Rappelez-vous : le CCNE ayant donné un avis défavorable sur les questions de PMA, GPA et euthanasie, le gouvernement Hollande en a changé les membres un an avant l'échéance officielle (mai 2014) et a remplacé 16 membres alors que seuls 7 arrivaient en fin de mandat. Hollande en a profité pour ne placer que des membres socialistes, désormais juges et partie, transformant le Comité Consultatif National d'Ethique en Comité politique !
Pas étonnant qu'il se soit prononcé aujourd'hui, en contradiction avec son avis de 2013, en faveur de la PMA pour les paires de femmes (lire l'intégralité de l'avis). Néanmoins, cet avis n'a pas fait l'unanimité au sein même du Comité d'Éthique : 11 avis dissidents, soit un quart des membres. Plusieurs sages ont émis une opinion divergente. En 2011, le Législateur avait considéré la PMA comme une réponse possible à l'infertilité médicale, par définition non choisie et non voulue.
Les AFC estiment dangereux de modifier cet équilibre, pour répondre aux pressions de lobbies qui militent pour un "droit à l'enfant". Des techniques médicales destinées à soigner des pathologies se trouveraient ainsi utilisées pour créer artificiellement une fertilité de convenance. Les AFC ne peuvent pas non plus admettre les conséquences d'une éventuelle généralisation de la PMA. Celle-ci déboucherait inévitablement sur l'autorisation de la GPA, négation de la dignité de la femme, de la maternité et du droit des enfants à connaître leur père et leur mère. Ouvrir la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes, c'est délibérément priver de père un enfant, alors même que de plus en plus de professionnels de l'enfance (pédopsychiatres, services d'adoption…) soulignent l'importance de la place du père et de l'accès aux origines dans la construction de l'enfant. Les AFC attendent du Président de la République qu'il ne rouvre pas des débats de société qui ont contribué à la division du pays, à l'heure où toutes les énergies doivent être mobilisées vers la réconciliation, l'amélioration du sort des plus défavorisés et le bien commun.
Outre les AFC, le porte-parole de la Conférence épiscopale s'est inquiété :
#CCNE Les digues sautent les unes après les autres. C'était prévisible. Quelle société voulons nous proposer aux générations à venir ?
— O.RIBADEAU DUMAS (@ORDUMAS) 27 juin 2017
Et La Manif Pour Tous déclare qu'elle se mobilise. Ludovine de La Rochère déclare :
« Contrairement aux idées reçues et à la politique slogan, les Français se prononcent très clairement contre la PMA sans père, c'est-à-dire à la PMA pour les couples de femmes ou les femmes célibataires ». « Mobilisés pour défendre les droits des enfants et contre toute forme d'injustice à leur égard, comme les priver volontairement de père, les Français ne souhaitent pas vivre un quinquennat « Hollande bis » ! » « Nous appelons les Président de la République à entendre le message des Français qui, avec pragmatisme, attendent des réformes économiques et une efficacité dans les questions régaliennes. Aller contre la volonté des Français en ouvrant un débat sur la PMA sans père serait une erreur. Il faut donc éviter toute forme de provocation voire d'humiliation de la société »
La Manif Pour Tous souligne également que dans son avis, le CCNE se prononce contre la GPA, dénonçant « les violences juridiques, économiques, sanitaires, et psychiques qui s'exercent sur les femmes recrutées comme gestatrices et sur les enfants qui naissent et sont objets de contrats passés entre des parties très inégales. » Le CCNE appelle de ses vœux un renforcement des moyens de prohibition au niveau national et international. La Manif Pour Tous est disponible pour contribuer à traduire dans les faits cette volonté politique déjà affirmée par Manuel Valls en octobre 2014… et restée lettre morte depuis.
Très attendu par une poignée de militants aussi radicaux qu'ultra-minoritaires, cet avis du CCNE n'est que consultatif. C'est pourquoi La Une du Monde est mensongère. La révision par le législateur des lois de bioéthique est prévue en 2018. Normalement pas avant…
Comme l'écrit Vivien Hoch, la PMA est loin d'être une pratique anodine. Elle cache en fait une réelle rupture dans la procréation humaine, un pli dans l'humanité. Issue des techniques d'insémination artificielle chez les bovins, elle ouvre à la planification industrielle et étatique des naissances. La PMA extériorise l'acte humain de procréer dans les laboratoires, ouvrant un marché et un contrôle de l'Etat. La PMA donne un espoir au désir d'enfant "quand je veux, comme je veux" et constitue une tentation pour le désir "d'enfant parfait". La PMA implique un tri des embryons, classés d'un simple coup d'œil en A, B, C, les "mauvais élèves" étants jetés dans les lavabos. La PMA implique un dépistage génétique des maladies potentielles (DPI) ouvrant la porte à un eugénisme de laboratoire bien silencieux.
La PMA implique une surproduction d'embryons, des réductions embryonnaires et la congélation des embryons "en trop". Les embryons congelés (environ 200 000 actuellement en France) sont détruit ou servent de matériel pour la recherche. La PMA implique d'implanter plusieurs embryons dans l'utérus, puis d'avorter ceux qui se développent en trop : la réduction embryonnaire. Aujourd'hui, avec un simple séquencage d'ADN, il est possible de trier par la FIV les embryons qui ont un "risque" d'avoir une maladie. La PMA implique un eugénisme négatif lorsqu'elle élimine les "mauvais embryons" ET un eugénisme positif, puisque ce tri favorise les autres. Que se passera-t-il demain quand on détectera chez l'embryon un simple risque de diabète ou de cancer ? Finira-t-il dans le lavabo ?
Le professeur René Frydman qui fait partie des personnalités auditionnées par le C.C.N.E., écrit à propos d’enfants issus de donneurs anonymes :
« certains enfants ont besoin d’en savoir davantage sur la personne qui a donné ses gamètes et ses gènes et a ainsi contribué à leur fabrication » (R.Frydman, Le droit de choisir, p.37, Seuil, 2017).
« Fabrication », le mot est lâché ! Le Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine s’insurge contre cette conception de l’être humain et dénonce un avis inconséquent du Conseil Consultatif National d’Ethique, trop enclin à apporter de l’eau au moulin des promesses électorales qui, si elles peuvent être le reflet de la volonté de certains, ne sauraient être considérées comme l’intérêt de tous et en particulier des enfants. Comment après avoir noté dans son avis que « la demande d’Aide Médicale à la Procréation, avec IAD, pour procréer sans partenaire masculin, en dehors de toute infécondité pathologique, s’inscrit dans une revendication de liberté et d’égalité dans l’accès aux techniques d’AMP pour répondre à un désir d’enfant » et que « cette demande induit une disjonction évidente entre sexualité et procréation, entre procréation et filiation ; elle modifie profondément les relations de l’enfant à son environnement familial, en termes de repères familiaux, d’absence de pères institutionnalisée ab initio », peut-on choisir délibérément d’aller plus avant dans cette direction ?