45 millions de feuillets déchirés en 1989 sont reconstitués par ordinateur : les ingénieurs du laboratoire d’informatique de l’IPK (Institut pour le développement d’unités de production et de techniques de construction) ont réussi à mettre au point un logiciel pour reconstituer les archives détruites de la Stasi, la police communiste de l’ex-Allemagne de l’Est, révélant sa gigantesque entreprise de surveillance et de terreur à l’Est, son travail de sape et de désinformation en Allemagne de l’Ouest et l’ampleur de son aide aux réseaux gauchistes puis terroristes nés sur les décombres des barricades de mai 1968.
30 ans après la vague d’attentats terroristes qui ensanglanta l’Allemagne, on en sait un peu plus sur les liens très étroits qui ont existé pendant 20 ans entre la Stasi et la Fraction armée rouge (RAF). De 1970 (un premier policier tué) à 1991, la RAF et ses commanditaires auront assassiné des dizaines de personnes.
Lors de la chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, le ministère de la Sûreté d’État de la RDA donna l’ordre de détruire tous ses documents afin de protéger leurs indicateurs et leurs agents actifs, dont ceux des réseaux gauchistes ouest-allemands, largement manipulés entre 1978 et 1983 pour mener des opérations terroristes antioccidentales. Au début, ils utilisèrent des broyeurs, mais ces derniers rendirent l’âme. La majorité des feuilles fut donc déchirée à la main. Mais les agents n’eurent pas le temps d’escamoter 16 250 sacs bourrés de quelque six cents millions de bouts de papier.
La Stasi comptait 144 000 salariés à plein temps et il y avait en RDA (17 millions d’habitants) un informateur pour 62 habitants. 4 millions d’Allemands de RDA et 2 millions d’étrangers étaient sous observation permanente. Beaucoup de citoyens furent incarcérés sans motif pour que l’État puisse faire main basse sur leurs biens meubles et immeubles. Dix mille “suspects” dénoncés furent arrêtés. La Stasi lisait aussi, aux rayons X, près de 90 000 lettres par jour.