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France : Politique en France

La pénibilité, un nouveau droit social qui annihile le report de l’âge de la retraite

Pierre-Edouard du Cray démonte dans Valeurs actuelles la réformette du gouvernement :

"En apparence inflexible sur le recul de l’âge de la retraite à 62 ans, présenté comme le coeur de la réforme, le gouvernement a cependant accordé aux syndicats une contrepartie qui, de facto, risque de rendre quasi inopérante cette mesure […]. Un amendement, introduit et voté à l’Assemblée nationale, prévoit qu’un taux d’incapacité de 10% seulement, lié à l’usure au travail, suffira pour obtenir une dérogation permettant de partir à la retraite à 60 ans, à taux plein. Les dérogations seront accordées par une commission paritaire assistée de médecins du travail. Au-delà des lourdeurs administratives d’une telle procédure, la boîte de Pandore est ouverte : une incapacité de 10 % liée à une carrière professionnelle pourrait concerner beaucoup de monde… Mal au dos ? La vue qui baisse ? Un peu d’hypertension ou de cholestérol ? Chacun pourra y trouver l’occasion de s’évader plus tôt et de vivre des rentes de la Sécurité sociale. […]

C Comme l’a clairement énoncé le sénateur Dominique Leclerc (UMP), rapporteur sur les retraites à la Haute Assemblée, «la prise en compte de la pénibilité dans le cadre de la retraite crée un droit social nouveau, un droit social qui n’existe pas dans les autres pays européens». […]Dans ce contexte, le gouvernement a tenu à rassurer, sans convaincre. Un récent communiqué du ministère des Affaires sociales précise que la concession sur la pénibilité n’aurait aucun «impact sur le bouclage [de la réforme] dans la mesure où elle fait l’objet d’un financement par la branche AT-MP (accident du travail-maladie professionnelle) au moyen d’une majoration des cotisations». En clair, le gouvernement avait promis qu’il n’augmenterait pas les cotisations retraite, mais il n’avait pas parlé des cotisations des autres branches de la Sécurité sociale… Subtil !

Enfin, le plus fascinant dans ce jeu de dupe reste l’attitude rigide des syndicats des transports publics. […] leurs régimes spéciaux prennent déjà en compte la prétendue pénibilité de leur métier. Ainsi, encore aujourd’hui, alors même que le temps du charbon et de la machine à vapeur est révolu depuis des lustres, plus de 90% du personnel de la RATP et l’intégralité de celui de la SNCF est autorisé à liquider sa retraite dès… 50 ou 55 ans ! Cet énième débrayage ne se justifie donc pas par la défense des intérêts des cheminots, mais révèle le caractère éminemment politique du combat syndical contre la réforme gouvernementale en passe d’être vidée de son contenu. Soyons lucides, tout sera à recommencer dès le prochain mandat présidentiel, en 2012."

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4 commentaires

  1. Ils disent non à la retraite à 62 ans, mais partent à 50 !
    > En ce début d’octobre, les grévistes des transports publics (SNCF et RATP) sont, de tous les Français, les moins concernés par la réforme !
    > Ubuesque. Les cheminots et les agents de la RATP mènent le mouvement de grève contre le recul de l’âge de la retraite à 62 ans. Or, pas un seul des 160 000 salariés de la SNCF n’est “menacé” de partir à 62, ni même à 60 ans ! Et 90 % des 44 000 agents de la RATP pourraient en dire autant. Tous partent soit à 55 ans, soit même à 50 ans, pour les conducteurs des locomotives de la SNCF et ceux des rames de la RATP.
    > Un avantage qu’il leur serait bien difficile de justifier par la “pénibilité” de leur emploi : voilà beau temps que les locomotives ne fonctionnent plus au charbon ; et un conducteur de RER, sur la ligne A, ne roule pas plus de 2 h 50 par jour !
    > La réforme n’y touche pourtant pas : loin de les aligner sur le régime général, elle prévoit qu’ils prendront leur retraite à 57 ou à 52 ans, soit toujours entre cinq et dix ans avant le commun des Français… et cela partir de 2023 seulement, alors que le report à 62 ans s’appliquera aux salariés du privé dès 2018.
    > Rappelons en outre que le départ précoce à la retraite n’est que l’un des multiples avantages parmi tous ceux que procurent à ces personnels des transports publics deux des régimes spéciaux les plus favorables qui existent en France – et même sur la planète.
    C’est la plus stupéfiante des “exceptions françaises” : dans ce pays, ce sont les privilégiés qui font la grève. Et le plus beau, c’est que c’est encore eux qui nous prennent en otages !

  2. Pierre-Edouard du CRAY est un spécialiste de ces questions, chercheur pour l’association ”SAUVEGARDE Retraites”.

  3. Mais cette notion de 10°/°d’invalidité avec départ anticipé existe déjà en FRANCE dans certaines grosses boites .

  4. Il est fascinant de voir à quel point l’hippopotame stato-gauchiste n’en finit pas d’inventer de nouvelles ruses et de nouveaux mensonges pour refuser de consentir à la solidarité qu’il revendique pourtant à tout propos.

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