Lu dans Minute :
"[…] A quelle source les journalistes lorrains ont-ils puisé pour dire que la programmation de Black M. résultait d’un choix délibéré de l’Elysée ? « Minute » a contacté Cécile Soulé, rédactrice en chef adjointe à France Bleu Lorraine. Avec courtoisie, elle nous a expliqué que le sujet avait été abordé le lundi 9 mai, lors d’un déjeuner de presse organisé par… Jean-Marc Todeschini, secré- taire d’Etat aux Anciens Combattants ! Ce jour-là, Todeschini (qui fut sénateur de la Moselle de 2001 à 2014) était à Metz pour présenter le projet de réhabilitation du fort militaire de Queuleu. A midi, il a donc invité à sa table plusieurs journalistes locaux. Et entre la poire et le fromage, il a mangé le morceau et évoqué le concert de Black M. à Verdun. Pour tous les journalistes présents, il ne faisait alors aucun doute que ce choix, présenté par le secrétaire d’État, avait été dicté par l’Elysée. Ils ont donc fait leur métier et relayé l’information. Mais cette information a mis le feu à la toile. Que l’Elysée puisse inviter à une cérémonie officielle un rappeur qui ne porte pas la France dans son cœur a provoqué un incendie médiatique, avec des flammes bleu-blanc-rouge pour venir lécher les fesses du président. Jean-Marc Todeschini se retrouve alors sur des charbons ardents. Le 12 mai, à 8 h 17 pétantes, le secrétaire d’Etat publie un communiqué : il dément « formellement l’information qui circule dans certains medias et sur les réseaux sociaux selon laquelle le chanteur Black M. se produirait dans le cadre de la cérémonie officielle de la bataille de Verdun » ! Et il refile le mistigri au maire de Verdun, le socialiste Samuel Hazard, qui serait le seul responsable : « Après la fin des cérémonies, la Ville de Verdun a souhaité proposer à la population verdunoise et aux jeunes présents un concert de Black M. » Ben voyons. Quand Todeschini affirme que le concert ne figure pas au programme officiel, il dit vrai. En revanche, quand il prétend que la responsabilité de ce concert incombe au seul maire de Verdun, il ment. Samuel Hazard a d’ailleurs immédiatement dénoncé l’arnaque : « C’est une proposition qui avait été faite par l’Etat. Ce choix a été un choix collectif lors du comité interministériel du Centenaire qui s’est déroulé à Paris en pré- sence du ministre… » Et d’affirmer qu’il n’y était pour rien : « Je ne pouvais pas proposer ce concert, je ne connaissais même pas Black M. ! »
Contacté par « Minute », Gilbert Prot, conseiller municipal FN à Verdun, estime que Samuel Hazard a été piégé à l’insu de son plein gré : « Dans cette histoire le maire est la victime consentante d’une manigance de l’Etat. Quand on lui a proposé Black M., il n’a pas osé dire non. Mais à la fin, c’est à lui qu’on a refilé la patate chaude ! » Un autre élément plaide en faveur de la bonne foi du maire. Il a expliqué que la Mission nationale du Centenaire avait accepté de financer le concert à hauteur de 40 % ( soit 60 000 euros sur un total de 150 000). Or cette Mission, créée par le gouvernement pour « mettre en œuvre le programme commémoratif du centenaire de la Première Guerre mondiale », est placée « sous l’autorité du secrétaire d’État aux Anciens combattants et à la Mémoire, Monsieur Jean-Marc Todeschini ». Que le concert ait été classé événement officiel ou pas, il était bel et bien subventionné par la Mission, et on ne peut pas imaginer un instant que l’Élysée n’ait pas imposé, dans le détail, le programme de cette journée historique, qui verra François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel rendre hommage aux morts de la bataille de Verdun. […]"