Pierre-Olivier Arduin revient sur la mort d'Eluana le 9 février dernier :
" En l’espèce, le jugement éthique apporté par le Magistère n’a strictement aucun caractère confessionnel mais repose sur une argumentation rationnelle très précise, prenant en compte les dernières données de la science et de la clinique sur l’état végétatif ainsi que le statut de soin proportionné de l’alimentation assistée médicalement. Rappelons quelques éléments (…) :
(…) Les personnes en état végétatif ne sont pas dans une situation de fin de vie comme l’attestent tous les spécialistes des malades cérébro-lésés. Leurs grandes fonctions vitales se soutiennent d’elles-mêmes. La respiration est parfaitement autonome, la personne présente des cycles veille/sommeil réguliers, le métabolisme est normal. Eluana rentrait dans ce tableau clinique bien connu des neurologues, nécessitant seulement de soins de kinésithérapie pour entretenir sa tonicité musculaire ainsi que la pose d’une sonde nasogastrique à chaque repas pour lui administrer des nutriments fluides et enrichis. En effet, on comprend que chez ces patients inconscients, l’alimentation assistée ne fait que pallier, de manière totalement efficace et proportionnée, un défaut de déglutition en répondant à un besoin de base de l’organisme. Elle relève du « prendre soin », ce que pratiquaient avec attention et compassion au quotidien les sœurs de la Miséricorde qui l’ont soignée pendant 14 ans.
Il n’y a qu’un seul moyen de faire mourir cette catégorie de patients. Leur retirer toute alimentation, leur administrer des épileptiques pour éviter qu’ils convulsent et les sédater au cas où ils souffriraient. La cause de leur mort n’est donc pas l’état végétatif dans lequel ils sont plongés mais l’acte intentionnel de suspendre le seul soin qui est indispensable pour soutenir leur vie. Nous avons donc affaire à un acte euthanasique délibéré dont l’issue est parfaitement anticipée par le médecin qui le réalise. À aucun moment on ne peut parler d’acharnement thérapeutique.
Retirer la sonde d’alimentation d’un patient dont l’état est stable constitue en définitive une euthanasie qui ne dirait pas son nom. Le raisonnement est fondé en dernier ressort sur le fait que la vie de ces personnes nous apparaît insupportable et que leur existence ne vaut pas la peine d’être vécue : elle porte en germe une logique de discrimination et de dérive euthanasique qu’a parfaitement perçue le gouvernement italien (…)"
Philippe Carhon (via Liberté Politique)
HB
La mort d’Eluana : un acte d’euthanasie
NON: un meurtre avec préméditation!
[C’est la même chose :CQFD
PC]
Sancenay
Cela confirme si besoin était que la loi Léonetti légalise de fait cette effroyable modalité d’euthanasie qui consiste à supprimer l’alimentation et/ ou l’hydratation.
Qu’on le veuille ou non faire passer l’alimentation et l’hydratation pour des “soins”, comme c’est le cas dans la loi Léonetti, ne constitue rien moins qu’une méthode révolutionnaire , au minimum au sens littéral du terme si ce n’est idéologique, car il faut bien avoir à l’esprit que le libéralisme sert en permanence objectivement d’écran de fumée à tous les “ismes ” révolutionnaires, ” marxisme, socialisme, trotskysme,scientisme, positivisme, relativisme, ect…
Et c’est bien cela qui est, soit affligeant, soit révoltant selon le cas, venant de la part de personnalités qui se présentent comme des “défenseurs de la famille et de la Vie.”
On est en droit de se poser la question : font-ils du pro-mort comme le bourgeois gentilhomme faisait de la prose, ou bien se moquent-ils de nous? C’est assurément à étudier de très près au cas part cas et à en tirer de rigoureuses et justes leçons.
J’ai écrit précedemment que cette Loi Léonetti représentait “un progrès” .Je tiens à préciser: sur le plan exclusif de la part donnée aux soins palliatifs, mais globalement, dans la mesure où elle a permis d’introduire, en droit, le pied dans la porte de la mort administrée, elle constitue nécessairement un recul abyssal dans l’histoire de notre civilisation, une tragédie honteuse sous couvert, une fois encore, de sentimentalisme pharisien.
Puisqu’en effet, on se rappellera que ce fut le cas pour la loi sur l'”IVG “,où il nous fut benoîtement expliqué qu’on légiférait dans un but de “dissuasion”: on connaît aujourd’hui la tragique efficacité de cette prétendue dissuasion.
Il en va de même dans le journal du jour lorsque l’on lit “qu’un congé parental trop long porterait préjudice aux mères ”
Et l’enfant que l’on soustrait sytématiquement à sa mère par une politique au demeurant volontariste et totalement discriminatoire à l’égard des mères au foyer ,n’est-il pas brimé , blessé , dans sa vie affective ?
Mais il est vrai que lorsque l’on a vu la Ministre de la justice faire par elle-même la propagande du non-droit de l’enfant à jouir d’ une famille naturelle, on ne peut que s’attendre, plus que jamais, au pire e la part de ces apprentis-sorciers.
Rédigé par: Sancenay | 14 février 2009 at 15:09
HB
Philippe Carhon,
Je suis bien d’accord avec vous,ceci dit, la différence est la même qu’entre une IVG et un avortement.
Si la chose est la même le vocabulaire n’a pas le même impact!
La brutalité de l’acte apparait dans un terme, mais pas dans l’autre.
joubert des ouches Y
L’église ne dit-elle pas que la vie doit être protégée” de sa conception à sa fin naturelle,” J’avoue ne pas comprendre qu’il soit considéré “naturel” de maintenir une vie pendant des décennies au moyen de sondes diverses! les explications des intervenants ne me paraissent guère probantes.
