De Chateaubriand, Mémoires d’Outre-tombe, 4e partie, Livre onzième, 8, page 567, tome IV, Flammarion, édition du centenaire:
"… La révolution française est une vaste destruction politique, placée au milieu de l’ancien monde : craignons qu’il ne s’établisse une destruction morale (autre destruction beaucoup plus funeste) par le mauvais côté de cette révolution. Que deviendrait l’espèce humaine, si l’on s’évertuait à réhabiliter des mœurs justement flétries, si on s’efforçait d’offrir à notre enthousiasme d’odieux exemples, de nous présenter le progrès du siècle, l’établissement de la liberté, la profondeur du génie, dans des natures abjectes ou des actions atroces ? N’osant préconiser le mal sous son propre nom, on le sophistique : donnez-vous de garde de prendre cette brute pour un esprit de ténèbres, c’est un ange de lumière ! Toute laideur est belle, tout opprobre honorable, toute énormité sublime ; tout vice a son admiration qui l’attend. Nous sommes revenus à cette société matérielle du paganisme où chaque dépravation avait ses autels. Arrière ces éloges lâches, menteurs, criminels qui faussent la conscience publique, qui débauchent la jeunesse, qui découragent les gens de bien, qui sont un outrage à la vertu et le crachement du soldat romain au visage du Christ !"