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La Sainte Famille à Cotignac continue à répandre ses « dons »

La Sainte Famille à Cotignac continue à répandre ses « dons »

Un article d’Antoine Bordier pour Le Salon beige :

Alors que la seconde vague du Covid-19 frappe la France, l’Europe et le reste du monde, à Cotignac, dans le Var, là où est apparue la Sainte Famille aux 16è et 17è siècles, « les dons » continuent à se répandre sur toutes les personnes qui s’y rendent. Sur place, le reconfinement, annoncé par le Président Macron à quelques heures de la Toussaint, a permis la venue de pèlerins. Reportage sur un lieu unique au monde.

A quelques heures de la fête de la Toussaint, le recteur du sanctuaire de Notre-Dame de Grâces s’affaire. Il espère que les pèlerins seront au rendez-vous. Arrivé à Cotignac il y a 8 ans, le frère Hubert-Marie est devenu le recteur du sanctuaire en 2018. Membre de la communauté des Frères de Saint-Jean, à l’occasion des 500 ans de Cotignac (1519-2019), il s’est particulièrement investi dans l’année jubilaire, qui s’est clôturée en janvier 2020. Ce jubilé a donné lieu à des changements au sein même de la vie des frères, avec deux départs et trois arrivées. Plus personnellement, il relie sa vocation à ce lieu : « je rends grâce à Dieu pour tout ce que j’ai reçu depuis ma tendre enfance. Je suis l’aîné d’une famille de 5 enfants. Je dois beaucoup à ma famille au sens large. En vivant ici aux sanctuaires de la Sainte Famille, au pluriel, car il y a celui de Notre-Dame de Grâces, dont nous nous occupons, et, celui de Saint-Joseph du Bessillon, dont s’occupe les sœurs de Mater Dei, je rends grâce tous les jours. » L’histoire de cette communauté des frères est fortement liée à Cotignac. Elle a été fondée dans les années 70, à Lérins. « Les frères ont d’abord été oblats de l’abbaye cistercienne de Lérins, explique-t-il. Puis, quand nous sommes devenus plus nombreux, Mgr Barthe, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon, dont dépend Lérins, a permis que nous devenions une congrégation de droit diocésain. Et, notre premier prieuré a été fondé il y a 39 ans, ici. » Le frère connaît par coeur l’histoire de Cotignac.

 « Venez recevoir les dons que je veux répandre ici »

C’est sur le Mont Verdaille, qui culmine à 700 m, à une heure au nord de Toulon, que Notre-Dame de Grâces apparaît le 10 août 1519, à un simple bûcheron, Jean de La Baume. « Jean vivait dans une grotte, raconte le frère. La baume en provençal veut dire « grotte ». La Vierge Marie portait l’Enfant Jésus. C’est important de le souligner car elle est venue rappeler, ici, qu’elle est médiatrice de toute grâce. A cette époque, c’est l’avènement du protestantisme. Il y a une grande crise dans l’Eglise. Deux ans avant, en 1517, Luther placardait ses thèses à l’origine du protestantisme. » En 1519, Marie, lors de son apparition, s’adresse à Jean de la Baume : « Je suis la Vierge Marie. Allez dire au clergé et aux Consuls de Cotignac de me bâtir ici même une église, sous le vocable de Notre-Dame de Grâces et qu’on y vienne en procession pour recevoir les dons que je veux y répandre. » Saint Bernard et saint Michel apparaissent aussi, entourant Marie et Jésus. Plus d’un siècle plus tard, le 7 juin 1660, vers 13h00, c’est au tour de saint Joseph, l’époux de Marie et le père adoptif de Jésus, de venir sur cette terre de Provence, au Mont Bessillon, à 3 km du Mont Verdaille. Il apparaît à Gaspard Ricard, un berger assoiffé. Il lui dit : « Je suis Joseph, soulève ce rocher et tu boiras. » Gaspard obéit, soulève le rocher, que 9 hommes en seront incapables, et une source d’eau se met à jaillir. Les habitants de Cotignac construisent, par la suite, une chapelle sur le lieu de l’apparition et protège la source.