Ghislain
Vous dites que meurtre et euthanasie sont équivalent, sur le principe oui! Enlever la vie est un meurtre. Mais en droit pénal (créé en grande partie grace aux concepts du droit canonique)c’est la personne qui est donneuse d’ordre qui définit le crime, c’est donc un suicide pour la personne qui veut mourrir et une complicité pour celui qui accomplit matériellement la chose. C’est en cela que le cas de cette patiente est effroyable, encore plus que dans le cas de l’euthanasie par suicide assisté. Dans le cas présent, elle n’a rien demandé et pour cause… C’est sans conteste un meurtre.
Ghislain
Il n’est pas plus naturel de nourrir un bébé, il ne le fait pas de lui-même; est ce une raison de le laisser sans subsistance, c’est donc que nourrir quelqu’un de faible est naturel!!!
Historien
A propos d’Eluana, après une présentation des faits la concernant, j’ai fait observer la semaine dernière une minute de silence ou de prière (au choix selon les élèves) dans les classes où j’enseigne.
yiannis
Comment peut-on approuver une équipe d’apprentis sorciers s’étant autorisée à « cultiver » pendant dix sept ans le corps d’une malheureuse plongée dans un comma végétatif par suite de lésions du cerveau irréversibles ?
Comment ose-t-on affirmer que ce coma méritait d’être vécu ?
Le cas d’Eluana pose, me semble-t-il, des questions embarrassantes soigneusement éludées par la polémique en cours sur l’euthanasie.
Par exemple, a-t-on la certitude que, durant ces dix sept ans, le corps d’Eluana n’a pas servi de cobaye pour des expériences de survie ? Ce n’est pas seulement dans les romans de science fiction que la possibilité de conserver les futurs voyageurs de l’espace dans un coma de longue durée a été envisagée. D’où la nécessité de mettre au point des techniques de sauvegarde des organes vitaux.
Par ailleurs, en des temps où la mort a été diabolisée – avec parfois le soutien involontaire d’une poignée de fanatiques pro vie – il serait peu réaliste de croire qu’aucune équipe de chercheurs fous ne se consacre, dans le secret des laboratoires, à des projets visant à rendre l’homme immortel. Combien d’années supplémentaires espérait-on de prolonger l’état végétatif d’Eluana : 10, 50, 100, pourquoi pas 1000 ans ou plus ?
Vous me permettrez de penser que ces questions ne relèvent pas d’une grise aigue de paranoïa mais d’une triste réalité.
Autre chose.
Il est classique d’objecter qu’on a vu (très, très rarement) des patients se réveiller d’un très long coma. C’est exact. Mais, je n’ai connaissance d’aucun cas d’un cerveau irréversiblement endommagé s’étant « réparé » tout seul et ayant « repris du service ».
Danièle Pierra
Mon fils est resté en coma végétatif chronique irréversible pendant huit ans et demi suite à une tentative de suicide par pendaison, après une lourde et subite affection psychiatrique prise en charge médicalement.
Effectivement, la vie végétative irréversible n’est pas la fin de vie. Mon fils n’était ni mort complètement, ni vivant, mais prisonnier de son propre corps.
Effectivement, ses grandes fonctions vitales étaient maintenues par une trachéotomie, et une sonde gastrique.
Effectivement, Monsieur, mon fils ne serait pas « mort » sans l’application de la loi Léonetti.
Effectivement, son calvaire fut le mien et celui de notre famille.
Effectivement, je pense que le sort de mon enfant adoré ne valait pas la peine d’être subi.
POURQUOI ?
Mon fils était au stade le plus grave du coma végétatif avec des lésions cérébrales très graves, les médecins parlaient de cerveau « ratatiné » dès les premières IRM.
Ses seules manifestations de vie étaient de très violentes et incessantes expectorations qui l’arcboutaient dans son lit de souffrance et qui entrainaient, des régurgitations. Son squelette se rétrécissait au point que différentes tentatives de pose d’attelles ne permettaient pas de garder son corps à peu près droit sans qu’il ne roule à droite ou à gauche.
Le corps médical rencontrait des problèmes récurrents pour simplement maintenir son corps « en vie » (interventions chirurgicales, recherches d’antibiotiques pour luter contre de permanentes bactéries multi résistantes…).
Pourquoi toute cette souffrance infligée à mon fils, qu’auriez-vous fait, Monsieur, à notre place, s’il c’était agi de votre enfant ?
Effectivement, je pense comme vous que la loi Léonetti est une euthanasie qui ne dit pas son nom et je le regrette. Si l’exception d’euthanasie avait été légalisée, mon fils ne serait pas décédé dans des conditions tragiques. Ce lourd compromis n’a pu voir le jour, au détriment de tout humanisme, qu’à cause de l’obscurantisme des uns et de l’aveuglement des autres.
Il avait vingt ans, son « cancer de l’esprit » a eu raison de lui, à l’âge d’une légitime soif de vivre, à l’âge de tous les espoirs et il n’imaginait certainement pas se retrouver condamné à perpétuité dans la prison de son corps par « les biens pensants ».
Sancenay
à Joubert et Yannis:
Il ne s’agit pas de “considérer” ou “d ‘oser affirmer”, il s’agit seulement très au-dessus de nos petites cervelles et de nos (encore plus petits )coeurs de s’incliner humblement devant le dogme: ” toute Vie est Sacré “.Principe que le Saint-Père et ses plus fidèles serviteurs rappellent inlassablement.
En dehors de cela, tout n’est que relativisme , et c’est de cela que l’humanité, dans toute ses dimension crève aujourd’hui.