Spécialiste du premier XIXe siècle et de la Restauration, Michel Bernard Cartron vient de publier une biographie du fils de Charles X, La vie brisée du duc de Berry. Charles-Ferdinand d’Artois, né à Versailles le 24 janvier 1778 est mort assassiné par un bonapartiste à Paris le 14 février 1820, à sa sortie de l’opéra. Il est le fils de Charles X et de Marie-Thérèse de Savoie. Il était jeune, il aimait la vie et un peu trop les femmes. Charles Ferdinand d’Artois, duc de Berry, incarnait l’espoir de la monarchie restaurée. Bien qu’ultra, l’auteur n’évoque pas sa proximité avec la franc-maçonnerie. Sa vie légère, polygame, alors que la France sort essorée des guerres révolutionnaires et napoléoniennes, souligne le décalage entre les héritiers de saint Louis et Louis XIV et la Révolution.
Louis XVIII n’avait pas de descendant. Charles X a eu deux fils, dont l’aîné, le duc d’Angoulême n’avait pas non plus d’héritier. Le duc de Berry a eu 4 enfants, dont deux sont morts en bas âge. A sa mort, son épouse Marie-Caroline de Bourbon-Sicile est enceinte d’un fils, « l’enfant du miracle » , qui deviendra le Comte de Chambord, l’espoir de la monarchie française. À sa mort en 1883, la République aura triomphé en France.
L’assassinat du duc de Berry signe la fin de la politique d’apaisement initiée par Louis XVIII. La volonté de réconcilier les traditions monarchistes et l’idéologie révolutionnaire fait place à deux blocs opposés : les royalistes et les libéraux et, dans le pays, comme l’a redouté le roi, deux peuples ennemis en proie aux haines fratricides. Pour ces raisons, le 14 février 1820 a généré dans l’histoire de la Restauration et même au-delà une ligne de fracture qui ne sera sans doute jamais résorbée.