Antoine-Marie Préaut, ancien chef du service de la conservation régionale des monuments historiques, ayant participé au sauvetage des œuvres de la cathédrale lors de son l’incendie, conditionne la réception de sa distinction dans l’Ordre national du mérite au maintien des baies actuelles dans Notre-Dame de Paris.
Il explique sur Linkedin :
Dimanche, j’ai découvert que mon nom figure parmi ceux des professionnels distingués pour leur contribution à la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Ce mérite, c’est celui de tous ceux qui ont œuvré à la sauvegarde et à la sécurisation de l’insigne monument, avant que ne soit venue l’heure de sa restauration.
Dès la nuit du 15 avril 2019, puis dans les jours et les semaines qui ont suivi, des dizaines de professionnels architectes, conservateurs, techniciens, scientifiques, compagnons, entrepreneurs, agents de la Préfecture, du C2RMF, du LRMH, du Louvre, du Mobilier national, de la DRAC ont accepté de bouleverser leur quotidien et d’associer leurs connaissances tout autant que leurs compétences pour faire en sorte que Notre-Dame ne subisse pas d’autres pertes ou dommages que ceux causés par l’incendie.
Les objets du trésor, le mobilier, les grands décors ou encore la statuaire ont été prioritairement évacués et mis à l’abri.
Mais les désordres provoqués par le sinistre menaçaient aussi l’édifice, dont les maçonneries ont dû être consolidées ou déposées.
Malgré tous les efforts de sécurisation, la stabilité des voûtes du chœur et de la nef, en partie détruites par suite de la chute de la flèche, demeurait incertaine.
Pour éviter que les vitraux, miraculeusement épargnés, ne soient détruits par la chute d’un bois de charpente, le descellement d’une pierre ou la déformation des murs gouttereaux, le choix a été fait de déposer l’ensemble des verrières hautes de la cathédrale, dans l’attente que les conditions de leur réinstallation soient réunies.
Une intervention identique aurait été menée pour les verrières basses des chapelles si leur bonne conservation avait, un seul instant, été un motif d’incertitude.
Cet engagement et cette détermination dans la sauvegarde de ce qui fait l’authenticité de l’édifice protégé, c’est l’essence de l’action du service des monuments historiques sur l’ensemble du territoire national. Telle une obligation qui nous est faite, il nous revient, chacun dans notre rôle, d’identifier les moyens de garder et de transmettre, tels des passeurs, le patrimoine dont nos prédécesseurs ou nos contemporains ont estimé que les qualités d’art et d’histoire rendent la préservation désirable.
Par respect pour l’âpre et invisible tâche de sauvegarde de la cathédrale et l’œuvre exceptionnelle de sa restauration, en soutien au travail parfois sacerdotal de ceux qui, partout en France, ont fait le serment du patrimoine, mais aussi parce que je forme le vœu d’un mérite qui ne soit pas celui du désaveu, je recevrai cette décoration avec humilité mais non sans allégresse lorsque l’incertitude qui pèse sur le devenir des vitraux épargnés de Notre-Dame aura été levée.
Loin d’être immuables, les monuments historiques, témoins de l’excellence, sont un terreau fertile pour la création. L’architecture et l’art contemporain sont pour eux l’assurance d’une pérennité dès lors qu’ils s’ajoutent et non s’y substituent.
Avant Noël, Claire Tabouret a été chargée de créer six grandes baies pour les six chapelles sud de la cathédrale. Son travail remplacera des vitraux créés par Eugène Viollet le Duc, et épargnés par l’incendie. Lorsqu’il était en charge du patrimoine au cabinet de Rima Abdul Malak, entre mars 2023 et janvier 2024, Antoine Marie Préaut faisait partie des opposants discrets au projet présidentiel.
Arwen
Merci à lui!
collinrem
Du courage, de l’honneur, de la cohérence!
Merci monsieur!