La sédation profonde et continue n’est pas une euthanasie, selon la Haute autorité de santé. Odile Guinnepain, infirmière en soins palliatifs et directrice de la plateforme « Nos mains ne tueront pas », commente dans Présent :
"Que pensez-vous de ces recommandations données par la Haute autorité de santé ?
Elles sont intéressantes, car l’HAS s’est reposée sur des recommandations faites, en 2012, par la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (la SFAP) pour la sédation des personnes en souffrance, qui donnent des indications techniques précises pour s’adapter au patient, qu’il soit personne âgée, enfant ou adulte. Ces recommandations de la SFAP sont très bien faites en termes de dosage des produits et de l’évaluation de leur bénéfice sur les symptômes du patient. Le bémol que je mettrai cependant c’est que l’HAS reprend le terme de sédation profonde et continue, qui provoque l’inconscience jusqu’au décès. Je n’adhère pas du tout à cette notion-là : il n’y a pas forcément besoin d’endormir un patient et de le plonger dans l’inconscience pour faire disparaître des symptômes d’inconfort. Recourir à la sédation profonde l’empêche de vivre ses devoirs moraux et spirituels à l’approche de la mort. Or, la définition que donne la SFAP de la sédation n’est pas la même que celle de la loi : « La sédation est la recherche, par des moyens médicamenteux, d’une diminution de la vigilance pouvant aller jusqu’à la perte de conscience. » L’HAS détourne le terme de sédation au profit de la loi, ce qui change tout. Par ailleurs, l’HAS souligne que, si le patient demande à être sédaté, on est obligé d’obéir.
Ces recommandations ont un bon côté, en somme ?
Si l’on excepte cette redéfinition de la sédation qui est très gênante, ces recommandations invitent à réfléchir collégialement sur ce qu’est la souffrance et sur ce que cela implique pour la personne. Néanmoins, elles restent assez ambiguës à cause de ce flou entretenu autour de ce que recouvre le terme « sédation ».
Ces recommandations, délivrées après la mise en application de la loi, ne sont-elles pas le signe que le texte de loi a été détourné et que la sédation profonde est utilisée comme une euthanasie ?
Si, en un sens. La SFAP et l’HAS ont constaté des abus et donc diligenté des enquêtes pour voir ce qu’il en était dans les services. Là où je travaille, nous avons reçu deux enquêtes officielles pour savoir comment était mise en place cette sédation. En faisait-on trop ? Pas assez ? Nous leur avons dit que, sur les 120 résidents décédés, nous n’avions pratiqué aucune sédation et n’en avions pas eu la demande, preuve que, lorsque les douleurs et les situations d’inconfort sont anticipées, nous n’en avons pas besoin. Et nous avons dit que, sur le plan éthique, nous étions opposés à cet article de loi.
Concrètement, aujourd’hui, lorsque les patients arrivent à quelques jours de la mort, on leur dit que l’on va faire en sorte qu’ils ne souffrent pas et on les sédate. Mais il n’y a pas de dialogue avec le patient, qui n’a d’ailleurs pas demandé la sédation non plus. Elle est utilisée alors qu’il n’y a pas de symptômes réfractaires : ce sont des abus. […]"
Exupéry
Ben voyons, c’était fatal, il a tellement de moyens discrets et malhonnêtes de diminuer la vitalité d’une personne affaiblie… jusqu’à ce que son organisme capitule.