Etrange communiqué du Saint-Siège, non signé, qui a le mérite d’exister mais dont on ignore tout des conséquences pratiques :
Afin de préserver la liberté du peuple de Dieu et l’exercice du ministère épiscopal, il semble nécessaire de préciser : La “voie synodale” en Allemagne n’est pas habilitée à obliger les évêques et les fidèles à adopter de nouvelles formes de gouvernance et de nouvelles orientations doctrinales et morales.
Il ne serait pas permis d’introduire dans les diocèses, avant un accord concerté au niveau de l’Église universelle, de nouvelles structures officielles ou doctrinales qui constitueraient une violation de la communion ecclésiale et une menace pour l’unité de l’Église. Dans ce sens, le Saint-Père a rappelé dans sa lettre au peuple de Dieu en pèlerinage en Allemagne : “L’Église universelle vit dans et à partir des Églises particulières, tout comme les Églises particulières vivent et s’épanouissent dans et à partir de l’Église universelle ; si elles étaient séparées de l’Église universelle, elles s’affaibliraient, se corrompraient et mourraient. D’où la nécessité de maintenir toujours vivante et efficace la communion avec le corps entier de l’Église”. Il est donc souhaitable que les propositions du Chemin des Églises particulières en Allemagne soient intégrées au processus synodal dans lequel l’Église universelle est engagée, afin de contribuer à l’enrichissement mutuel et de donner un témoignage d’unité par lequel le Corps de l’Église manifeste sa fidélité au Christ Seigneur.
Réponse critique des présidents de la Voie synodale, Dr Irme Stetter-Karp, présidente du Comité central des catholiques allemands (ZdK), et l’évêque Dr Georg Bätzing, président de la Conférence épiscopale allemande :
«Nous nous réjouissons que le Saint-Siège souligne une fois de plus ce à quoi nous nous sommes engagés dans les statuts et le règlement intérieur avant même le début de la voie synodale en 2019:
“Les décisions de l’Assemblée synodale n’ont pas d’effet juridique par elles-mêmes. Elles n’affectent pas le pouvoir de la Conférence épiscopale et des différents évêques diocésains d’édicter des normes juridiques et d’exercer leur magistère dans le cadre de leurs compétences respectives”.
“Les décisions dont les thèmes sont réservés à une réglementation de l’ensemble de l’Eglise sont transmises au Siège apostolique en tant que vote de la voie synodale”. (Articles 11 et 12)
Nous ne nous lasserons pas de souligner que l’Église en Allemagne ne suivra pas une ‘voie allemande particulière’. Néanmoins, nous considérons qu’il est de notre devoir d’indiquer clairement où, selon nous, des changements sont nécessaires. Ce faisant, nous sentons déjà que les problèmes et les questions que nous avons identifiés sont similaires dans le monde entier.Nous souhaitons également rappeler que la voie synodale est la conséquence de l’étude ‘Abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres, diacres et religieux masculins catholiques dans le domaine de la Conférence épiscopale allemande’ (étude MHG) et nous sommes reconnaissants que les évêques et le ZdK s’engagent ensemble sur cette voie et puissent être assurés du soutien et de la collaboration active du peuple de Dieu en pèlerinage.
En 2021, le pape François a ouvert un processus synodal mondial. Bien entendu, comme prévu – et la déclaration d’aujourd’hui nous y encourage également – nous nous impliquerons dans le processus synodal de l’Église universelle avec les expériences et les résultats du Chemin synodal. Nous avons toujours souligné que nous voulions participer activement à ce processus par nos travaux. Car nous sommes convaincus que cela conduit à un ‘enrichissement mutuel’ (déclaration du Saint-Siège).
Dans le règlement intérieur et les statuts de la Voie synodale, nous indiquons le type de communication avec le Siège apostolique que nous estimons nécessaire et que nous souhaitons. Le nonce apostolique en Allemagne est invité à participer durablement à la voie synodale en tant qu’observateur. Depuis le début du Chemin synodal, nous nous efforçons, du côté de la présidence, de trouver des voies de communication directes avec les instances romaines. Ce serait, à notre avis, le lieu pour de telles clarifications. Malheureusement, la présidence du Synode n’a pas été invitée à un entretien jusqu’à présent. Nous regrettons avec irritation que cette communication directe n’ait pas eu lieu jusqu’à présent. Une Église synodale, selon la conception que nous nous en faisons, marche d’un pas différent ! Il en va de même pour la manière de communiquer d’aujourd’hui, qui suscite notre étonnement. Le fait de publier des déclarations non signées ne témoigne pas d’un bon style de communication au sein de l’Église.
La prochaine assemblée synodale sera l’occasion de reprendre la demande du Saint-Siège et d’en discuter. Une fois de plus, en tant que présidents de la Voie synodale, nous insistons sur le fait que nous souhaitons un dialogue rapide avec le plus grand nombre possible d’instances au sein de la Curie romaine».