Gérard Guyon, professeur émérite de l'Université de Bordeaux (droit, sciences politiques), historien des institutions et des idées politiques, ayant travaillé principalement sur le rôle du christianisme dans les fondations de l'Europe, a publié un ouvrage politiquement très incorrect dont l'intitulé donne le ton : Plaidoyer pour une peine capitale. Le crime d'homicide est inscrit dans le coeur des hommes avant d'être le produit de la société, et la peine capitale a pour but de mettre en évidence le caractère exceptionnel du droit de punir. Elle révèle, en outre, la plénitude sacrée du pouvoir des juges et leur écrasante responsabilité dans la protection de la vie. Un discours inaudible aujourd'hui. Extrait :
"[C]ela signifie-t-il que la peine capitale serait dépourvue de sens hors de tout univers religieux ? La réponse ne peut qu'être positive. On le constate, la désacralisation de la mort est presque achevée. Ses conséquences sont observables dans la disparition de la peine capitale. La justice a perdu depuis déjà longtemps ses symboles religieux. Ses nouveaux bâtiments le montrent d'un seul coup d'oeil. Et une distorsion qui n'est pas simplement d'ordre technique est de plus en plus visible entre ce qui reste de majesté dans l'apparat des juges et leur appareillage juridique ; dans l'atmosphère qui règne dans les tribunaux, l'attitude des justiciables, le mensonge permanent, le parjure, l'impossible réception, au mieux la difficulté ou même le refus d'acquiescer aux verdicts ; dans la recherche de voies d'appel et de recours sans fin qui signent, mieux que tout le reste, l'incapacité de juger et d'imposer une peine. Le sacerdoce ne préside plus les audiences tout comme il tend à déserter le choeur des autels. Dans l'un comme dans l'autre, le sacrifice n'est plus de mise. On l'a volontairement fait disparaître. Comment pourrait-on continuer à croire que les fautes des hommes puissent être encore punies par des peines, alors qu'il n'y a plus de coupable ni de victime, plus de sacrifice et plus de sacrificateur ? Donc plus de peine, plus de mort. Plus de prix de la vie."