De Tugdual Derville :
"Axel Kahn et Marc Peschanski se sont battus pour l’autorisation de la recherche sur l’embryon, avec des postures complémentaires, oscillant entre cathophobie et malhonnêteté intellectuelle. Efficace, à en juger par le récent vote du Sénat. (…) Un partage des rôles s’est donc établi, prenant l’Église en étau dans le domaine bioéthique, alors qu’elle est le premier rempart contre l’instrumentalisation de la vie commençante.
Le processus des états-généraux de la bioéthique, en 2009, a montré que les arguments de l’Église rejoignaient souvent le bon sens commun. La mobilisation des chrétiens fut remarquée dans le monde politique et, par leur pertinence, les publications successives de Mgr d’Ornellas ont pu contrebalancer la pression des chercheurs transgressifs. Ces derniers préfèrent riposter, sur la forme, sans dialoguer honnêtement sur le fond. Objectif : marginaliser l’apport de l’Église.
Marc Peschanski fait donc figure de bulldozer avec ses attaques anticatholiques frontales. Il tente de décrédibiliser l’institution en bloc. Il l’a désignée comme bouc émissaire de ses frustrations. Axel Kahn parvient, plus finement, peut-être inconsciemment, à affaiblir la voix catholique en la divisant. Il instille le doute chez nombre de fidèles déboussolés par ses passages médiatiques tandis que ses analyses sur l’influence de la religion sur les consciences visent les décideurs. Quoique résolument ancré à gauche, il soigne son image de sage, au-dessus de la mêlée et des partis, comme invité de marque du Parvis des gentils et de cercles chrétiens qui apprécient sa rondeur d’expression.
Mais les deux chercheurs, chacun dans son style, stigmatisent volontiers le « conservatisme » ecclésial. Ils restent proches comme l’avouait Axel Kahn dans leur débat de 2004 évoqué plus haut : « Nous sommes dans une situation extrêmement singulière. Nous avons, Marc et moi, beaucoup de points communs. Nous aimons l’un et l’autre la science, nous sommes, je crois, des scientifiques qui sont considérés et nous sommes très attachés à la liberté de la recherche. » Avec un bel esprit de caste et, pour la religion, une bonne dose de condescendance."