Lu dans Monde & Vie, cette courte et percutante réflexion suite au voyage de Benoît XVI en République Tchèque :
"A tous les chrétiens tchèques, qui pourraient être saisis par le doute, depuis l’avion qui l’emmène de l’aéroport de Ciampino à Pragues, Benoît XVI martèle sereinement :
"Ce sont des minorités créatives qui déterminent l’histoire. En ce sens, l’Église catholique doit être considérée comme une minorité créative, avec un héritage de valeurs qui ne sont pas dépassées !"
Ce message, dans sa crudité et sa franchise est vraiment très nouveau. Il pourrait bien caractériser non seulement ce voyage de trois jours mais tout un pontificat. […] Benoît XVI, lui, a conscience de faire partie d’une Eglise minoritaire dans un monde qui souvent l’exclut par principe et refuse de la reconnaître. Ce n’est pas un hasard s’il a voulu appeler son grand livre d’entretiens Le sel de la terre. Selon la parabole évangélique, il voit les chrétiens non pas d’abord d’un point de vue quantitatif comme les militants innombrables […] mais plutôt selon la parabole évangélique, comme la petite poignée qui donne goût à toute la pâte humaine, en se singularisant sans crainte. «Seules de petites minorités résistent» écrivait de son côté René Girard. […] Fini le mirage du nombre ! Ce qui compte, chez les personnes qui s’engagent, c’est la qualité de la foi et la puissance de l’espérance."
qiq
Certains diraient le levain dans la pâte, cher aux chrétiens enfouis…
alexthor
Ah bon?
Jeanne Smits
Le message est nouveau, mais pas dans la bouche de Joseph Ratzinger. C’était même la conclusion de son livre : “L’Europe : ses fondements aujourd’hui et demain” qui reprend son discours à la Minerva en 2005 me semble-t-il. Il y notait le drame des cultures sans Dieu, ajoutant que “même la multiculturalité nous appelle à entrer de nouveau en nous-mêmes”.
Dernières lignes de cet important discours (je traduis plutôt que de retenir la traduction publiée) :
“Comment iront les choses dans l’Europe du futur, nous ne le savons pas. La Charte des droits fondamentaux peut constituer un premier pas, un signe de ce que l’Europe recherche de nouveau et consciemment son âme. En cela il faut donner raison à Toynbee, selon qui le destin d’une société dépend toujours de minorités créatives. Les chrétiens croyants devraient se concevoir eux-mêmes comme une telle minorité créative et contribuer à ce que l’Europe se réapproprie le meilleur de son héritage et soit ainsi au service de l’humanité tout entière.”