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Europe : le référendum / France : Politique en France

La banqueroute des libéraux français

Valeurs actuelles (version papier) de ce week-end titre un article sur Le "blues" des libéraux. L’article remarque avec justesse, mais d’une manière assez superficielle, que les libéraux ont été étrangement absents de la campagne, servant de repoussoir au camp du "oui" comme du "non" (Alain Madelin s’en était ému.)

Mais la banqueroute intellectuelle et politique des libéraux français est plus profonde : elle réside dans le fait même que la plupart se sont engagés pour le "oui" à une constitution qui, si elle est internationaliste et libre-échangiste, n’est pas libérale. Pourquoi l’ont-ils fait ? Souvent dans le but de court-circuiter le débat politique français qu’ils considèrent comme perdu d’avance pour leurs idées; parfois par confusion intellectuelle, réagissant par fidélité partisane ou par hostilité au "non de gauche" davantage que par rapport au texte proposé.

Les libéraux les plus cohérents abhorrent toutefois cette "Constitution de gauche."

Et après The Economist, le think tank libéral américain Cato Institute en fait une analyse (ici, v.o.) très critique, centrée sur la comparaison avec la Constitution américaine. On m’excusera de citer longuement cette analyse :

(…) En contraste (avec le texte européen, au "langage impénétrable"), la Constitution américaine est 15 fois plus courte et aisément compréhensible. (…) (L)e peu de débat qui se tient effectivement est fortement pipé en faveur du camp du "oui." Bruxelles et la plupart des gouvernements nationaux dépensent les Euros des contribuables sur des "campagnes d’information" dont le but est de présenter les arguments en faveur de la constitution. Dans les rares cas où la campagne du "oui" rencontre une opposition sérieuse, Bruxelles se rabat sur des menaces insensées. En visite dans la ville tchèque de Terezin, qui était le site d’un camp de concentration nazi pendant la Seconde Guerre mondiale, la vice-présidente de la Commission européenne, Margot Wallstrom, a fait un lien entre le rejet possible de la constitution et le retour de l’Holocauste. Elle a déclaré qu "Ils (les opposants à la constitution) veulent l’Union Européenne de retourner à la vieille méthode purement intergouvernementale. Je dis à ces gens de venir à Terezin pour voir où mène cette vieille voie."

Deuxièmement, ce que dit la constitution de la répartition des pouvoirs entre Bruxelles et les gouvernements nationaux est imprécis. (…) Bruxelles pourrait exercer des compétences en dehors de son domaine exclusif si une instance, qui n’est pas précisée, décidait que l’UE l’exercerait mieux qu’un état-membre. (Dans les domaines relevant de la "compétence partagée"), les états membres ne pourraient légiférer que si Bruxelles les y autorise.

Avec le temps, tous les gouvernements cherchent à obtenir des pouvoirs plus larges que ceux autorisés à l’origine. (…) C’est pour cela que la Constitution américaine a été écrite de telle manière que les pouvoirs du gouvernement fédéral sont précisément énumérés et, donc, limités.

Dans les domaines où le langage de la Constitution américaine est imprécis, les conséquences ont été énormes. (…)

Troisièmement, la définition des droits individuels gravés dans la Constitution de l’UE, pose de profonds problèmes. La Déclaration des Droits américaine est, à une exception près, une liste de droits de l’individu contre l’état, pas une liste de créances des individus sur des services que devrait fournir l’état.  (…)

Les Européens sont amplement fondés à s’inquiéter du gouvernement de Bruxelles, dont les pouvoirs ne sont pas clairement délimités. En conséquence, une Europe, de toute évidence imparfaite, d’états-nation, celle qui existe actuellement, fournit sans doute une meilleure protection des libertés européennes (…)

HV

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