alain Fouché, rejoint par les argumentaires de ses collègues communistes et socialistes, le dit en termes lapidaires : «Toute personne en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable ou placée dans un état de dépendance qu’elle estime incompatible avec sa dignité peut demander à bénéficier d’une assistance médicale à mourir.» L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) aurait-elle rédigé les trois propositions de loi sénatoriales ?
Quoi qu’il en soit, on y retrouve la rhétorique éculée de cette association qui ne voit la dignité qu’à travers le seul prisme du regard de l’autre et qui la fait dépendre de facteurs extérieurs comme l’âge, la santé, la beauté, la productivité. La permission légale de l’euthanasie reviendrait in fine à inscrire dans la loi le caractère relatif de la dignité humaine. Pour les partisans de l’euthanasie, il y a des situations où la dignité de la vie humaine peut être mise en doute, mesurable à l’aune de critères variables. […]"
La liberté revendiquée d’un malade qui souffre n’existe pas
8 commentaires
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lechat41
«Toute personne en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable ou placée dans un état de dépendance qu’elle estime incompatible avec sa dignité peut demander à bénéficier d’une assistance médicale à mourir.»
Et un peu plus tard, selon la stratégie des petits pas et pour faire faire des économies au système on remplacera la possibilité par une obligation. Qu’elle monstruosité !!!
Ethos
Quelles ordures!
Cassianus
– Une liberté qui n’aurait pas besoin de l’autre n’aurait pas besoin non plus d’être revendiquée.
– On ne peut pas dire que la liberté revendiquée n’existe pas si” la demande mort n’est la PLUPART DU TEMPS que”, etc. La plupart du temps, ce n’est pas toujours, et, dans ce temps qui n’est pas compris dans la plupart du temps, il y a place pour l’existence de ladite liberté revendiquée.
– Il y a, même pour les chrétiens, des situations qui sont contraires à la dignité humaine. Il vaut mieux mourir que pécher, disent unanimement tous les moralistes chrétiens. Cela veut dire que peut se présenter à la conscience chrétienne le choix entre l’indignité et la mort.
– S’il n’y a pas de Dieu pour punir dans l’au-delà le péché de suicide, quel peut bien être l’inconvénient de se suicider ?
Le débat sur l’euthanasie est sans aucun suspens : l’euthanasie sera légalisée, comme le divorce, la contraception, l’avortement et toutes les immoralités qui ont besoin d’une certaine croyance religieuse pour être reconnues comme des immoralités. La “loi naturelle” est un concept religieux. Il faut se faire à cette constatation et agir en conséquence.
RC
Excellent argument que celui de l’absence de libre arbitre du souffrant.
De même que des aveux extorqués sous la torture n’ont aucune valeur car on sait pertinemment que la douleur faire avouer n’importe-quoi.
perry
Mourir dans la dignité, oui, mais pour moi cela veut dire etre considéré comme un etre humain jusqu’au dernier soupir…et non comme un objet encombrant qui,puisqu’il ne se gouverne plus, est seulement la source de travaux et de fatigue pour ceux qui le soignent.. le mourant entend les réflexions malséantes et cela redouble son mal! Pour mourir dans la dignité, ne faudrait_il pas que chacun soit entouré de charité juqu’au dernier passage ? Ubi caritas et amor…
JCM
Autre argument :
en otant la vie à mon prochain, je lui retire définitivement sa liberté toute aussi fondamentale de changer d’avis !
Voila pourquoi c’est un acte qu’un tiers ne peut pas faire. L’argument du respect de la liberté est bien fallacieux.
JCM
Autre argument :
Mettre fin à la vie d’autrui, c’est lui retirer un droit toute aussi fondamental : celui de changer d’avis ! Le tiers qui commettrai cet acte ne respecterai donc pas la liberté du malade.
C.B.
«Toute personne en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable ou placée dans un état de dépendance qu’elle estime incompatible avec sa dignité peut demander à bénéficier d’une assistance médicale à mourir.»
A contrario, aurons-nous au moins la réaffirmation que toute personne qui refuse de “demander à bénéficier d’une assistance médicale à mourir”, quelles qu’en soient les raisons, DOIT voir ce refus respecté, et ne peut se voir imposer une solution différente, mais continue à avoir le DROIT à voir ses souffrances atténuées par tout moyen existant?
Qui détermine ce qui fait la dignité d’un être humain?