Maître de conférences à l’ICES (Institut catholique d’études supérieures), Guillaume Bernard vient de signer un ouvrage capital : La guerre à droite aura bien lieu, le mouvement dextrogyre (éd. Desclée de Brouwer). Il répond à Louis Lorphelin dans Présent :
"[…] La guerre est triple. Elle est d’abord un affrontement électoral entre les différents partis classés à droite. C’est l’aspect le plus superficiel. Elle est, ensuite et surtout, une guerre culturelle entre deux positions inconciliables, les philosophies classique (défendue par la droite ontologique) et moderne (qui rassemble la droite de situation et la gauche). Elle est, enfin, une lutte entre la base (électeurs et militants) et les directions des partis. Les premiers aspirent à une recomposition du spectre politique selon des clivages doctrinaux clairs. Les seconds freinent des quatre fers pour défendre leurs intérêts organisationnels. La ligne de fracture entre les classiques et les modernes ne passe pas entre les partis mais en leur sein, la proportion des deux orientations étant cependant différente en fonction des partis. […]
Quand selon vous l’affrontement idéologique aura-t-il lieu ?
Il a déjà commencé ! Et il risque d’être assez long, car il s’agit d’une guerre de reconquête des esprits. Il y a cependant de réelles raisons d’espérer. Car, sans qu’ils en soient encore conscients, une grande partie des Français sont en fait classiques […].
L’aspiration du peuple de droite à un décloisonnement et une recomposition du spectre politique est profonde. L’émergence de la DHLM [droite « hors-les-murs »] suppose trois conditions. D’abord, elle doit faire le pont entre le FN et LR, ne pas se contenter d’exister entre eux, mais être un instrument de rassemblement sur un programme commun. Ensuite, cela suppose qu’au moins l’un des deux partis évoqués connaisse une crise interne conduisant sinon à une scission d’ampleur du moins à une hémorragie de cadres et d’élus. Au FN, cela est possible si la campagne présidentielle ne donnait pas les résultats escomptés. Chez LR, cela pourrait advenir si le candidat désigné par la primaire était trop excentré par rapport à la base des militants. Enfin, il est certain que la DHLM a besoin d’être incarnée par des personnalités complémentaires mues par le bien commun et non par leur seul ego."