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L'Eglise : Foi

L’apologétique : un enjeu primordial

Le P. Dominique-Marie de Saint Laumer, nouveau prieur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier depuis septembre 2011, est interrogé dans La Nef. Extraits :

N"Il y a dans l’apologétique un enjeu primordial : retrouver la foi, réévangéliser notre culture, notre civilisation, parce que c’est la foi qui seule peut nous sauver. On n’insiste pas assez sur le fait que pour être sauvé il faut croire en Dieu, en Jésus-Christ, être baptisé et pratiquer cette religion qui nous ouvre les portes du Salut. Or nous vivons dans un monde difficile mais où beaucoup de choses peuvent aider notre foi, et c’est le domaine de l’apologétique : montrer que les connaissances scientifiques actuelles sont loin d’être contradictoires avec la foi catholique, et que celle-ci s’enracine dans la raison.

Je pense qu’on ne met pas assez en lumière la solidité de notre foi, ce qui la rend profondément crédible par rapport aux autres religions. Cette solidité lui permet une véritable ouverture : l’Église nous encourage à creuser toutes les questions alors que l’islam, par exemple, est une religion fidéiste dans le sens où il faut croire au Coran sans se poser de questions.

Lors de nos divers apostolats, nous abordons souvent le thème des rapports entre la raison, les sciences modernes et la foi. Nous sommes plusieurs Frères, dans la communauté, à avoir une bonne formation scientifique et nous essayons de montrer comment les découvertes scientifiques modernes font progresser la connaissance philosophique. Il est important, aussi, de bien voir le statut de chaque domaine de connaissance. Bien souvent, les objections contre la foi venant de scientifiques sont en fait mal construites, mal posées car elles ne restent pas sur le plan scientifique, mais passent au niveau philosophique sans qu’on s’en rende compte, dans une confusion très regrettable.

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11 commentaires

  1. Merci pour cet extrait revigorant, dans le droit fil de la tradition intellectuelle chrétienne née au XIIe siècle.
    Il faut lire et relire Jean Gimpel pour comprendre à quel point, dans cette tradition de 800 ans qui a guidé nos pas et le développement de l’Occident, foi et science se complètent.
    “La société médiévale s’enthousiasma pour la mécanisation et la recherche technique, car elle croyait fermement au progrès, un concept que le monde antique ignora. En général, les hommes du Moyen Age refusèrent de respecter les traditions qui auraient pu freiner leur élan créateur, et Gilbert de Tournai écrivait : “Jamais nous ne trouverons la vérité si nous nous contentons de ce qui est déjà trouvé…. Ceux qui écrivent avant nous ne sont pas des seigneurs mais des guides. La vérité est ouverte à tous, elle n’a pas encore été possédée tout entière.” Et Bernard, maître de l’école épiscopale de Chartres, écrivait : “Nous sommes des nains juchés sur des épaules de géants. Nous voyons ainsi davantage et plus loin qu’eux, non parce que notre vue est plus aigüe ou notre taille plus haute, mais parce qu’ils nous portent en l’air et nous élèvent de toute leur hauteur gigantesque.”
    L’attitude d’un Gilbert de Tournai et d’un Bernard de Chartres amena les hommes de cette époque à envisager les inventions comme une chose normale et à accepter l’idée qu’il y aurait toujours dans l’avenir de nouvelles inventions.”
    La révolution industrielle du Moyen Age, éd. du Seuil, Points Histoire p. 141
    Tout est dit dans ces quelques lignes : pour ces hommes de foi, le progrès technique n’était que la découverte progressive et émerveillée de la complexité de la création divine du monde. Pour eux, chaque nouvelle invention n’était que la découverte par l’homme d’un mécanisme inventé et créé par Dieu.
    C’est d’ailleurs pourquoi les connaissances et techniques étaient concentrées dans les monastères qui, outre des lieux de culte, servaient aussi de “zones industrielles”, d’hôpitaux et d’écoles de transmission du savoir. Le tout-en-un, inventé 8 siècles avant l’ère des grandes surfaces !

  2. “les connaissances scientifiques actuelles sont loin d’être contradictoires avec la foi catholique, et que celle-ci s’enracine dans la raison.” NON la foi ne s’enracine pas dans la raison mais en Dieu, créateur de la raison, ce qui a pur conséquence que celle-ci ne peut jamais être contraire à la foi.

