Une confusion à laquelle répond le père Yannick Bonnet dans L'Homme Nouveau :
"Évangélisation ou politique, faut-il choisir ? Ce n’est pas la question qui m’est posée mais c’est celle qui me vient à l’esprit à la suite d’une lettre que j’ai reçue. En fait, l’auteur de la missive me déclare :
« Je crois que le renouveau de la France passe d’abord par la conversion des coeurs et non d’abord par un changement de la structure politique ».
Ce que je récuse, dans cette affirmation, c’est l’usage du mot « d’abord ». En donnant un ordre de priorité et non un ordre d’importance, on peut se condamner à l’inaction politique au prétexte que l’on est encore bien loin de la conversion des cœurs.
La politique, une urgence
Dans Gaudium et Spes, les Pères conciliaires mettent la politique parmi les cinq urgences, dont il faut s’occuper pour le plus grand bien de la société temporelle. Or les trois constitutions dogmatiques de Vatican II démontrent à loisir que les mêmes Pères sont convaincus que le plus important est la conversion de tous. Cette coexistence harmonieuse de l’urgent et de l’important, on la retrouve chez tous les papes postérieurs au Concile. Et cette coexistence nécessaire conduit tout naturellement à unir dans la vie quotidienne la conversion de soi et l’action dans la cité. S’il y a une doctrine sociale de l’Église et si l’on trouve ses fondements dans la troisième partie du Catéchisme de l’Église catholique consacrée à la vertu théologale de charité, c’est bien le signe qu’il faut mener de concert évangélisation et action dans la cité.
Une fois cela bien compris, chacun devra organiser l’utilisation de son temps pour faire au mieux. De même, chacun devra tenir compte de ses forces et de ses qualités propres pour éviter la paresse ou le surmenage, pour donner toute sa mesure sans présumer de ses possibilités. [Lire la suite]"