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L'Eglise : Benoît XVI

La musique de Vivaldi exprime l’émerveillement face à l’œuvre de Dieu

Une leçon de musique par Benoît XVI, à l'issue d'un concert :

"Antonio Vivaldi est un grand représentant de la musique vénitienne traditionnelle. De lui, qui ne connaît au moins les Quatre Saisons! Mais demeure encore peu connue sa production sacrée, qui occupe une place importante dans son oeuvre et est d'une grande valeur, en particulier parce qu'elle exprime sa foi. Le Magnificat que nous avons entendu est le chant de louange de Marie et de tous les humbles de cœur, qui reconnaissent et célèbrent avec joie et gratitude l'action de Dieu dans leur vie et dans l'histoire; de Dieu qui a un «style» autre que celui de l'homme, parce qu'il se range du côté des derniers, pour donner l'espérance. Et la musique de Vivaldi exprime la louange, l'exultation, le remerciement et aussi l'émerveillement face à l'œuvre de Dieu, avec une extraordinaire richesse de sentiments: de la solennelle unisson chorale du début, où c'est toute l'Eglise qui magnifie le Seigneur, à l'«Et exultavit», au très beau moment choral du «Et misericordia» sur lequel elle s'arrête avec des harmonies audacieuses, riches de modulations inattendues, pour nous inviter à méditer sur la miséricorde de Dieu qui est fidèle et s'étend à tous les générations.

Avec les deux morceaux sacrés de Giuseppe Verdi que nous avons entendus, le registre change: nous nous trouvons face à la douleur de Marie au pied de la Croix: Stabat Mater dolorosa. Le grand opériste italien, comme il avait exploré et exprimé la tragédie de tant de personnages dans ses œuvres, traite ici de la Vierge qui voit son Fils sur la Croix. La musique se fait essentielle, elle «s'aggripe» presque aux mots pour en exprimer de la manière la plus intense possible ce qui est contenu dans un large éventail de sentiments. Il suffit de penser à la douloureuse sensation de «pitié» (pietà) avec laquelle commence la séquence, au dramatique «Pro peccatis suae gentis», au «dum emisit spiritum» murmuré, aux invocations chorales chargées d'émotion, mais aussi de sérénité, adressées à Marie «fons amoris», pour que nous puissions partager sa douleur de mère et rendre nos cœurs brûlant d'amour pour le Christ, jusqu'à la strophe finale, la supplication intense et puissante à Dieu pour que soit donnée à l'âme la gloire du Paradis, l'aspiration ultime de l'humanité.

Le Te Deum est lui aussi une série de contrastes, mais l'attention de Verdi au texte sacré est minutieuse, au point d'en offrir une interprétation différente de la tradition. Il ne voit pas tant le chant des victoires et des couronnements, mais, comme il l'écrit, une succession de situations: l'exaltation initiale – «Te Deum», «Sanctus» – la contemplation du Christ incarné, qui libère et ouvre le Règne des Cieux, l'invocation à la «Judex venturus» (ndt: le juge qui doit venir), afin qu'il ait pitié, et enfin le cri répété par la soprano et le chœur, «In te, Domine speravi» qui conclut le morceau, presque une demande de Verdi lui-même d'avoir espérance et lumière dans la dernière étape de sa vie."

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4 commentaires

  1. Ce Pape aime la musique. Sa spiritualité: la beauté nous mène vers Dieu. Merci d’avoir publié ce beau texte.
    Lire le livre: “L’esprit de la Musique”, textes de Benoît XVI sur la musique, rassemblés en un volume par l’abbé Eric Iborra, éditions Artège. Ces textes ouvrent de très belles perspectives sur le chant sacré catholique, et en particulier sur le retour au chant grégorien qui mieux que les autres nous permet de “Coram Angelis, psallam tibi Domine”: Devant les Anges je chanterai pour toi Seigneur!
    Cela nous élèvera pour un moment au-dessus de nos tristes préoccupations terrestres….

  2. de même que son fameux élève tchèque Jiranek , remis en valeur tout récemment par l’excellent Collégium Marianum de Prague.

  3. Il existe une superbe intégrale de la musique sacrée de Vivaldi par le Britannique Robert King (11 disques). Une référence absolue, une révélation pour ceux qui ne connaissent que sa musique instrumentale. Vivaldi n’a peut-être pas le génie de Haendel ou de Bach, mais sa musique religieuse est d’une extraordinaire beauté. Il faut aussi découvrir Johann Adolf Hasse, compositeur catholique du XVIIIème siècle, éclipsé par le Prussien protestant Bach au XIXème pour des motifs en partie politique. Hasse est le maître du style galant. Certains trouvent léger. Peut-être. Mais il exprime d’une certaine façon la quintessence de l’esprit du XVIIIème.

  4. Le protestantisme de Bach était plutôt un oecuménisme car sa foi était très catholique comme l’a démontré Maxence Caron en analysant la Messe en Si. On doit aussi penser à Zelenka par exemple, et pourquoi pas à JP Rameau dont l’oeuvre religieuse pour mince qu’elle soit n’en est pas moins très belle. Les quatre compositeurs dominant le XVIIIème siècle sont nés à sept ans d’intervalle: Vivaldi 1678, Rameau 1683, Bach 1685,Haendel 1685. C’est étonnant!

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