  3. Il y a quelques années, les Légionnaires du Christ proposaient, dans le cadre du CEFID, d’excellents cours par correspondance à l’apologétique chrétienne, avec suivi par des gens compétents et la composition d’un mémoire. Si cela existe encore, je les recommande sans hésiter.

  4. L’alignement de tant d’intellectuels catholiques sur la prétendue suffisance du darwinisme – expliquant par le “hasard trié” les innovations évolutives des plans d’organisation des êtres vivants sur des centaines de millions d’années (ce qui est un fait prouvé) est, du point de vue de l’apologétique, une catastrophe.
    L’exubérance de la vie, ne chante plus la gloire du Créateur, mais fredonne les coups de pot du hasard et la persévérance de la “machine” sélection naturelle!
    Ce panurgisme idéologique frelaté s’étend malheureusement, de l’Université Pontificale, à la Grégorienne et à l’Opus Dei, du Collège des Bernardins, aux “Scientifiques chrétiens”, à l’IPC (en la personne d’E. Brochier) et aux aumôneries des grandes Écoles (dont Polytechnique) et des lycées (y compris sous contrat)…
    Quant aux “créationnistes en 6 jours”, c’est le symétrique: beaucoup de foi et de bonne volonté mais une ignorance totale de la réalité scientifique, d’où des argumentaires dérisoires, lesquels permettent aux rationalistes athées de ridiculiser à peu de frais, l’ensemble des croyants…

  5. Je n’ai pas ce pouvoir d’écrire de cette façon hautement intellectuelle,et sans doute très juste..Je pense simplement que ceux qui ont le bonheur d’avoir une foi solide transmise par leur parents ont l’obligation du partage avec ceux qui n’ont jamais rien reçu. Nous vivons une époque épouvantable qui dégringole tous les jours un peu ples. La plupart des gens n’ont rien reçu.C’est donc à nous de supplier le Seigneur de nous faire rencontrer ceux qui ont besoin d’en parler.IL écoute et IL entend cette demande et IL nous confie celui ou celle qu’IL nous fait rencontrer et l’Esprit Saint nous souffle les paroles qui conviennent.Tous les jours nous sommes à même de rencontrer la personne désignée. Essayez et vous verrez.Car ces gens là ne savent pas à qui s’adresser en général. Pour réponse au sujet de l’armée du diable que vous évoquée, il faudra la résistance de tous si nous vivons cela bientôt en France. Résistance est un mot bien français qui a peut être ??????laissé des traces. Mais la foi seule est notre étoile le reste bien qu’appréciable bien entendu, est secondaire et nous avons l’obligation de la partager. Le Seigneur fera le reste.

  6. Il faut se rappeler une chose c’est qu’il est parfaitement déraisonnable de ne pas croire à Dieu qui se révèle, c’est même la source de tous les maux ici-bas.

  7. @exupery: “Ce panurgisme idéologique frelaté s’étend malheureusement, de l’Université Pontificale, à la Grégorienne et à l’Opus Dei, du Collège des Bernardins, aux “Scientifiques chrétiens”, à l’IPC (en la personne d’E. Brochier) et aux aumôneries…”
    Vous accusez pêle mêle de nombreuses écoles, et nommément l’IPC en la personne de Mr Brochier, pourriez-vous être plus précis?? L’IPC enseigne avec fidélité la philosophie réaliste, et travaille avec précision aux liens entre foi et raison; peu d’enseignant maitrisent, comme Mr Brochier, à la fois la philosophie de St Thomas, et les théories scientifiques les plus récentes, je suis surprise de cette mise en cause.

  8. Souvent la plupart des problèmes des dialogues sciences & foi viennent effectivement des catégories mal posées.
    L’exemple épistémologique le plus criant est, évidemment, la question de l’évolution du vivant. Les biologistes ont, dans leur discours, tendance à confondre la théorie, le modèle et le principe. De l’autre, certains fidèles hurlent au loup et voient dans la moindre faiblesse des données sinon de leur interprétation une disqualification immédiate du discours scientifique.
    En réalité, la question évolutionniste est d’une banalité affligeante. Oui, le vivant, comme partie de l’univers et soumis aux trois principes thermodynamiques: conservation, évolution et non-équilibre. Comme leur nom l’indique, ces principes sont souverains!
    Ce changement perpétuel du vivant peut être expliqué par un certain nombres de théorie qui s’exprime dans des modèles formels. Ces modèles prennent en compte des phénomènes mais non pas tous. Leur véracité dépend donc de l’exhaustivité des cas qu’ils prennent positivement en compte.
    En d’autres termes, il faut en revenir à l’humilité: non, il n’y aura jamais de théorie complète et définitive de l’évolution mais différents modèles dynamiques ouverts possibles. Ce qui reste commun, c’est l’idée que la biosphère n’est pas figée mais un ensemble de systèmes complexes en interaction.
    En conséquence, le débat scientifique ne sera jamais clos et ça, c’est une bonne nouvelle.

