Le Prieur et les Frères de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier présentent leurs voeux à l'aide de cette très belle méditation du Père Louis-Marie de Blignières, sur le mystère de Noël.
"« Au jour de Noël on célèbre plusieurs messes à cause de la triple naissance du Christ. De ces naissances, l’une est éternelle et nous est un mystère : c’est pourquoi on chante une première messe dans la nuit » (S. Thomas d’Aquin). La lumière née de la lumière sourd dans la nuit des hommes. La liturgie évoque la génération du Verbe « dans les splendeurs du sanctuaire céleste, avant le lever de l’étoile du matin ». Pour suggérer le mystère, il faut la nuit, le silence, la paix. L’Église esquisse avec de la beauté ce qui dépasse la parole. Les chants de cette messe, en particulier l’introït avec son balancement si apaisant, encadrent le silence. Avec Joseph, je regarde Marie contempler le visage de celui dont la génération est indicible, et je suis son regard pour le découvrir : le sourire d’un nouveau-né vient me dire la paix de la Trinité.
« Une autre naissance est temporelle, mais spirituelle ; par elle, le Christ se lève, comme porte-lumière, en nos cœurs. C’est pourquoi on chante une seconde messe à l’aurore, dont l’introït dit : “La lumière brillera aujourd’hui en nous” ». Ce sont des bergers qui les premiers reçoivent l’heureux message du ciel à la terre. Un ange les a préparés lorsque « la clarté de Dieu les a entourés, et qu’ils ont tremblé d’une grande crainte ». Et le premier évangile a éclaté : « Le Christ-Seigneur est né aujourd’hui ! » Ô saints bergers, donnez-moi votre pauvreté ! Donnez-moi la crainte de Dieu tissée de respect et de confiance, l’humilité de la foi qui m’investira gratuitement du mystère. Que je ne déserte pas la grâce que Dieu donne aux petits.
« La troisième naissance du Christ est à la fois temporelle et corporelle. C’est par elle que le sein virginal d’une vierge nous le donne visible et revêtu de chair. C’est pour cela que l’on chante une troisième messe en plein jour, dont l’introït dit : “Un enfant nous est né” ». Dieu forme un corps à son Fils pour le sacrifice rédempteur, dans ce jardin fermé qu’est le sein de Marie. Dieu donne son Fils pour mon salut. Le Fils, avec un zèle parfait, s’offre à la volonté de son Père. Marie, avec une délicate transparence, chante en son cœur le mystère de cette oblation. Un enfant nous est né, il m’est donné par sa mère et son nom est éternel. Avec les bergers, je rentre dans la famille de Dieu. Puisse-t-il m’inscrire dans l’album familial, sur le grand livre de vie qu’ouvrent les noms de Jésus et de Marie. Connaître cet excès d’amour , n’est-ce pas le début de la joie éternelle ?"