Le vœu de Louis XIII, d’hier à aujourd’hui

Ces apparitions uniques au monde ne s’arrêtent pas là. Une troisième est à prendre en compte : celle du 3 novembre 1637. A Notre-Dame des Victoires, à Paris, la Vierge Marie apparaît à un religieux augustin, le frère Fiacre. Elle lui dit : « N’ayez pas peur, je suis la Mère de Dieu, et l’enfant que vous voyez est le Dauphin que Dieu veut donner à la France. Pour marquer que je veux qu’on avertisse la Reine de faire trois neuvaines en mon honneur, voilà la même image qui est à Notre-Dame de Grâces, en Provence et la façon de l’église. » Frère Fiacre se rend à Cotignac et trouve, sous la forme d’un tableau roulé dans une cave, l’image présentée par la Vierge. Il prie ces neuvaines : à Notre-Dame de Grâces, à Notre-Dame de Paris, et, à Notre-Dame des Victoires. Le 5 septembre 1638, alors que Louis XIII et Anne d’Autriche n’arrivaient pas à avoir de descendant, nait Louis-Dieudonné, le futur Louis XIV. 7 mois auparavant, en février, le roi Louis XIII avait présenté un texte au Parlement de Paris pour consacrer son royaume à Notre Dame « en laquelle nous mettons particulièrement nostre Personne, nostre Etat, nostre Couronne, et tous nos Sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Saincte Trinité, par son intercession, et de toute la Cours céleste, par son auctorité et exemple ». C’est le fameux « vœu de Louis XIII ». Il instaure, aussi, les fêtes de l’Assomption, du 15 août. Il décédera en 1643. Le 21 février 1660, accompagné de sa mère, le Roi-Soleil vient à Cotignac rendre grâce de sa naissance. Le chemin qu’il a emprunté à cheval existe encore aujourd’hui.

La France est aimée de Marie

500 ans plus tard, le 14 août 2020, le pèlerinage du M de Marie, qui était parti le 1er juin de Notre-Dame de La Salette, est à Paris. Lors d’une célébration, à quelques mètres de la cathédrale, en présence de l’archevêque Mgr Michel Aupetit, de Mgr Chauvet, recteur, et, de plusieurs milliers de pèlerins, le « vœu de Louis XIII » est de nouveau prononcé. On lui doit le maître-autel qui a été miraculeusement préservé lors de l’incendie du 15 avril 2019. Le 15 août, au Sacré-Cœur de Montmartre, Mgr Aupetit consacre la capitale aux Cœurs Unis de Jésus et de Marie. A Cotignac, le frère Marie-Jean est chapelain à Notre-Dame de Grâces et curé de la paroisse. Il est arrivé en août 2018, après avoir vécu 31 ans en Afrique, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Il pose un regard critique sur la France qu’il retrouve, et, regrette de ne pas y avoir retrouvé l’accueil chaleureux, tel qu’il l’a vécu, dernièrement, au Sénégal. « En Afrique, on ne peut pas passer à côté de quelqu’un sans le saluer et sans lui demander de ses nouvelles, ici on est intrusif, dit-il en rigolant ». Il aime beaucoup la France. A Cotignac, il est marqué par la Vierge Marie. A la question, pourquoi Marie aime autant ce coin de France ? il répond : « Tout de suite après la mort et la résurrection du Christ, il y a eu deux grandes routes d’évangélisation, celle de la Vierge Marie et de saint Jean qui sont partis en Turquie. Et, celle de Marie-Madeleine et de Lazare qui sont venus dans la région. Vers 45 et 46, l’évangélisation de la Gaule a commencé aux Saintes Maries de la Mer. La France a reçu une mission : elle est éducatrice des peuples. » Il cite Jean-Paul II, Benoît XVI, le pape François, il parle de la sainteté. Pour le jubilé, un parcours des saints a été conçu tout autour du sanctuaire, sous la forme de 7 petits oratoires et d’un espace dédié à la Vierge Marie.