  9. @ odette de Lannoy,
    dans notre pays, il y a une église par village et plusieurs dans les villes, des journaux paroissiaux sont distribués dans toutes les boîtes aux lettres, des livres et des films sur Jésus,on voit des prêtres, des religieuses, des évêques, des cardinaux et même le pape s’exprimer à la télévision, l’Eglise est bien visible. La personne qui est attirée par la religion chrétienne est tout-à fait capable de pousser la porte d’une église ou d’un presbytère, beaucoup le font, ils n’ont pas besoin qu’on aille leur prendre la main comme s’ils étaient des petits enfants, je pense même que cela les ferait plutôt fuir.
    Il ne faut pas oublier l’action de l’Esprit Saint dans le monde et dans tout homme; c’est une bonne chose d’ouvrir les églises en-dehors des heures de messe pour que ceux qui ne connaissent pas Dieu,Jésus, Marie et les saints puissent faire l’expérience par eux-mêmes de leur présence, de leur aide et de leur amour.
    Mais je suis d’accord avec vous que l’Esprit Saint peut nous utiliser pour amener quelqu’un vers Jésus.
    Ceux qui ne s’intéressent pas à Dieu et à Jésus, soit ne sont pas encore “mûrs” pour la rencontre de l’Amour, soit ont “le coeur endurci”.

  10. @ CV à propos de l’IPC et du darwinisme.
    Hélas oui, cela concerne effectivement l’ IPC (que je respecte, par ailleurs, comme institution catholique et pour l’avoir fréquenté). Mais me voilà contraint de mettre les points sur les “i”.
    Extraits de la conférence sur l’Évolution faite par Emmanuel Brochier à l’IPC le 20 mars 2007 à partir de 20h.30. et intitulée : ” Evolution ou création, doit-on choisir ?” (j’y étais):
    – “La thèse que je voudrais défendre, c’est qu’il faut choisir Darwin et non la création.”
    – “Il faut choisir Darwin parce qu’on ne fait pas de la philosophie ou de la théologie contre la science de son temps” (là, je me suis dit: “heureusement qu’il n’est pas né dans la Russie stalinienne!”
    – “Il faut pouvoir être reconnu, s’il n’y a pas de reconnaissance, il n’y a pas de valeur” (question de hiérarchie des valeurs… Mais effectivement critiquer la suffisance du darwinisme est suicidaire à notre époque)
    De nombreux ex-étudiants, choqués, ont protesté à la fin de la conférence.
    Je pourrais apporter des preuves similaires, pour tous les autres organismes catholiques que j’ai évoqué, je pourrais même (à regret) rajouter les errances apportées par Dominique Lambert (des Bernardins) dans le cadre du très sérieux Philanthropos à Fribourg, créé par l’éminemment respectable Père Nicolas Buttet (mais il ne peut pas contrôler intégralement le devenir de tous ses enfants…)

  11. @exupery. : les trois propos que vous rapportez de cette conférence d’Emmanuel Brochier de l’IPC sont affligeants.
    L’erreur dans ce domaine se comprend aisement en raison de la pression ideologique et sociale, du contexte positiviste, de la force apparente des raisonnements simplistes que proposent les darwiniens pour ‘expliquer’ la vie et la macro-évolution, et du repoussoir que constitue l’interpretation littérale des textes par les fondamentalistes protestants.
    S’eloigner d’une pensee catholique dans ce domaine a pourtant des conséquences graves :
    – frein à la louange et la contemplation, auxquelles la nature conduit lorsqu’on entrevoit l’action du créateur et de ses anges
    – difficulté à entendre Dieu exprimer son amour et sa volonté à travers la création (par exemple au sujet de la nature humaine)
    – séduction des idéologies qui font de la nature un dieu ou une force mystique obscure
    – obstacle à la conversion de beaucoup

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