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L'Eglise : Le Vatican / Pays : Chine

L’accord secret entre le Vatican et la Chine va être renouvelé

L’accord secret entre le Vatican et la Chine va être renouvelé

Le Saint-Siège a l’intention de renouveler l’accord secret conclu avec la Chine en 2018 et renouvelé ensuite tous les deux ans. C’est ce qu’a déclaré le secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin.

L’accord expire en octobre et, a déclaré le cardinal Parolin, « nous espérons le renouveler ». Et à cet égard, a-t-il ajouté, « nous dialoguons avec nos interlocuteurs sur ce point ».

Sur la volonté du Saint-Siège d’aller de l’avant malgré le manque de fiabilité du régime communiste chinois, il n’y a pas de doute, compte tenu de la façon dont les choses se sont déroulées au cours des six dernières années ; mais la déclaration du secrétaire d’État du Vatican n’en est pas moins importante. Certes, il reste encore plusieurs mois avant qu’une décision officielle ne soit prise, mais après deux renouvellements de deux ans, le dernier mot sur l’accord est attendu cette année : soit il devient définitif, soit il est abandonné.

Et tout porte à croire que, sauf rebondissements sensationnels, on s’achemine vers le définitif : le Saint-Siège a déjà tout accepté – y compris l’inacceptable – pour y parvenir ; le gouvernement chinois, dans ces conditions, n’a qu’à y gagner, puisqu’il peut procéder à l’anéantissement de l’Église catholique avec l’aval du Vatican.

La question ne concerne pas seulement la nomination des évêques, qui – le Saint-Siège l’a toujours dit – est le thème central de l’accord secret, mais le processus de sinisation de l’Église catholique que le régime poursuit depuis au moins 2015 et qui devient de plus en plus étouffant et qui s’étend maintenant à l’Église de Hong Kong.

Même si trois évêques ont été nommés plus tôt cette année – Thaddeus Wang Yuesheng pour Zhengzhou, Anthony Sun Weniun pour le nouveau diocèse de Weifang, Peter Wu Yishun pour la préfecture apostolique de Shaowu – avec l’approbation du pape et donc formellement selon les accords Chine-Vatican, en substance, il semble clair que le mécanisme fonctionne comme suit : le régime communiste décide et le pape donne son assentiment.

En outre, même si nous voulons considérer la nomination des trois évêques avec l’approbation du Vatican comme un fait positif, l’application de cette partie de l’accord ne met pas du tout fin à la persécution des prêtres et des évêques qui n’acceptent pas la subordination au parti communiste. Par exemple, début janvier, presque en même temps que les trois nominations épiscopales mentionnées ci-dessus, Monseigneur Peter Shao Zhumin, évêque de Wenzhou, non reconnu par le gouvernement, a été arrêté pour la énième fois, coupable de ne pas vouloir adhérer à l’Association patriotique des catholiques chinois (APCC), l’instrument utilisé par le régime pour « guider » l’Eglise catholique. Mais ces épisodes ne sont pas comptabilisés, de même que les divers obstacles mis à la participation aux célébrations eucharistiques.

Mais l’aspect le plus pertinent est le fait que le régime chinois, pour tout acte concernant l’Église catholique, ne mentionne jamais le Saint-Siège et le Pape, et encore moins les accords. C’est ce qui s’est passé lors de l’annonce des nominations d’évêques, mais « le silence sur le rôle de Rome » est encore plus évident dans le « Plan quinquennal pour la sinisation du catholicisme en Chine (2023-2027) », approuvé le 14 décembre dernier par la Conférence des évêques catholiques et l’Association patriotique (organismes tous deux sous le contrôle du Parti communiste).
Comprenant l’équivalent de 3 000 mots, divisé en quatre parties et 33 paragraphes, le Plan, ne mentionne jamais le Pape et le Saint-Siège, ni l’accord conclu entre le Vatican et la Chine. Au contraire, le dirigeant Xi Jinping est mentionné quatre fois. Cinq fois, il est répété que le catholicisme doit prendre des ‘caractéristiques chinoises’. Le mot « sinisation » est le plus important : il revient pas moins de 53 fois. La sinisation signifie évidemment la subordination totale de l’Église aux directives du Parti communiste.

Face à cette attitude du régime chinois, qui n’en fait évidemment qu’à sa tête, qui envisage la soumission totale de l’Eglise aux directives et aux exigences du Parti communiste, la position de la Secrétairerie d’Etat du Vatican apparaît incompréhensible.

L’art de la diplomatie, qui doit avancer même à petits pas, est une chose ; c’en est une autre que de sacrifier la vérité et les fidèles catholiques à des logiques essentiellement politiques. Il est évident que pour maintenir vivante la possibilité d’un accord avec le régime chinois, le Saint-Siège et le Pape se taisent depuis des années sur l’escalade de la persécution anticatholique en Chine, sans un mot pour les catholiques de Hong Kong, qui sont de plus en plus dans le collimateur, notamment grâce à la nouvelle et infâme loi sur la sécurité nationale. Rappelons qu’à Hong Kong, l’évêque émérite, le cardinal Joseph Zen, a été arrêté et est toujours en procès, tandis que depuis trois ans, l’homme d’affaires catholique (converti) Jimmy Lai, éditeur d’un quotidien critique à l’égard de Pékin (aujourd’hui fermé), purge une lourde peine de prison et risque même la prison à vie dans un autre procès en cours.

La raison d’État ne peut justifier ce silence scandaleux qui condamne à la persécution les évêques, les prêtres et les laïcs fidèles à l’Église. Des évêques, des prêtres et des laïcs qui ont déjà payé cher leur fidélité à l’Église et qui se voient aujourd’hui abandonnés même par Rome. La détermination avec laquelle le cardinal Parolin – qui a le soutien total du pape sur ce point – conduit le Saint-Siège à embrasser le régime communiste est inquiétante. Et les conséquences ne concernent pas seulement l’Église chinoise.

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7 commentaires

  1. Le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, a qualifié cet accord secret, de “liquidation totale” (“total sell out”) de l’Eglise catholique en Chine par le Vatican et, décrit le secrétaire d’Etat, le cardinal Parolin, comme quelqu’un n’ayant pas la foi surnaturelle.

    Par ce pacte secret avec le démon communiste chinois, le pape François et le cardinal Parolin prolongent l’agonie de l’Eglise catholique en Chine. NSJC a dit que l’on reconnait l’arbre à son fruit : cet accord sino-vatican, secret, car sa divulgation en révélerait le contenu criminel, voire satanique, représente la condamnation à mort de nos frères et sœurs catholiques chinois.

    Question : pourquoi le pape François et le cardinal Parolin ont-ils décidé de condamner à mort l’Eglise catholique en Chine ?

  2. Pourquoi secret ? On n’arrête pas d’en parler et vous donnez moult détails. Ou alors ce qui est raconté ici n’est pas sûr, puisqu’on ne peut pas savoir, puis que c’est secret ?

  3. Vivement dans quelques semaines quand le… (la suite du texte est libre…!)

  4. Excellent résumé de la tragédie de l’Église en Chine. L’abdication du Vatican défie l’entendement. Pauvres frères chinois …

  5. This has been the worst trade deal in the history of trade deals maybe ever.

    Sans rire, je ne suis pas contre en principe négocier avec un régime diabolique mais les termes de l’accord sont clairement « le Vatican n’obtient rien, la Chine obtient tout ».

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