L’abbé Grégoire Celier, prêtre (FSSPX), ancien professeur de philosophie, a été interrogé par Anne Le Pape dans Présent à propos de la biographie de Jean-François Chemain consacrée à l’abbé Montarien. Extrait :
— J’ai commencé à servir la messe avec lui. La première fois, c’était dans son appartement, et j’ai fait tomber par terre le missel d’autel. Il s’agissait encore (mais je ne l’ai compris que plus tard) du rite traditionnel. Malgré le fiasco de ce premier essai, j’ai repris le service de messe à la Polo (la chapelle polonaise). C’était le nouveau rite (mais je ne l’ai compris aussi que plus tard), célébré en latin, face à Dieu, avec du grégorien et une bonne doctrine. Il faut comprendre qu’à l’époque la question liturgique me passait largement au-dessus de la tête.
— Pensez-vous que l’exemple de l’abbé a joué un rôle dans votre vocation ?
— Je dirais que son influence a surtout été indirecte, à travers le scoutisme, dont il a été le médiateur. Le scoutisme, d’ailleurs, n’a eu lui-même aussi qu’une influence indirecte. C’est en effet par le scoutisme que j’ai fait en février 1973 une retraite pendant laquelle le Seigneur m’a appelé à son service. C’est par le scoutisme que j’ai rejoint, le 1er mars 1977, l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, « libérée » deux jours plus tôt, afin de participer à la « garde », et c’est à Saint-Nicolas que j’ai découvert au sens plénier la Tradition.
Si l’abbé Montarien a eu une influence directe, c’est, si je puis dire, a contrario. En 1977, alors que je découvrais chaque dimanche matin la liturgie traditionnelle, je continuais à servir la messe de l’abbé le dimanche soir. Comme je l’ai dit, c’était la plus pieuse, la plus fervente messe de Paul VI qu’on puisse imaginer. Quand donc j’ai choisi définitivement et exclusivement la liturgie traditionnelle, ou plutôt quand elle m’a fait la grâce de me choisir, ce n’était pas premièrement à cause de liturgies « foutoirs » ou scabreuses : c’était simplement la victoire incontestée et incontestable d’une liturgie venue des entrailles de la Tradition catholique, à l’encontre d’une liturgie bricolée à la hâte et fortement ambiguë.
Mais, évidemment, l’exemple du prêtre fervent, zélé et joyeux que fut l’abbé Montarien constitue pour moi, chaque jour, une ardente lumière dans ma propre vie sacerdotale. […]