Dans son homélie, pour la solennite de l'Epiphanie, Benoît XVI a déclaré :
"Pour l’Église croyante et priante, les Mages d’Orient qui, sous
la conduite de l’étoile, ont trouvé la route vers la crèche de Bethléem
sont seulement le début d’une grande procession qui s’avance dans
l’histoire. À cause de cela, la liturgie lit l’évangile qui parle du
cheminement des Mages avec les splendides visions prophétiques d’Isaïe 60 et du Psaume 72,
qui illustrent par des images audacieuses le pèlerinage des peuples
vers Jérusalem. Comme les bergers qui, en tant que premiers hôtes auprès
de l’Enfant nouveau-né couché dans la mangeoire, personnifient les
pauvres d’Israël et, en général, les âmes humbles qui vivent
intérieurement en étant très proches de Jésus, ainsi les hommes
provenant de l’Orient personnifient le monde des peuples, l’Église des
Gentils – les hommes qui à travers tous les siècles se mettent en marche
vers l’Enfant de Bethléem, honorent en Lui le Fils de Dieu et se
prosternent devant Lui. L’Église appelle cette fête « Épiphanie » – la
manifestation du Divin. Si nous regardons le fait que, dès le début, les
hommes de toute provenance, de tous les continents, de toutes les
diverses cultures et de tous les divers modes de pensée et de vie ont
été et sont en marche vers le Christ, nous pouvons vraiment dire que ce
pèlerinage et cette rencontre avec Dieu dans la figure de l’Enfant est
une Épiphanie de la bonté de Dieu et de son amour pour les hommes (cf. Tt 3, 4).[…] Les hommes qui partirent alors vers l’inconnu étaient, en tout
cas, des hommes au cœur inquiet. Des hommes poussés par la recherche
inquiète de Dieu et du salut du monde. Des hommes en attente qui ne se
contentaient pas de leur revenu assuré et de leur position sociale
peut-être reconnue. Ils étaient à la recherche de la réalité la plus
grande. Ils étaient peut-être des hommes instruits qui avaient une
grande connaissance des astres et qui probablement disposaient aussi
d’une formation philosophique. Mais, ils ne voulaient pas seulement
savoir beaucoup de choses. Ils voulaient savoir surtout l’essentiel. Ils
voulaient savoir comment on peut réussir à être une personne humaine.
Et c’est pourquoi, ils voulaient savoir si Dieu existe, où et comment il
est. S’il prenait soin de nous et comment nous pouvons le rencontrer.
Ils voulaient non seulement savoir. Ils voulaient reconnaître la vérité
sur nous, sur Dieu et sur le monde. Leur pèlerinage extérieur était une
expression de leur cheminement intérieur, du pèlerinage intérieur de
leur cœur. Ils étaient des hommes qui cherchaient Dieu et, en
définitive, ils étaient en marche vers lui. Ils étaient des chercheurs
de Dieu. […]Revenons aux Mages d’Orient. Ceux-ci étaient aussi et surtout des
hommes qui avaient du courage, le courage et l’humilité de la foi. Il
fallait du courage pour accueillir le signe de l’étoile comme un ordre
de partir, pour sortir – vers l’inconnu, l’incertain, sur des chemins où
il y avait de multiples dangers en embuscade. Nous pouvons imaginer que
la décision de ces hommes a suscité la dérision : la plaisanterie des
réalistes qui pouvaient seulement se moquer des rêveries de ces hommes.
Celui qui partait sur des promesses aussi incertaines, risquant tout, ne
pouvait apparaître que ridicule. Mais pour ces hommes touchés
intérieurement par Dieu, le chemin selon les indications divines était
plus important que l’opinion des gens. La recherche de la vérité était
pour eux plus importante que la dérision du monde, apparemment
intelligent.
[…] L’humilité de la foi, du fait de croire
ensemble avec la foi de l’Église de tous les temps, se trouvera à
maintes reprises en conflit avec l’intelligence dominante de ceux qui
s’en tiennent à ce qui apparemment est sûr. Celui qui vit et annonce la
foi de l’Église, sur de nombreux points n’est pas conforme aux opinions
dominantes justement aussi à notre époque. L’agnosticisme aujourd’hui
largement dominant a ses dogmes et est extrêmement intolérant à l’égard
de tout ce qui le met en question et met en question ses critères. Par
conséquent, le courage de contredire les orientations dominantes est
aujourd’hui particulièrement urgent pour un évêque. Il doit être
valeureux. Et cette vaillance ou ce courage ne consiste pas à frapper
avec violence, à être agressif, mais à se laisser frapper et à tenir
tête aux critères des opinions dominantes. Le courage de demeurer
fermement dans la vérité est inévitablement demandé à ceux que le
Seigneur envoie comme des agneaux au milieu des loups. « Celui qui
craint le Seigneur n’a peur de rien » dit le Siracide (34, 16). La crainte de Dieu libère de la crainte des hommes. Elle rend libres![…] Les successeurs des
Apôtres doivent aussi s’attendre à être à maintes reprises frappés, de
manière moderne, s’ils ne cessent pas d’annoncer de façon audible et
compréhensible l’Évangile de Jésus Christ. Et alors ils peuvent être
heureux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour lui.
Naturellement, nous voulons, comme les Apôtres, convaincre les gens et,
en ce sens, obtenir leur approbation. Naturellement, nous ne provoquons
pas, mais bien au contraire nous invitons chacun à entrer dans la joie
de la vérité qui indique la route. L’approbation des opinions
dominantes, toutefois, n’est pas le critère auquel nous nous soumettons.
Le critère c’est Lui seul: le Seigneur. Si nous défendons sa cause,
grâce à Dieu, nous gagnerons toujours de nouveau des personnes pour le
chemin de l’Évangile. Mais inévitablement nous serons aussi frappés par
ceux qui, par leur vie, sont en opposition avec l’Évangile, et alors
nous pouvons être reconnaissants d’être jugés dignes de participer à la
Passion du Christ. […]"