Dans Valeurs Actuelles, Aude Mirkovic dénonce le détournement de l'adoption. Extraits :
"[L]’adoption ne peut réparer le dommage subi par
l’enfant privé de sa famille biologique que si l’enfant est adopté par
un homme et une femme, seuls à même de lui offrir le cadre cohérent pour
reconstituer la famille dont il a été privé. En effet, si la filiation
ne se réduit pas à la vérité biologique (lorsque le mariage désigne le
mari comme père ou lorsqu’un homme reconnaît un enfant, il n’y a pas de
vérification biologique de la paternité), elle se définit en référence à
la biologie et à ses exigences pour la procréation, à savoir que les
parents sont un homme et une femme. C’est pourquoi la loi garantit à
l’enfant une filiation vraisemblable : l’enfant ne peut avoir à la fois
qu’un seul père et qu’une seule mère. Si un homme veut reconnaître un
enfant qui a déjà un père légal, il doit d’abord contester la paternité
existante avant de pouvoir établir la sienne. La dimension biologique de sa filiation est le fondement d’une perception symbolique qui
a vocation à la transcender et la dépasser : l’enfant biologique est le
fruit de l’union de ses parents mais, surtout, il se représente comme
tel, se construit comme tel. […] En revanche, un enfant ne pourra
jamais se représenter comme issu de l’union de deux personnes de même
sexe, quelles que soient leurs qualités personnelles. L’absence de
fondement biologique ne pourra pas cette fois être compensée par la
dimension symbolique de la parenté car ces “parents” n’auraient pas pu
l’engendrer.Deux hommes, ou deux
femmes (mais aussi trois), peuvent sans doute désirer un enfant,
l’éduquer, l’aimer, encore que la psychologie ait depuis longtemps
alerté sur l’importance de l’altérité sexuelle des parents dans la
construction psychique de l’enfant. […] Quand
bien même il serait désiré, aimé et choyé, un enfant rattaché à deux
mères est privé de père ; celui rattaché à deux pères est privé de mère.
Et cette injustice est encore plus grave lorsqu’elle a été provoquée,
programmée. C’est pourtant ce que le projet de loi envisage
tranquillement de valider, en encourageant la “fabrication” d’enfants
adoptables. […]Justement,
pensons à ces enfants. Ils sont juridiquement adoptables parce qu’ils
ont, le plus souvent, été voulus comme tels, c’est-à-dire conçus de
manière à ce qu’ils n’aient qu’un seul parent : une femme inséminée en
Belgique a conçu son enfant d’une manière à le priver de son père. Un
homme qui a eu recours à une mère porteuse indienne a choisi un mode de
conception visant à priver délibérément son enfant de sa mère. Or, l’adoption est une institution au service de l’enfant, visant à reconstituer la famille dont
l’enfant a été privé. Elle est détournée par le projet de loi pour
valider des procédés procréatifs visant à priver volontairement l’enfant
de son père ou de sa mère biologique, afin de le rendre adoptable. […]