Partager cet article

Pays : International

L’aide financière à l’Afrique empêche le développement

Dambisa Moyo, auteur de "L'aide fatale", d'origine zambienne, est diplômée de Harvard et d'Oxford. Elle a travaillé à la Banque mondiale et chez Goldman Sachs. Elle défend l'idée que l'aide à l'Afrique est en partie responsable des problèmes de développement.

A

"En Afrique, il n'est pas question de sortir de l'aide qui est perçue comme une ressource permanente par les Etats récipiendaires. Cela permet à de nombreux gouvernements africains d'abdiquer leurs responsabilités puisqu'ils savent que d'autres financeront l'éducation, la santé ou les infrastructures nécessaires au décollage économique de leur pays.

Au cours des cinquante dernières années, les pays riches ont déversé 1.000 milliards de dollars d'aide à l'Afrique. Pour quel résultat ? La croissance est moins forte et la pauvreté n'a cessé de grimper. Aujourd'hui, plus des deux tiers des Africains vivent avec moins d'un dollar par jour. L'aide des grands bailleurs de fonds, qu'il s'agisse de la Banque mondiale, des agences de développement ou encore de l'aide bilatérale, nourrit la corruption, alimente l'inflation, mine les services publics. […] Les pays africains dépendant de l'aide n'ont pas à s'inquiéter de ce que souhaite véritablement la population puisque leurs ressources dépendent d'impôts levés à l'étranger. […]

D

L'aide des pays riches n'a jamais permis de sortir un pays de la pauvreté. Elle est un obstacle au développement car elle constitue une rente au même titre que le pétrole ou d'autres matières premières

. C'est une incitation à ne rien faire pour améliorer l'environnement économique. […] Aussi longtemps que ces pays recevront de l'aide, ils n'ont aucune incitation à mettre en œuvre les réformes nécessaires.

Ne peut-on pas expliquer les difficultés du continent par la période coloniale ?

Combien de temps faudra-t-il attendre pour ne plus recourir à cette explication ? Cent ans ? Cela n'a rien à voir. La Chine, l'Inde, l'Indonésie ont été colonisés. Cela ne les empêchent pas de se développer rapidement aujourd'hui. […] La question qui se pose aujourd'hui est comment pousser les gouvernements africains à mettre en place les bonnes politiques. Il faut donc les préparer à la fin de l'aide. Les pays riches pourraient leur proposer un doublement de l'aide pendant dix ans avant d'y mettre un terme. Cela serait plus efficace que la perspective d'une aide permanente."

Partager cet article

5 commentaires

  1. à mettre en perspective avec un des premiers paragraphe de caritas in veritate (ou l’inverse, je ne sais jamais).

  2. un de mes beaux-frères a vécu trois ans en Afrique, une de mes filles un an. Arrivés pleins d’enthousiasme et de bonnes intentions ils sont rentrés en France avec deux convictions : pour que l’Afrique s’en sorte, il faut arrêter de lui envoyer de l’argent, ces envois servent essentiellement aux pays riches à s’acheter une bonne conscience à propos de ce qu’ils s’imaginent être leur responsabilité (colonianisme).

  3. Ce constat s’applique également à l’aide sociale en France : le RMI et autres RSA, par un effet de cliquet, créent des trappes à pauvres, dont ceux-ci ne peuvent plus s’extraire, ou au prix de difficultés et d’efforts personnels extrêmes.
    Le socialisme africain correspond très bien au socialisme de la redistribution français : les uns nous envoient leurs populations appauvries par l’étatisme et le socialisme corrupteurs, les autres, nous pays européens, les attirons par l’aide sociale du socialisme redistributeur et la chute démographique que cela a entraîné.
    La vraie “françafrique” est là : c’est la solidarité entre système étatistes, socialisants et corrupteurs, ainsi que les classes politiques, les fausses élites et les lobbys qui en vivent.

  4. L’actuel conseiller du Ministre de l’Immigration le dit également sans ambiguité :
    “Certains pays [africains] sont assis sur cette rente si bien que, quand tel état emprunte, il pense déjà à l’annulation de la dette. Quand il veut construire une école, il pense coopération, alors que le prix du 4×4 qui rutile inutile par centaines dans les ministères, en construirait deux.”
    http://www.liberation.fr/tribune/0101107422-sortir-des-cages-ethniques

  5. Très instructif, mais pourquoi cette photo de Cathy Guetta dans votre article ?
    [Non c’est Dambisa Moyo :
    http://www.dambisamoyo.com/
    MJ]

Publier une réponse

Nous utilisons des cookies pour vous offrir la meilleure expérience en ligne. En acceptant, vous acceptez l'utilisation de cookies conformément à notre politique de confidentialité des cookies.

Paramètres de confidentialité sauvegardés !
Paramètres de confidentialité

Lorsque vous visitez un site Web, il peut stocker ou récupérer des informations sur votre navigateur, principalement sous la forme de cookies. Contrôlez vos services de cookies personnels ici.


Le Salon Beige a choisi de n'afficher uniquement de la publicité à des sites partenaires !

Refuser tous les services
Accepter tous les services