Le parcours des Saints et de Notre Dame

Le parcours commence avec le Credo, puis, le pèlerin descend lentement l’escalier de pierrailles vers le premier oratoire. Chacun est introduit par une béatitude : « Bienheureux les pauvres de cœur, car le Royaume des Cieux est à eux. », pour le premier. Puis, une phrase du pape François : « Les richesses ne te garantissent rien. Qui plus est, quand le cœur se sent riche, il est tellement satisfait de lui-même, qu’il n’y a plus de place pour la Parole de Dieu, pour aimer les frères, ni pour jouir des choses les plus importantes de la vie. Être pauvre de cœur, c’est cela la sainteté. » L’oratoire est un triptyque en bois ouvert surmonté par une petite croix. Chaque panneau présente la vie d’un saint. Parmi les saints, on peut citer le bienheureux Charles de Foucauld, dont la canonisation a été annoncée par le pape François en mai dernier. Cet aristocrate, riche héritier, devient orphelin à l’âge de 6 ans. Après avoir mené une carrière militaire et une vie de patachon, il se convertit. Après la Terre Sainte, il part vivre au milieu des Touaregs dans le Sahara algérien. Il meurt assassiné en 1916, devant son ermitage, à l’Assekrem, dans le Hoggar, à 1900 km au sud d’Alger. Pour faire ce parcours, il faut compter une heure. Une petite heure pour se familiariser avec les 22 saints, dont le bienheureux Pier Giorgio Frassati, sainte Gianna Beretta Molla, saint Pio de Pietrelcina (padre Pio), saint José Luis Sanchez del Rio, sainte Joséphine Bakhita, sainte Faustine, Sainte Teresa de Calcutta. Un couple y est représenté, les époux Martin, saint Louis et Zélie. Et, un pape : saint Jean-Paul II.

Des pèlerins viennent rendre grâce

C’est la première fois que Pauline et Benoît viennent à Cotignac. En vacances dans la région, ils se sont arrêtés avec leurs trois garçons, et, vont faire le parcours des saints. Ils viennent remercier pour la naissance de leur 3è enfant : un petit Louis.

« Il est arrivé en 2019, explique Pauline. En plus, c’était les 500 ans des apparitions. Nous sommes très heureux, car nous l’attendions depuis quelques temps. Nous avons prié pour qu’il arrive enfin. » Dans la chapelle de saint Joseph, à l’intérieur du sanctuaire, toute la famille a prié un « Je vous salue ô saint Joseph ». De leur côté, Alain et Joëlle n’ont pas encore fait le parcours des saints, mais ils ont décidé de venir vivre leur retraite à côté du sanctuaire de Notre-Dame de Grâces. Ils viennent de faire le pèlerinage des grands-pères de famille. Depuis 1976, et, le lancement du premier pèlerinage des pères de famille, le sanctuaire vit au rythme des pèlerinages : celui des pères de famille, celui des mères de famille, celui des grands-parents, celui des célibataires. Après une neuvaine de prières à saint Joseph, le couple, qui fêtera bientôt ses 50 ans de mariage, a trouvé exactement la maison qu’il recherchait. Ils ont quitté Grasse pour Cotignac. « Nous sommes heureux, c’est un cadeau d’être ici depuis 3 ans. Nous sommes venus pour la sainte Vierge et saint Joseph. Nous sommes émerveillés par la beauté des deux sanctuaires. » Heureux, avec leurs quatre enfants, dont un prêtre et leurs onze petits-enfants. Pour couronner le tout, Joëlle est une artiste à part entière. Elle met ses talents de chanteuse, de musicienne et de peintre au service de la Sainte Famille.

Frère Fiacre et l’association des pèlerins

Albéric et Marie-Caroline sont des globe-trotters. Après une carrière internationale en Asie, ils ont décidé de s’installer dans la région. En 2013 ils rachètent le Château Carpe Diem, domaine viticole Bio, qui se situe à 5 mn en voiture du sanctuaire. Albéric renoue, en même temps, avec son histoire familiale d’exploitants agricoles. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il est lié à Cotignac par le frère Fiacre. « Fiacre est mon 3è prénom, mais je ne savais pas que cela avait un lien avec Cotignac. Je suis venu pour la première fois à Cotignac en 2012. Je me suis senti poussé pour venir à Cotignac. » Le frère Fiacre fait partie de la même famille qu’Albéric. Il s’est engagé, par la suite, au sein de l’association des pèlerins. Il y a 5 ans, il a lancé la cuvée de la Sainte Famille, à destination des pèlerins.    « Cueille le jour présent ou Carpe Diem est une recherche quotidienne de l’excellence sans se soucier du lendemain. Saint Augustin a écrit en ce sens. Il faut le lire pour bien comprendre le sens. C’est la confiance que nous donnons et que nous recherchons. » Mystérieusement, ils ont un point commun avec Perrine et Gaëtan : Cotignac fait partie, aussi, de leur histoire familiale. Gaëtan est le président de l’association Les Pèlerins de Notre-Dame de Grâces. Ils sont présents à Cotignac depuis 22 ans. 3 de leurs 6 enfants vivent à Cotignac. Eux aussi sont émerveillés par le lieu : « Ici, la nature dit Dieu. Elle est belle, généreuse. La grâce de Cotignac, le don de Cotignac : donner la vie et réunir les familles. Beaucoup de pèlerins, de couples, de familles viennent ici pour cela. Beaucoup d’hommes, de papa, viennent pour saint Joseph. ». L’arbre généalogique de Perrine remonte à Cyprien Fabre et à la famille Régis, qui a organisé la venue du roi Louis XIV avec Anne d’Autriche, en 1660.

