Entretien de Mme Arnautu au Cercle Fraternité (FN). Cet entretien porte sur la politique familiale dans le cadre des institutions européennes. Il aborde une série de sujets fondamentaux : l'influence des groupes de pression LGBT à Bruxelles, la dénaturation du mariage, l'idéologie du genre ainsi que le poids croissant des organisations européennes (CEDH, CJUE, Parlement européen, Commission…) sur l'ensemble de ces sujets.
Vous avez récemment déclaré : « Il ne se passe pas un mois sans une remise en cause des bases qui président à l’équilibre des familles ». Et aussi : « La famille, cellule de base de la société, voilà l’ennemi ». C’est votre vision de ce qui se joue au Parlement Européen ?
Oui, absolument. Les exemples des méfaits de cette institution à l’égard de la famille sont légion. Le Parlement européen étant un temple du politiquement correct, l’un de ses passe-temps favoris est la production de rapports admonestant les États membres et même non-membres jugés réfractaires aux lubies droits-de-l’hommistes parmi lesquelles, la promotion des droits des « minorités sexuelles » n’est pas la moindre. Le lobby LGBT au sein des institutions européennes a acquis une influence tout à fait considérable. Pour vous donner un ordre d’idée, l’intergroupe sur les droits LGBT réunit à lui seul environ 150 députés, soit 1/5ème du Parlement… C’est le plus important des 28 intergroupes que compte ce Parlement, plus que celui sur la protection animale dont la cause est pourtant extrêmement populaire parmi les députés.
Pourquoi ?
Il suffit de suivre quelques débats pour comprendre que les membres du Parlement européen sont les porte-voix, naïfs ou conscients, d’une idéologie qui a en détestation tout ce qui constitue un attachement à la nation, à la terre, à nos ancêtres… Il n’y a plus de frontières, il n’y a plus de limites. Cela est valable aussi pour la famille. Dans la continuité de Mai 68, les institutions européennes, à commencer par celle où je siège, ont opté pour une rupture avec le passé, avec l’héritage chrétien de la civilisation européenne. A la place, l’Union européenne se fait le chantre d’un projet profondément individualiste et nihiliste. Selon sa philosophie relativiste, nous ne serions que des êtres interchangeables indépendamment des différences religieuses, sexuelles, ethniques… Dans l’ordre de la famille, cela se traduit par une négation de l’altérité sexuelle et du rôle complémentaire du père et de la mère. Depuis plusieurs dizaines d’années, nous assistons à une révolution anthropologique, une révolution qui se manifeste dans cette idée déconstructiviste selon laquelle nature et culture seraient séparées au point de pouvoir faire totalement abstraction de la réalité biologique. C’est ainsi qu’on en arrive à justifier la théorie du genre, le mariage homosexuel, la procréation médicalement assistée pour les couples de même sexe et bientôt la GPA. Une majorité de mes collègues étant animés de cet esprit, comment s’étonner que le Parlement européen adopte des rapports, heureusement non-contraignants pour les plus délirants, qui piétinent la conception traditionnelle de la famille et remettent à plat les principes mêmes de la filiation ?
Pouvez-vous nous expliquer « qui est à la manœuvre » : des représentants choisis par les peuples européens ? des personnalités auto désignées ?
Les rapports dont nous discutons et que nous votons sont rarement élaborés par un député seul. Ils sont en réalité le fruit de négociations aboutissant à des compromis entre les groupes politiques et entre les institutions, sans oublier les lobbies qui défendent leurs intérêts auprès des politiques, élus ou non, et auprès des fonctionnaires chargés de traduire en termes juridiques les orientations politiques.
Pour ce qui est de la famille, plusieurs organismes influencent les législations et les décisions européennes. J’ai déjà cité l’intergroupe LGBTI du Parlement européen. Mais citons également :
- l’Agence européenne des droits fondamentaux, émanation du Conseil de l’UE datant de 2007.
- Equinet, un réseau dont les membres sont les organismes de promotion de l’égalité, pour apporter, conformément au droit de l’Union, « une assistance et des conseils aux victimes de discriminations, y compris aux personnes LGBTI ».
- ILGA-Europe qui est la branche européenne de l’association internationale lesbienne et gay, créée en 1996.
- Transgender Europe, ONG fondée en 2005.
On l’a vu avec le mariage dit « pour tous » en France, les groupes de pression LGBTI ont une faculté impressionnante à mobiliser les médias et les responsables politiques derrière leur étendard. Ils n’hésitent pas à intimider leurs adversaires, à les diaboliser et à les taxer d’homophobes pour asseoir leurs revendications. Et bien sûr, ces associations bénéficient le plus souvent d’importantes subventions européennes et privées.
Mais le rôle de ces associations, qui défendent les intérêts de leur communauté, ne sauraient exonérer la responsabilité des députés européens qui dans leur majorité militent en faveur des droits LGBTI et de programmes d’enseignement faisant la part la belle à la théorie du genre. Depuis longtemps, le Parlement européen exerce une pression sur les autres institutions européennes et les États membres pour qu’ils fassent évoluer le droit conformément aux revendications de telle ou telle minorité.
Quel impact sur nos lois françaises, notamment en ce qui concerne la famille ? Doit-on en conclure que le combat au niveau national est illusoire ?
Théoriquement, les questions relatives au code civil et au droit de la famille sont du ressort des États membres de l’UE. Bruxelles n’a pas (encore) de compétence législative dans ce domaine sensible qui touche des aspects fondamentaux de la vie de toute société. Néanmoins, en rester là serait méconnaître le fonctionnement et le pouvoir des institutions européennes qui, au moyen d’artifices juridiques, peuvent s’immiscer dans les droits nationaux. [Lire la suite]