De Me Trémolet de Villers dans Présent :
"Le plus horrible dans l’histoire de la malheureuse Chantal Sébire est de constater qu’il ne s’est trouvé personne, ni dans son entourage immédiat, ni dans un cercle plus large, pour venir lui dire : «Vous souffrez atrocement. Je vais porter avec vous cette souffrance, non par pitié, miséricorde ou condescendance, mais parce que votre épreuve est un honneur dont je vous demande la grâce d’être le témoin.» On achève un animal qui souffre. C’est une charité. Mais on honore un être humain dans la douleur, parce qu’on sait qu’il est entré dans ce qui est le vrai combat de l’homme. Son dernier combat, celui qui précède la mort et la victoire, et que nous appelons précisément l’agonie, c’est-à-dire Le Combat. « Tout homme est une histoire sacrée », et c’est au moment où le mal l’écrase si douloureusement qu’il en vient à douter de tout et particulièrement de cette vérité, qui est son honneur, que la présence d’un semblable, d’un ami, d’un frère peut soulager cette douleur dans la douleur et, sans diminuer le tourment physique, apporter, au cœur même de ce tourment, la paix de l’âme.
Le prêtre a ces paroles, mais aussi le fils, la fille, le cousin, le voisin, l’avocat, le médecin. Je n’ai rien vu de cette présence humaine auprès de cette femme abandonnée. Seuls les exploiteurs professionnels de la misère ont bavé sur les ondes et répandu leur encre sur le papier-journal."