« La Sainte Famille s’occupe de nous »

A Cotignac, le grand message qu’il faut retenir, c’est, certainement, celui de Marie : « Venez recevoir les dons que je veux répandre ici » C’est en tout cas ce qu’ont expérimenté Constance et Xavier qui se sont mariés en 2011. Ingénieur, expatrié à Dubaï, Xavier rentrera dans la région en 2009. En 2010, il rencontre Constance lors d’un pèlerinage à Turin. Ils se marient l’année d’après. « Nous nous sommes mariés civilement le 19 mars, jour de la saint Joseph, et, religieusement le 16 juillet, fête de Notre-Dame du Mont Carmel. » Très uni, le couple raconte comment il a été touché par la grâce de Cotignac.

Avant de se marier, Constance avait une vie donnée au Seigneur, dans la Communauté des Béatitudes. « A l’époque, j’aimais, déjà, saint Joseph. Et, je me souviens qu’il est intervenu lors des besoins pressants de nourriture dans la communauté. Le lendemain, une livraison providentielle nous arrivait. » Xavier se souvient avoir eu à plusieurs reprises la certitude, en venant à Cotignac en 2008 et 2009 que la Vierge Marie lui donnait des grâces. « En mai 2007, j’étais expatrié à Dubaï, je suis allé pour la première fois à Medjugorje. Puis, l’année d’après à Cotignac, lors d’un pèlerinage des célibataires. J’ai eu une grâce familiale qui concernait des sujets tabous qui remontaient à mon grand-père. Je recherchais aussi mon âme sœur. » Xavier et Constance en sont convaincus : « La Sainte Famille s’occupe de nous. Marie nous accompagne tous les jours. Et, saint Joseph agit dans l’ombre. Si on n’a pas les yeux de la foi, on peut passer à côté. Nous nous consacrons tous les jours à Dieu par Marie et saint Joseph ». Fruit de leur amour, et, des « dons » de Cotignac, ils ont adopté il y a 4 ans un petit Rayan.

Des pèlerinages pour défendre la vie

Helen a 85 ans, elle vit à Cotignac depuis les années 80. Anglaise, elle est tombée amoureuse, avec son mari, de la région. Aujourd’hui veuve, avec ses 6 enfants, ses 20 petits-enfants, et, ses 3 arrière-petits-enfants, elle s’est engagée pendant plus de 30 ans pour faire célébrer des messes pour défendre la vie. L’actualité législative des mois de juillet et d’août dernier l’ont à la fois rendu malheureuse et plus forte. Elle demande que l’on continue de célébrer des messes le 29 septembre, fête des saints archanges, et, le 28 décembre, fête des saints Innocents.  Malgré son âge, elle ne lâche rien : « je continue mon combat de la bénédiction de la vie contre la malédiction de la mort, pour tous ces enfants non-nés, avortés. Ici, quand Marie dit qu’elle veut répandre les dons, elle parle du don de la vie. Cette mission de célébrer des messes a démarré à Cotignac. Tout passe par l’Eucharistie et le désir d’offrir tous ces millions d’enfants avortés dans le Cœur de Dieu ». Elle parle de saint Jean-Paul II, de Mgr Rey, de Mgr Aillet. Elle aimerait que soit célébrée une fois par mois la messe pour tous ces innocents. Elle parle de clonage, d’eugénisme, de « crime contre l’humanité ». Elle termine en disant son vœu le plus cher de voir partout en France des pèlerinages pour la vie. Il y a 34 ans, elle lançait celui de Cotignac.

Texte et photos réalisés par Antoine BORDIER

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